Une semaine que ce daubeur de temps me fait la gueule. Parce qu'ici, c'est comme une vie au ralenti. J'en avais presque oublié à quel point le temps file moins vite qu'à Paris. Je ne m'en rappelais plus vraiment. Et ce sont presque les premières vacances que je passe dans ma Province. Depuis. C'était quinze jours entiers, et ça ne fait déjà plus qu'une semaine. J'ai rangé mes affaires directement dans la valise, pour ne pas à avoir à ouvrir mon armoire. Mes lectures prévues pour ces vacances sont restées dans le sac de la Fnac. J'aurai dû sortir la guitare de son revêtement. J'aurai dû décortiquer des tablatures de Raphaël, et essayer de chanter sur les cordes du bout des doigts. Je dois trouver une fac, inscrire les dates d'audition sur mon agenda que j'ai oublié là-bas. Mais il me manque le soleil sur les paumes pour le faire.
On est arrivé à l'angle de la rue avec Vi., devant le Mont. Et puis, Laurent m'a tapé deux bises sur les joues. J'ai vu ses yeux m'occulter de haut en bas et puis en haut. Et puis Benoît nous a lancé un sourire et un "Salut, ça faisait longtemps". J'ai demandé comme ça allait, les cours, le reste aussi. Des formalités aveuglantes. Et puis surprendre le regard de Laurent sur moi [encore], sur mes bottes que j'ai troqué contre des baskets fines, mes yeux plus noirs qu'avant, mes cheveux qui tombent plus convenablement. Tous ces collégiens qui se bousculent pour sortir le plus vite possible de la petite grille. Et les lycéens, devant le bahut, l’odeur du tabac qui s’incruste sur leurs doigts tachés d’encre bleue, ou noire pour ceux qui osent. Les mines blasées. Sûrement comme nous l'année dernière. Et puis on a traversé ce qu'on appelait l'aquarium. J'ai senti des yeux sombres posés sur moi. Ceux qui m'épiaient. Que je connaissais ou même pas. Et je ne savais pas pourquoi. Peut-être cette espèce d'assurance qui ressortait de ma démarche. On était petit enfin de compte au lycée. Ce n'était rien. On a traversé la grande cour, et moi je me cachais sous mon manteau. On s'est pointé devant le CDI. J'ai reconnu difficilement un ancien prof d'histoire qui ne m'a pas marqué plus que ça. Et puis, on est arrivé dans le bâtiment lycée. Des bises et des "Qu'est-ce que tu fais là?! On se voit la semaine prochaine?". Les marches du premier étage toujours aussi peuplées par les retardataires. Et le couloir où étaient inscrits les résultats du bac blanc. Pas celui que je n’avais quasiment pas révisé à cause de. Pas cette fête d'anniversaire catastrophique. Pas ces baisers volés dans la voiture de R. Hugues nous a fait des sourires depuis la salle de cours. Et j'ai vu à travers les vitres un peu troublées qu'il soufflait en baissant les yeux sur son interro de grec. Peut-être sur un des textes de l'année dernière. Ceux qui m'ont fait vomir le jour de l'oral. Et puis on est ressorti, la pluie commençait à tomber sur nos derniers mouvements lycéens. J'ai reglissé les mains dans mes poches. On a continué vers le même chemin qu'on prenait pour le retour. Et sur le pont, le vent soufflait fort à travers nos manteaux. Le parapluie dans les mains. Et moi, j’avais les yeux dans le vague.
Commentaires :
Re:
Pour moi c'est déjà bientôt fini, tout ça. Du mal à réaliser que. Déjà.
Re:
Peut-être que c'est le même lycée. Mais chez moi, il n'y a pas de neige. Alors. Quelque part, ça rend presque triste cette nostalgie, de se souvenir de ce genre d'habitude qu'on prend. Tu réaliseras tôt ou tard. Mais je n'espère pas si tard que ça. Parce qu'après... on s'en veut presque.
Et devant nous,il y aura cette odeur de rentrée... et le temps perdu qu'il faudra que je retrouve. Parce que je commence à savoir où s'arrêtera l'itininéraire de ma vie...
Pose-toi. Rien qu'une ou deux heures. Le matin par exemple. Après le ptit déj et la douche. On a encore les idées claires. Et fais ton planning. Et pour moi, Raphael, c'est mort... Du coup, je crois bien que le 27 va tombner en plein dans mes partiels... :( Je saurais bientôt mais bon... ;)
Le lycée t'a rouvert ses portes. Et çà t'as pas fait bizarre d'y remettre les pieds? Cà me paraissait tellement loin moi... et en même temps...
Des BzOo tOo dOo mamzel Lu.