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Dimanche (01/11/20)
Et dans l'émotion.
Et dans l'émotion.

Il y avait quelque chose fort en nouS. Tu as gardé ce truc de la bohème que je n'ai plus – et qui me manque si souvent. La preuve : je fous des tirets désormais en guise de ponctuation de prédilection.
Tu as ce truc de vivant toi (je voulais balancer ton prénom mais t'es trop connu ici). J'écris, je pense à toi, parce que je t'ai lu tout à l'heure. Ça m'a brisé d'un coup. T'es fort, t'es très fort. Tu as toujours les mêmes mots pour parler de tes filles, des meufs de ta vie, de celles que tu croises dans les bars ou des autres, de celles-là qui partagent ton lit. Et ta vie. Moi, je n'ai plus les mots.

Je bois un Bourgogne Aligoté assez mauvais dans une coupe de champagne. Je me force presque à boire comme avant pour taper ces lignes, c'est d'une tristesse. J'essaie de faire venir, tu vois ?

Tu parles de tes amoureuses d'une manières si pure. Un jour, il y a quelques années déjà, tu m'as dit que je n'avais pas changé, que j'étais toujours elle "passionnée par les rêves". C'est toi, c'est toi qui n'as pas changé. Tu relèves ces mecs de la radio qui parlent de sentiments purs, quasi ado. Je ne comprends pas ce que j'ai voulu dire. Je ne comprends pas cette phrase. Tant pis. Le moment. Enfin si, cette chronique, tu dois voir de quoi je parle.

À 30 ans, même si tu n'as pas encore d'enfant, la vie a changé. Elle ne te permet plus autant de souffle et de liberté. Tu es pris dans cette espèce de quotidien morose. Quand tu veux boire des coups, tu dois au moins le prévoir 3 jours à l'avance. Je me souviens de ce verre aux Arts et Métiers. On avait raté notre coup. C'est bête. J'aimais tellement notre amitié. Entendons-nous, c'est toi qui ressors ce soir parce que j'écris ici, mais je pense aussi à d'autres.

J'ai la sensation de voir double. Je t'ai pris pour "prétexte", ou pour inspiration plutôt, mais c'est à un autre auquel je pense. Si fort. C'était fou, c'était jeune, c'était nous et la vie et le monde et le passé surtout. Je pense à d'autres, une sorte de packaging du passé qui revient en pleine poire sans prévenir. Chacun avait son truc. Il y avait aussi ce mec blond dont l'appartement faisait chanter les attentats dans la nuit, la seule nuit.

C'est fou ce que je me manque au fond.

Je pense à M., je me relis.

Et j'aimerais que toi, celui dont on ne dit plus le nom ici, tu me donnes ton truc, si beau, quand tu écris. Tu avais – as ? – d'importance plus que ça.

L'écriture automatique n'a d’automatique que mes doigts.

Ecrit par lilou, à 01:24 dans la rubrique Au jour le jour.
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Jeudi (26/10/17)
Ecrire. C'était quelque chose d'infiniment salvateur il y a quelques années.
Aujourd'hui, re-lire est une torture. Je retrouve les vieux démons de mon adolescence, le manque de confiance en soi, la peur de l'échec qui tétanise, l'impression de ne pouvoir rien réussir et de ne faire moins que rien.
Ecrire était un exutoire, même si c'était mal fait.
Je ne me suis jamais sentie comme aujourd'hui. Souvent, j'ai cru que j'étais une imposture. Aujourd'hui, il n'est pas question de cela. Je ne cache même pas mon incompétence.
Je crois qu'il y a la vie autour. Mais je ne la vois pas. Je n'arrive pas à répondre aux messages de ceux qui ne mesurent pas l'effort que l'on vient d'accomplir.
Je ne suis plus celle que j'étais. Et en même temps, tout me revient. Comme si rien n'avait changé, comme si je n'avais pas avancé. Comme si la vie que j'avais construite ces dernières années n'étaient plus ma vie, comme si elle avait disparu lorsque j'ai dû envoyer ce manuscrit.
Il n'y a plus rien. Un grand vide. La suite présage un grand vide.
Je me sens noyée dans ce que je n'ai pas réussi.
Ecrit par lilou, à 15:01 dans la rubrique Au jour le jour.
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Vendredi (17/03/17)
C'est fou comme certains jours les choses n'avancent pas. On devrait se dire que c'est bientôt fini, qu'il faut donner cinq mois de coups de cravache. Mais non. On est fatigué, on tourne tout ce qu'on peut dans le lit la nuit. Pas reposante. On se réveille en bouffant la même angoisse chaque jour. Il faut que ça se termine. Il faut que ça se termine.
Dans la chambre, les draps sont encore bleus mais toi tu voudrais que la nuit passe au vert.
Rie d'autre que l'ennui.
Ecrit par lilou, à 15:18 dans la rubrique Au jour le jour.
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Mardi (06/12/16)
Conjugaison
Décembre. Comme la vie passe. Comme l'année est passée d'une traite. C'est indécent. J'ai toujours trouvé indécent le temps qui passait trop vite. Avant même que nos têtes ne soient relevées.

Mon temps à moi n'avance pas. Mon travail est au point mort, j'ai beaucoup trop de pages mais pas assez pour rendre une recherche terminée. Il y a encore des mois de travail et je dois m'y mettre sérieusement, comme cet été, rien d'autre en tête, des allers-retours bibliothèque.

Et puis il y a D. depuis deux mois maintenant, ses appels tous les jours à distance. Ma peur que tout s'arrête du jour au lendemain. Je n'ai pas confiance, je n'ai pas appris la confiance. Mais cela viendra, avec lui, je pense que cela pourrait venir.

M. me fait un mal de chien. Même notre amitié ne peut pas se jouer. En attendant, je lis de mieux en mieux de droite à gauche. Et je suis même capable de conjuguer au passé de droite à gauche. Mais cela tend peut-être à devenir un signe.
Ecrit par lilou, à 15:14 dans la rubrique Au jour le jour.
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Dimanche (31/07/16)
Caravane
Les choses s'empilent, les moments de stress, les raisons du stress aussi. 
J'ai l'impression de ne pas en sortir, d'en être prisonnière. Et la vie avant toi. 
J'attends des réponses, ce n'est qu'une histoire de déconstruction au fond parce qu'on sait bien que ce serait trop beau pour être vrai. 

Nous passons l'été devant la fenêtre du jardin. Les moments d'ouverture sont courts, beaucoup trop courts, on les cherche, on les attend, les espère. On nous répète qu'il faut s'octroyer des moments de pause. Mais la vie avant toi. 

Tu fais partie de mes moments d'angoisse. Je rêve toujours de toi. Et à vrai dire, tu m'empêches de revenir à la vie. Mon inconscient refuse de me couper de toi, du moment du rêve, refuse que je revienne à la surface. 
Il parait qu'on n'en sortira pas vivant. De toute façon. Alors je me réveille, les yeux perdus au ciel. Et je me demande ce que tu foutais bien là, encore une fois, à m'empêcher de faire ce que je devrais faire au plus vite. C'est toujours une histoire d'attachement qui se joue par delà le sommeil. Ce matin, je dors les yeux ouverts.
Ecrit par lilou, à 12:21 dans la rubrique Au jour le jour.
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Mardi (19/04/16)
Avril
Avril refuse le printemps. On se met toujours à parler du temps qu'il fait lorsque l'on a envie d'écrire mais qu'on ne sait pas quoi écrire. Ou plutôt, qu'on ne sait pas par quoi commencer, quelle ficelle tirer, quelle histoire développer.
Cet appartement de la place de la Bastille me sort par les yeux. Je suis sur les sites de déco mais je me projette dans un changement. Géographique, et donc de vie. Balayer les souvenirs, ranger les photos qui trainent depuis des années sur le bureau en bois sombre. J'aspire à une vie couleur de miel désormais. Un élan, ce changement, je l'attends comme une toxico. J'ai besoin de reprendre. A zéro presque. Bientôt, je ne zonerai plus dans les couloirs de la Fac pour donner cours à ces étudiants à peine sortis de l'adolescence, chahuteurs du dimanche, et qui finalement me disent qu'on ne vous oubliera pas Madame. J'ai besoin de faire des cartons, de ranger ces photos une bonne fois pour toute et ne plus les ressortir. Je n'en suis pas capable parce que je l'aime. Toujours et malgré tout. Malgré tout ce bordel sentimental, je l'aime. Je le dis de droite à gauche que je l'aime.
Ecrit par lilou, à 01:04 dans la rubrique Au jour le jour.
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Jeudi (31/12/15)
Hâte
Comme nous sommes devenus des étrangers.
Je n'en peux plus de ton absence. Ou de ta présence dans ma tête, c'est au choix.
A l'approche du réveillon, que je ne fêterai pas ou pas vraiment, je pense tellement à toi. Si fort. Je me demande chaque minute si tu vas m'envoyer un mail après sh*bb*t pour me souhaiter une bonne année.
Si tu savais comme j'attends 2016. 2015 était une épreuve de chaque instant. Charlie ; ta venue en janvier/février ; les nuits sans toi à te savoir avec elle ; le shouk ; les épices, les dates, Isr**l pour la quatrième fois. Cet air quand je sors de l'avion, quand je pose un premier pas dehors, cet air qui me ressemble tant. Et puis notre dispute avant l'avion, vomir comme toujours avant le chek-in, notre au revoir. Ton mariage le jour de l’enterrement. Et les attentats. Alors de nouveau ta voix inquiète. Replonger, tête la première. Rien en change, tout se bouleverse. Je suis tellement rien.
Je suis restée claustrée. Aujourd’hui encore, les bruits me font peur.

2015 était décevante, dévastatrice, mal aimée.
Je n’ai qu’à souhaiter de la douceur pour 2016. J’ai hâte.

***

De jour en jour, la pression m’envahit. Les partiels à préparer, les copies à corriger, les lectures à faire, les cours du 2e semestre à préparer. Et puis cette thèse qui n’avance pas parce qu’où trouver le temps ? C’est la pression de l’urgence. Oui mais cette fois, il ne s’agit pas de la ressentir pendant une ou deux semaines, il s’agit d’un an dans le meilleur des cas.
De la douceur et de la force, voilà ce qu’on se souhaitera pour 2016.

Ecrit par lilou, à 16:04 dans la rubrique Au jour le jour.
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Samedi (22/08/15)
Sans titre.
Des fois je n'ai pas la force. Aller jusqu'à la salle de bain, se préparer pour aller au lit. Seule. Répéter les mêmes gestes au quotidien, dans un silence sans fin. Ne rien partager. Il y a plein d'insectes qui volent dans mon appartement cet été. Il n'y a qu'eux. Et ils me dégoûtent.
L'autre soir je me suis demandée si j'allais réussir à m'endormir ou si je devais aller aux urgences. Il n'y avait personne pour moi. Personne à qui raconter.

Je le protège de mes soirées de chiale.

Ecrit par lilou, à 22:13 dans la rubrique Au jour le jour.
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Samedi (02/05/15)
Il n'avait rien perdu de sa jeunesse. Il a perdu mon amour, mais rien de sa jeunesse.  Nous buvions de l'alcool en pleine après-midi et se racontions - moi surtout - les souvenirs de nos vingt ans : le sdf dans la rue et les 3 as tirés dans le jeu, nos premiers mots, le premier baiser, les grains de beauté et les formes géométriques que je faisais sur sa peau, en fait non qu'il faisait sur la mienne, les soirées Naz, les bananes qu'il mangeait dans la nuit, ses retards le soir, son haleine alcoolisée, son corps fin, son corps toujours aussi sec aujourd'hui. Sa beauté. Intérieure d'abord, extérieure ensuite. Il m'a dit que c'était faux, que j'avais compté pour lui, que cela avait été de bons moments.

Nous avons ri. Je me souvenais de tellement de choses, il était doucement impressionné. Nos corps ne se sont pas retrouvés. 

Il m'a joué Schubert et Chopin au piano. Il était beau et tendre. Il était à l'arrache comme avant. Les pléiades de sa bibliothèque. 


Je crois que nous ne nous reverrons pas.

Ecrit par lilou, à 22:52 dans la rubrique Au jour le jour.
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Jeudi (16/04/15)
Huit ans
Mardi 14 avril 2015
Bientôt huit ans que je vis dans ce 22m2 de la place de la Bastille et c'est la première fois que je fais cette balade verte au-dessus du métro. Dimanche, jour de grand soleil, réveil de gueule de bois et appartement en pagaille. Vie en pagaille, fringues en pagaille sur le sol. Je me promène avec la veste grise qui appartenait à ma mère, nous discutons de télévision et de banalités peut-être aussi. Le printemps revient à nous et nous avons bien failli ne pas tenir au début de 2015. Il y a tant de mouvements sombres depuis janvier. Mais ce dimanche, alors que les promeneurs ne pensent pas au lundi et que les poussettes sont de sorties - beaucoup de promeneurs et beaucoup de poussettes -, je suis attirée par cette voix qui demande si la gare de Lyon est bien par là, je suis attirée par ce garçon à la veste en cuir noire et aux lunettes de soleil. Noires. Je suis attirée par cette voix étirée. Je regarde, je l'écoute. Je suis attirée par le passé, la nostalgie d'avoir cru aimer. Je suis attirée par Clément. Huit ans plus tard, il donne toujours l'impression d'avoir trop bu et trop fumé la veille. Moi qui d'habitude ne sors jamais sans que mes cheveux ne tombent sur les épaules et sans les yeux maquillés, il me retrouve les cheveux tirés et les cernes visibles. Comme lorsque je dansais. Les choses ont-elle réellement changées ? On sait que oui. Il y a huit ans, je n'étais que très peu moi. Il y a huit ans, il n'avait pas cet air si assuré. Donc. Les choses ont-elles réellement changées ?

Ecrit par lilou, à 22:56 dans la rubrique Au jour le jour.
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