"Voir la musique, écouter la Danse" [Georges Balanchine]
La répète du mercredi 28 décembre 2005
La "leçon du jour" sera de tirer l'épaule vers le pied opposé quand on fait nos attitudes sur demi-pointe ras du sol... J'ai essayé, cette impression que Lidy (ma prof de Danse) est toujours plus dure avec moi. Cette impression que ce que je Danse ne me contente pas, que je n'interprète pas, que techniquement c'est bof, et que le mon trio, tête, corps et Danse ne fonctionne pas ou plus.
Mes yeux pèsent contre mes paupières. Mon corps est las. Mes mains n'ont pas envie. Quand il n'y a pas de musique en bruit de fond, je m'sens vide.
Et puis on a commencé à créer réellement. On a d'adord découpé la musique. Et toutes les quatres, on se demandait. Binaire ou ternaire? Puis, Arabelle et moi avons tenté le découpage, moi j'ai dessiné des bâtons de "fois 8", elle notait un peu différement. Les deux autres filles n'ont écrit que Binaire, en haut au milieu de leur feuille à carreau. Et puis, il a fallu une deuxième écoute. Parce que. Puis j'ai eu tout bon. J'avais l'impression de me retrouver sur les bancs de classe, en interrogation écrite. 6 mois que je n'en ai plus eu. Sauf que là, nous étions allongées à même le sol. Des stylos qui n'écrivent qu'à moitié dans la bouche, nos chaussettes usées par la colophane, et nos justaucorps trempés qui se reposent un peu.
Donner nos corps à l'afro. Respecter les concignes. Reproduire le thème de l'hiver en dansant... Une tâche à laquelle nous n'aboutiront même pas. Et ça me déçois. Je me déçois. Pas elles. Juste moi.
Aujourd'hui, je me suis presque retenue au mur de l'école primaire, la neige avait gelé. Je suis arrivée en retard à la répète. Première fois depuis le début de la semaine. Ma tête en l'air. J'ai essayé de faire les exercices de préchauffement sans trop me prendre la tête, juste en soufflant fort par la bouche. Ma cheville me tire de plus en plus, et pourtant il faut réussir à monter sur nos demi-pointes, placer nos tours attitudes, deux coup de tête pour deux tours, au moins. Garder la hauteur de la jambe. Et je suis fatiguée. Les recommencer, à droite et à gauche des dizaines de fois. *J'ai [enfin] des nouvelles d'Antonin depuis quelques semaines. Avant le cours, j'ai eu une brève conversation sur msn avec lui. Pendant le strech, j'ai voulu m'étirer, me faire mal, et pour oublier la douleur des articulations, j'ai imaginer les baisers de cet été. Bien plus, je nous pensais sous des draps légers et ses mains tendres. * Lidy nous a parlé de son travail en compagnie, avant. Et tandis que les autres soufflaient et grimaçaient rien qu'à ententre les heures de nettoyage (que Charlotte a appeler naïvement décrassage), moi j'étais admirative : recommencer jusqu'à ne plus sentir les heures de répètitions dans les muscles. Nettoyer chacune des phrases musicales dans les parties d'ensemble. J'en rêve. Alors, ne dites pas "je ne pourrais pas". Ou plutôt si. Moi je suis passionnée.
Le premier compliment de Lidy arrivera cet après-midi vers 18h15. Après 3h15 de répète. Après une semaine de création, après des heures de cours, après plusieurs spectacles, après des stages. Après un an de travail, de technique, de sueur, de découragement [parfois], de victoire personnelle et de satisfaction commune au Jeune Ballet. Le 28 décembre. "Je suis contente". On l'a même écrit sur le calendrier des vestiaires... "Bien plus qu'une prof, c'est un coatch"! Parce qu'en peu de temps, on a toute créée notre solo, on a tout accordé, on a Dansé le Printemps. Mais moi e ne suis pas contente de ce que j'ai chorégraphié, ça a été trop vite, aucune cohérence, je n'ai pas assez réfléchis, je n'ai eu assez de temps.
Ce soir, mes parents et moi avons pris l'apéro chez les parents de Lidy. Histoire de continuer à Danser devant un verre. Arabelle était là. On a rit. On a admiré la maison décorée en l'honneur de Noël. On a critiqué les hommes politiques de notre ville. On a découvert les histoires de chacun des protagonistes de la collection d'éléphants qui prend la poussière sur les étagères. *"De toute façon Lucie, c'est ça qui est agréable, tu es toujours super contente des choré que vous faites, ça te plaît toujours"... Oui c'est vrai, la Danse sait me suffire à elle même. Mais moi, je ne suis pas contente de moi aujourd'hui.* Et puis on a ouvert la portière. La voiture froide comme mes doigts.
Commentaires :
Re: Toutes les douleurs
Re: Re: Toutes les douleurs
youhou... j'ai l'impression de partir loin là...
Lucie, me trompe-je. Un vrai prénom ? Un alias pour joueb ?
La danse comme passion, cinéma comme étude, je me perds doucement.
En tout cas je suis déçu que tu ne sois pas à Paris. Je t'y imaginé depuis tout ces commentaires. Je te voyais dans un petit studio au sixième étage d'une cage d'escalier très abîmée, devant ton ordinateur. Un petit film à la Ozon sur le destin d'une jeune provinciale à Paris... à moins que ce soir plus du Godard ? Du truffaut ? non tu ne croises pas Antoine Doisnel !
Oui, du Godard, la fenêtre ouverte sur la tour Eiffel (quoi tu habites dans la banlieue, pas grave, la Tour Eiffel a changé de place). Il fait froid pour ouvrir la fenêtre, mais non ! Un grand appartement qui met en avant un beau Paris... Ouais non c'en est encore loin. Pourquoi tout les bons films se passent à Paris.
J'ai justment vu ton texte sur Paris. J'y répondrais..
Re:
Lucie, ou un autre? Lucie un vrai prénom ou un pseudo? est-ce vraiment important? Lucie, c'est effectivement comme ça qu'on m'appelle ici.
La danse pour Passion, le cinéma et le théâtre comme étude. Tu ne te perds pas, c'est bien ça.
Ne sois pas déçu, certains articles sont écrits à Paris, dans un appartement en plein centre, dans le 12 ème. La province peut elle aussi être très inspirante tu sais. Et pourquoi pas le 8 ème étage? "quoi tu habites dans la banlieue" c'est une affirmation? tu penses? Je pense, j'espère, que l'année prochaine ce sera un appartement (je ne pense pas si grand que ça) en plein milieu effectivement. La tour Eiffel? j'aurai préféré Montmartre...
Un petit film ... oui... de Jean-Pierre Genet à la Amélie Poulain, pour le tout début du film et surtout le personnage que je n'ai pas vraiment réussi à joué il y a peu de temps de cela. Ou peut-être pour MMM dans un Long deimanche de fiancaille. "Pourquoi tout les bons films se passent à Paris." Parce que Paris, ça a un côté magique, si on regarde bien. Mon texte sur Paris, serait le même maintenant, mais avec beucoup plus de détails, et d'autres découvertes... Tu m'as donné envie d'en écrire un nouveau sur Paris...
"Anonyme" (qui doit apprécier incontestablement le cinéma?) merci de t'être perdu par ici, d'avoir pris le temps d'écrire un commentaire qui m'a beaucoup surprise...
Re: Re:
Lucie me va très bien. Ca a un côté musical, chantant, origine de l'univers. Je m'égare.
Tu ne te perds pas, c'est bien ça. Il me semble que j'aurais préféré un plus grand mystère.
J'ai cru comprendre, lire ou déduire par tes textes que ton espace de vie résidait en banlieue. La province ne me connait pas. Peut-être un jour la découvrirais-je.
J'ai rarement quitté Paris, je vis au marais, c'est très proche de la vie idéale du cinéma d'auteur français. Montmartre, c'est beau, mais trop un monde de carte postale pour moi.
Je n'aime pas tellement Genet. Il fait de belle chose mais un côté trop vient gacher toute sa recherche de beauté. Je préfère des auteurs plus classiques, comme Desplechin.
Depuis combien de temps vis-tu Paris ? Ce sera avec bonheur que je lirais ton nouveau texte sur Paris.
Appelle-moi Raphaël, c'est mon prénom. J'apprécie le cinéma, le vit et en vit.
Au plaisir.
Re: Re: Re:
Lucie (c'est la lumière en latin ;) ). Tu ne trouves pas que ça résonne un air de piano? (un peu désacordé). Chantant? Je me mets au chant dès la rentrée...
Raphaël? Il me colle au coeur ce prénom, pour Raphaël, le chanteur? oui mais non. Pour le prénom de ma mère. Je l'aime beaucoup.
Je te rassures le mystère il y en a... La Danse est un milieu très vaste (et en même temps si fermé). Ce que j'aime dans la Danse? Quel type de Danse? La Danse à danser ou à créer? Ce qu'elle représente pour moi? Le cinéma ou le théâtre en réalité? A lire ou à jouer? A diriger peut-être et réaliser? Est-ce vraiment ce que je voulais? Pourquoi suis-je tombée la dedans? Depuis longtemps? Le cinéma? Lequel? Le mystère n'est-il pas [encore] présent?
C'est vrai je vis en banlieue, mais je préfère forcément le centre, je m'y sens beaucoup mieux/bien. On m'a dit qu'un vrai parisien s'ennuyait en Province après un temps... ce uqe je comprends, ce n'est pas du tout le même mode de vie!
Le marais... je n'ai pas encore bien "visité" (j'ai des réflexes de provinciale encore), j'y ai passé une soirée... c'est très tendance. Il parait que Romain Duris a passé son été au café "La perle"...
la vie idéale du cinéma d'auteur français... serais-tu auteur? Montmatre je découvre autrement que sur les cartes postales, autrement que la 1ère fois que j'y suis montée, et j'aime, voir un hôtel qui s'appelle "Les coulisses", une librairie que l'on nomme au singe qui lit, voir des peintres qui joue à Lautrec, et marché sur des pavés. Et le reste.
Je regarde Genet un peu comme une petite fille émerveillée, un peu en me voyant de le personnage d'Amélie Poulain. Le "trop", c'est un peu moi, on me dit excessive, je pense plutôt entière. Soit.
En ce qui concerne tous ces réalisateurs, je t'avouerai que je suis intriguée... Je fais cette école (que tu dois connaître) sans être une passionnée (je descends dans ton estime là?)... Dans le sens où je ne donnerai pas ma vie au cinéma...Je me trouve inculte en ce qui concerne l'histoire du cinéma, mais j'y travaille rassure-toi...
Je vis à Paris depuis le 8 octobre exactement. J'aimerai te revoir dans les parages, te lire?
Tu vis du cinéma... en tant qu'acteur?
ciorale
Toutes les douleurs
Un jour j'ai vu voler un ange
Ce danseur s'appelait Nouriev
Parce qu'il y des hommes qui changent
Une simple vie en rêve
Que ce monde est beau
Quand on suit son cœur
Que ce monde est grand
Il vaut tous les pleurs
Toutes les douleurs
Je cherche partout cet amour
Et je ne trouve qu'une évidence
Je donne ma vie chaque jour
Pour chanter l'existence
Que ce monde est beau
Quand on suit son cœur
Que ce monde est grand
Il vaut tous les pleurs
Toutes les douleurs
Soudain, l'homme qui s'élance
Dit ce qu'on a jamais osé dire
La douleur dans le silence
Et les mots secrets de nos désirs
Que ce monde est beau
Quand on suit son cœur
Que ce monde est grand
Il vaut tous les pleurs
Toutes les douleurs
Parce que de toutes les siennes... c'est celle qui colle pour moi ce soir. Moi je voudrais juste souffler vers toi pour apaiser la douleur.
Parce qu'il y a des hommes qui changent leur vie en rêve. Et je sais que tu fais partie de ceux-là. Tu y arriveras. Moi, j'y crois fort. ;-)