Vendredi 23 mai 2008 - train.
Les guitares s'emballaient en reprenant Dire Straits. La violoncelliste partait dans sa folie douce. J’étais scotchée, ébahie. Je me disais que la musique, l'Art, avait un pouvoir (juste) fascinant bordel. Et puis cette salle mythique près du boulevard des Capucines. Devant l’entrée les lettres rouges en capitale.
Toujours écrire, prendre des notes, faire des résumés, devoir condenser, la vie, les cours, les baisers de Clément, ses caresses, nos nuits trop courtes, ses envies de cigarette à deux heures du mat’ après que, remplir des fiches bristols, petites, grandes, perforées ou non et même du papier. Avoir l'impression que les yeux rentrent dans les orbites et que le corps n'a plus envie que d'une chose : Voyager...
L'eau de pluie s'écrase contre la vitre, le ciel est de plus en plus gris, les paysages de plus en plus verts : je rentre chez moi. J’imagine les cimes des vagues prendre mon équilibre et faire la java le soir. J'me dis que cette expression est jolie un peu comme ne pas savoir sur quel pieds dansé. L'équilibre, je ne l'ai jamais trouvé. Toujours être dans la démesure, la chercher et puis l'aimer. Les étudiants s'empilent devant les bureaux dans les couloirs de la Fac et moi je remplis des dossiers pour l'année prochaine. J'essaie de prévoir le coup parce que j'ai foiré. Les partiels me bouffent une énergie de dingue. Je fais des pronostics, je calcule comme quand j'attendais les résultats du Bac. Dans une semaine et demi, ce sera les exams de Danse à préparer, l'audition pour le Conservatoire, le spectacle. Retenir le sommeil pendant le jour, pendant la nuit. L'empêcher de me perforer. Je ne m'attache peut-être qu'à l'éphémère. Peut-être que je ne suis pas de celle à être fidèle à la stabilité. Je suis instable, résolument instable. Tout le monde le dit. Toujours chercher à faire plus, différent, à changer, à modifier, à transformer, à effacer, ou à renchérir. La perfection, le maximum, même s’il faut dépasser l’humainement possible. Rester évasive et impulsive. L'intrusion sous la tempe et le goût de la réglisse dans la bouche d'Antoine ne manque pas. Pourtant mon cœur bat deux fois plus vite quand je crois l'apercevoir dans le train en première classe. Pourquoi serait-il là? Cette direction? Cette heure? Ce n'était pas lui. Il bat, c'est déjà ça.
Commentaires :
Re:
Bonjour à ton coeur. Enfin bonne nuit ;)
Nos coeur battent, pas forcément au rythme de nos envies, de nos couleurs. Mais de quoi nous plaignons nous?
Re:
La grace, oula... pèriode où j eme sen slourde au possible!!
J'ai l'impression qu'au final on se plaint toujours des mêmes choses.
A 1000 lieues de tout ça. A des kilomètres de Paris et du bvd des Capucines. A arpenter des allées imaginaires et invisibles.
Et si ce n'est que ça, même s'il n'est pas très harmonieux et que le rythme n'est pas marqué comme on le voudrait, il bat ce coeur. Et c'est déjà ça. Tu as raison.
Re:
Moi aussi ce sont des trentaines de fiches bristol de remplies et le stress de les voir s'accumuler sans arriver à les mémoriser.
Re:
Le texte a été écrit fin mai. C'était Clément. Et aujourd'hui, Clément est parti, certes, mais il reste là à bousculer mes pensées. Aujourd'hui, plus que jamais, Antoine n'est plus là. J'ai compris beaucoup de choses hier le concernant. un simple sms. Il n'est plus rien. plus rien du tout.
Moi aussi ce sont des trentaines de fiches bristol de remplies et le stress de les voir s'accumuler sans arriver à les mémoriser.
exvag