Le dimanche 17 février 2008, 21h00

Mon frère vient de s’acheter son appartement. A 25 ans. Il est profusément grand. Et beau. Quand il regarde par-dessus le balcon, il doit se perdre dans les dédales du ciel. Non, ça n’est pas son genre. Rimbaud aurait sûrement aimé sa ville au-dessus des toits. Je me dis que si un jour j’ai les moyens de me payer les toits de Paris à cette hauteur là, dans cette immensité,  alors je serai devenue la nouvelle Pietra, ou j’aurai l’imagination de Monsieur Béjart, ou bien encore le regard de Jeunet, la plume de Saint-Exupéry, le jeu de Monsieur Duris ou de Mademoiselle Mélanie. Ou rien de tout cela. Juste beaucoup de moi. Même, le talent ne paie pas tout le temps. J’ai jeté un coup d’œil sur les boîtes aux lettres et, avant même de reconnaître l’écriture, le premier nom sur lequel je suis tombée, c’était elle. Cette prof de français qui m’avait fait découvrir les vers de Racine en Seconde, celle qui m’avait fait avaler d’un trait Maupassant. Elle glissait toujours mes copies à la fin du paquet à corriger parce qu’elles étaient les plus longues de la classe. Je me souviens de ces mercredis matins de juin, à apprendre les discours laudatifs et les blâmes, et le naturalisme de Zola. Ma mère doit-être fière de lui. Moi aussi je le suis. Même si je ne lui dis pas. Il a sûrement pris un crédit sur 20 ans. Et moi. Je ne sais pas quand ça pourra m’arriver. La stabilité, la sûreté de l’emploi. Je me demande si je n’en ai pas envie au fond. De tout ça. Je rêve de savoir où je m’emmène. Je me tiens par la main. Mais parfois, je sens que le temps me tire de toutes ses forces. J’ai peur de finir par avoir le souffle court.

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Demain, elle vient de l'annoncer. La vision de l'artiste chez les Romantiques. Dommage : j'arriverai une heure en retard.