Les mains sur le ventre et les mèches blondes me tombent sur le visage. Mettre un peu de couleurs sur mes lèvres et ma peau blanche. Les dates m'échappent, je ne les connais simplement pas dans l'ordre. Ma prochaine année étudiante n'est pas planifiée à la lettre, et pourtant. Elle est encore un peu en suspend. Plus de matin à dormir et à se réveiller à la lumière du jour. Les vitamines sont prêtes à être décachetées. Mais pas le reste. Je n’ai pas taillé mes crayons comme en primaire, ni fait ma trousse. Je ne suis pas vraiment prête à découvrir les bancs de la Fac je crois. Et je n’ai pas reçu de nouveaux justaucorps, tous beaux tous neufs, prêts à être mouillés dans un corps qui va changer, qui doit changer.
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C'est un peu comme à la fin de l'écoute d'un nouveau CD, on découvre souvent une piste cachée sur la dernière. Et c'est cette chanson là qui nous parle. Ce trésor dont on a l'impression d'être le seul à l'avoir découvert. Chercher je ne vais pas le faire. Me laisser porter pourquoi pas. Parce que je sais que celui qui comblerais mes yeux est devant moi, depuis plusieurs années déjà. Je pense à lui. Et la piste cachée saute un peu. Je n’ose pas, je me cache et j’improvise.
' Chaque fois que tu réécoutes la bande-son d'un moment de ta vie, tu retrouves la couleur, l'odeur, l'ardeur '.[ Raphaël Haroche]
Cette envie d'être sans cesse une étrangère. Partir tout le temps découvrir, apprendre, comprendre même si ce n’est que la moitié. Cette envie d'ailleurs, ce putain besoin de rêver loin. En fin de compte c'est peut-être un peu ça la vie, un disque, un Vinyle pour les plus audacieux. On le met en route, et quand on en a marre, quand on se fait bousculer, quand on nous arrache quelque chose d'essentiel, quelqu'un ; on change de piste. Jusqu'à ce qu'une autre note nous amène à la suivante. Et moi, je ne veux pas que mon disque soit sur le même ton toute ma vie. Y'a des mélodies nostalgiques, y'en a des rêveuses, des Dansées, mais j'en veux aussi des amoureuses, des vivantes, des glorieuses, des réussies. Des heureuses. Sans compter toutes les autres qu'on ne pourra pas éviter. Les emmerdantes, celles qui font chialer, celles qui nous jettent par dessus un pont. Et ces disques là, ils contiennent bien plus que douze pistes, ça prend une vie entière à l’enregistrer et à l’écouter. Quand on arrive à la piste cachée, alors là, on s’aperçoit de tout ce qu'on devait et tout ce qu'on aurait pu faire. Il ne reste plus qu’à apprécier l’instant. On passe à la Coda, et c’est l’introduction de la fin.
Ca sent la fin de l’été dans les yeux des enfants, des jeunes, même des autres. C’est con mais moi je n’ai pas eu le temps d’en saisir le début. Et je ressens la fin comme un poids dans mon ventre. Un été de jeunesse qui se termine sans que le temps m’ait laissé en profiter comme je l’aurai voulu.