Le sourire qui décolle à peine les dents. Le mien qui n'existait pas. Parce que le train, la Danse le soir, et la semaine entre parenthèse, barrée au marqueur noir. A s'en détacher les avant-bras. Et pourtant la musique était entraînante, les filles souriantes, Ben offrait les vodkas. Le maquillage ne coulait pas, les cheveux mouillés serrés en chignon, le jean recousu. Alors l'alcool dans le sang, et les bras se perdent au-dessus de la tête. Et les rires se lâchent. Et les fins de cigarettes entre les doigts. Et quand on est sorti mettre sur pause la nuit, l'air était doux. Pas de chair de poule, ou presque. Pas de vent qui nous pousse à s’ankyloser dans des pulls. Et la bouteille dans les glaçons. On sirote les vodkas à la paille rose. On me propose des cigarettes. Et je ne culpabilise même pas. Je fume, j'enchaîne les phrases désaccordées. J'avoue sans désavouer. Il y a ces moments aussi quand on se demande où l'on est pendant un instant. Quand tout le mouvement s'arrête autour de soi, quand la vie court au ralenti. Quand on n’entend plus rien d'autre que les bourdonnements dans les oreilles. Et puis les bandes blanches sur la route qui défilent. La tête qui ne tape même pas. La lucidité un peu laissée de côté pour encore quelques heures. Les parents qui sont déjà levés quand on tourne la clé dans la serrure. Et qui ne sentent pas l’alcool qui coule dans les veines.

Il a bien fallu faire des enroulés, des sauts, ne pas lâcher le corps, chercher les équilibres pendant 6h. Sans s'arrêter. S'étirer à la barre. Je me suis aperçue de tout ce qui me manquait, de tout ce que mon corps ne me dictait pas. Le débardeur noir de ma cousine, pour qu'elle me porte. Parce que je suis épuisée de me battre contre eux. De dicter aux autres ce que la Danse m’envole. Je suis épuisée, brisée, lâchée. Je ne veux pas jeter les dés au hasard.  

[Franz Ferdinand, Walk Away]