Vendredi 11 janvier 13.
Te retrouver. Un jeudi de janvier devant la fontaine S**nt-M*ch*l en fin d'après-midi. Dans les couloirs du métro, mon cœur tapait un peu fort, aussi fort que la chanson rock du groupe d'ado qui faisait trembler les murs de la ligne 4 et qui accompagnait mon pas vif et assuré. Pressée de te revoir oui sûrement. Voir mon oncle, puis te voir, vous attirer l'un vers l'autre pour se retrouver à trois. T'embrasser sur la joue, voir dans ton regard que tu me trouvais belle. Alors qu'il téléphonait, tu me l'as confirmé, je ne t'ai avoué que plus tard que je l'avais compris. Nous avons pris un chocolat tiède et il te posait des questions sur le pays de tes vacances et de, bientôt, ta nouvelle vie. Puis il est parti, nous a laissé nous retrouver, seuls. Dans ce café, je me fichais des autres autour, tu sais bien. Je t'ai demandé de t'approcher, de prendre l'autre chaise. Notre premier baiser, juste tes lèvres contre les miennes, était assez étonnant. Je crois qu'il fallait se réhabituer l'un à l'autre. Tu m'as offert ces bonnes crèmes de la mer morte - je n'avais pas envie d'attendre de rentrer à Bastille beau M. pour déballer le beau paquet. Depuis, tu dis que ma peau sent Isr**l, tu dis qu'elle sent le lait et le miel. Et finalement, c'est comme ça que l'envie de vraies retrouvailles est montée. Se retrouver en public était peut-être la meilleure introduction que nous aurions pu trouver.
En arrivant dans mon 22m2, il a fallu se laver les mains très vite pour frotter nos paumes contre nos peaux. Je n'avais jamais vécu de si belles retrouvailles. Nos corps se sont agrippés l'un à l'autre, nos bouches également, nos doigts, nos cheveux. Je suis en train de m'attacher à toi petite conne, tu as dit. Je t'ai demandé si tu étais content de me revoir. Pendant l'amour oui, tu dis des choses dont tu ne te souviens pas toujours. Mais plusieurs fois, tu as répété que oui, que c'était bon, que tu m'avais trouvée belle et femme dans ce pantalon noir, ceinture doré. Peut-être aussi les cheveux attachés. Que jamais, tu n'avais vécu des retrouvailles comme celles-ci toi non plus. Mais de ce que tu as dit, sans doute que tu ne t'en souviens plus.
Nous avons franchi ce cap qui me faisait si peur. Ce matin, tu reparlais de mon visage : inquiet - comme la petite fille - et beau -comme la femme - à la fois, tu disais. Sur le moment, je pense que tu avais bien conscience de ce que je t'offrais. Je te parlais de confiance, tu répondais que je devenais femme. Juste avant, je t'avais fait jurer d'être un parfait amoureux pendant un mois. Alors pendant nos étreintes, tu parlais de toi en disant 'ton amoureux'.
Nous n'avions aucune obligation aujourd'hui, mise à part ton rendez-vous à l'ambassade ce matin, je t'ai attendu, tu es rentré avec les clés que je t'ai redonnées, puis nous avons passé une bonne partie de l'après-midi au lit à se retrouver encore et encore. J'ai voulu éviter tous les sujets qui fâchent pour ces deux jours. Nous aurons bien le temps de nous y replonger. Je t'ai parlé du billet d'avion qui m’amènera(it) te rejoindre - tu m'as trouvée folle mais tu n'as pas crié - et j'ai ressayé le maillot de bain marinière pour la plage ; en avril, tu dis qu'il y fait très bon. Je ne veux pas t'empêcher de guérir, au contraire, je ne veux pas jouer les intrusives et je saurai rester à la bonne place. En riant, je me suis vue terminer mon doctorat là-bas, faire un comparatif France-Isr**l mais la réalité est que je n'y connais rien en géopolitique. Je suis prête à m'intéresser à cette langue et même à ses voyelles s’il faut. Mais sache M., et sois-en rassuré, je ne vais pas oublier qui je suis, d'où je viens, ce en quoi je crois et ce pourquoi j'ai écorché un Je t'aime hier dans le café, pour la première fois de ma putain de vie d'amoureuse. Je me suis rattrapée en y accolant un bien. Je voudrais te prouver comme je peux être productive et créative, femme et absolument bosseuse. Souvent, j'ai l'impression que tu ne me trouves pas assez douée, pas assez pragmatique et je voudrais avoir l'impression, parfois, que tu crois un peu en moi. Mais je sais que mon manque de confiance pèse sur mon égo depuis quelques mois déjà et doucement, j'essaie de remonter la pente de l'estime de moi. L'autre jour, mon directeur était satisfait de la nouvelle matière que j'apportais, il me voyait soutenir en novembre 2014 et il parlait de "ma force de travail" ; et tu ne t'imagines pas comme ça me fait du bien d'entendre parler de la fille que j'étais il y a quelques mois encore, de me souvenir des montagnes que j'étais prête à franchir sans jamais baisser les bras. Pour toi, je prendrai l'avion, shootée aux calmants, je franchirai le cap. Tu sais comme je me souhaite de rencontrer très vite quelqu'un d'autre, marcher sur des terres plates et droites ; mais les routes qui me mèneront jusqu'à toi ne me font pas peur. Qu'elles soient sinueuses ou raides, je sais déjà qu'elles me feront grandir. Et que, si je dois les prendre, du souffle, j'en emmagasine déjà pour me préparer.
Au poignet désormais, j'ai un bracelet rouge en laine ; celui qu'un mendiant t'a noué devant le Mur. Je n'ai pas encore bien compris le sens du symbole mon cher ami ; à moi, il rappelle à la fois ta présence et ton absence.
Je t'écoute parler de ce pays dans lequel tu es presque déjà et je suis intéressée. J'ai mené quelques enquêtes pendant ton absence tu sais, pour voir les paysages de tes vacances, pour comprendre les traditions de tes vendredis et samedis soirs, pour connaître les filles de TLV, les autres plus religieuses qu'on t'a présenté là-bas, celles que je déteste déjà très fort, celles qui jamais ne pourront te donner autant d'amour et de réconfort que moi.
Commentaires :
Re: amoureuse
Merci.
Il serait temps, aussi, de recevoir. Voilà ce que je voudrais répondre, parfois, il serait bon de recevoir autant...
Re: amoureuse
Il paraît que l'Amour n'existe pas, seules les Preuves d'Amour existent!
Ce n'est qu'une idée mais peut être que pour plus recevoir, il faut moins donner... Ainsi on libère de l'espace que notre complice amoureux peut plus utiliser... Et c'est aussi en lui montrant qu'il peut nous perdre, que rien n'est finalement acquis dans la relation, qu'il réagira en se rapprochant (ou non) et en exprimant son intérieur...
L'Amour est un jeu de séduction à renouveler...
Re: amoureuse
J'ai pensé à vous, et au fait que seules les preuves d'amour existent. J'y ai pensé l'autre jour ; et je me suis dit que, peut-être, ses preuves d'amour pouvaient conduire à réaliser l'amour.
Je ne crois pas que la séduction consiste essentiellement à jouer à chat avec l'autre. Peut-être qu'il faut se retenir oui, ne pas montrer qu'on aime trop ; mais il y a quelque de contre-nature dans la retenue, non?
En tout cas oui, laisser de la place à l'autre est une bonne idée... A noter. Merci.
Re: amoureuse
Oui je pense que "réaliser l'amour", c'est du concret au delà des mots faciles à prononcer...
On se rejoint sur "la séduction". Ce mot n'était pas totalement approprié à ce que je souhaitais exprimer. Je pense qu'il y a un équilibre naturel qui se fait dans une relation et oui vous ne pouvez pas être contre-nature, dans la retenue, enfin pas longtemps car vous ne serez pas heureuse et épanouie. Ce serait parfait un peu de retenue, apprécier "de ne pas tout faire", oui je crois que vous serez heureuse, une forme de libération intérieure, j'imagine votre joli sourire... Le bonheur vous attend!
eveildessens
amoureuse
Pourquoi une putain de vie amoureuse !! C'est beau l'Amour, ça rend Vivant(e) avec toutes les émotions qui vont avec, cette absence de contrôle, de maîtrise...
"ce visage inquiet et beau", tout est dit...
Je trouve que vos textes n'ont jamais autant parlé avec le Coeur, les Entrailles...
Juste une petite confidence ! J'aurais Aimé Rencontrer une Femme comme Vous, cette écriture profonde qui dévoile un Naturel, une Générosité, Donner sans Compter, Vivre en Partageant l'Essentiel...