Parfois ça donne envie de serrer fort ses amis. Se dire qu'il faut se voir vite, avant de partir là-bas. Alors Sophia est venue, sans voix, on est passé cherché Hugues au lycée, on a mangé tous les trois. Frite habituelle. On a attendu 13h10. Alors en voyant les aiguilles tourner, on a rit. J'ai l'impression désagréable que je ne me rappelle plus de ces moments où les bouches serrées ont laissé place aux sourires. Rire de l'année prochaine qui n'est en fait que dans quelques jours maintenant. Rire de venir me voir à Paris. Rire d'imaginer Hugues jouer l'acteur à ma place. Rire parce que j'incarnerai bien le fatal. Pas la comédie. Ah bon?

Et rentrer de nouveau dans la cour du lycée, croiser le prof de physique-chimie et lui adresser de longs "bonjours". Parler aux filles de terminale. Retrouver Manon, la hache de guerre est enterrée depuis samedi. Traverser le pont. S'asseoir au café, parler trop fort, se raconter les vacances, une de mes auditions, parler de Danse, de Un, Dos, Tres, avec tant de dérision. Se dire que "vous viendrez hein à Paris?"

Retrouver des gestes connus depuis déjà pas mal d'années. Sentir la sueur dans le dos. La brassière qui sert la poitrine. Le pied qui fait mal, parce qe j'ai dû mal tomber. Avoir envie de respirer l'odeur de la Danse. Et pour sortir du complex en courant. La pluie qui pleure très fort, et très vite. Elle mouille mon gillet noir ceintré. Parler avec Lidy, ma prof de Danse, de tout de rien, surtout des deux.

Et j'n'aime plus, j'écris mal, ça sonne faux, ce n'est plus moi, ce n'est plus les vraies images qu'il y a dans mes yeux. J'aurai pu écrire cet article beaucoup mieux, beaucoup plus touchant. Faire sonner les mots comme une douce mélodie. Tandis que là, c'est un piano désacordé qui fait défaut à mes mots.