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Sous les décombres de nos vies éphémères

J’avais plein de débuts de phrases bien faites, bien construites. Et puis tout se perd. Même le temps glisse sous la nuit de décembre et finit par se consumer jusqu’à l’os. Ce matin, mes yeux sont cernés de bleus. Je tombe sur une interview de Mademoiselle Mélanie. Je pense à toi. Elle est jolie sous ce maquillage exsangue. Petite, elle voulait chanter, jouer la comédie, écrire. Son papa était acteur et sa maman professeur de Danse. Tout ce qu’elle dit, je le comprends. Et toi tu pourrais. Nous aussi on les rencontrera ces personnes. Nos carrières s’envoleront encore plus haut. Je réalise que nos mondes sont peu accessibles. Je réalise quelques films suaves aussi. En posant ma joue sur l’oreiller, tout ce qu’il ne faudrait pas. Parce que c’est prématuré. Parce que je ne veux pas me prendre de coup. Ni me risquer de me pendre au tien. J'essaie de ne pas me projeter trop loin, ni de me protéger trop fort. Plus tôt, je disais à Marich en riant que tu étais l’homme de ma vie. Pour tout ce qu'il y a de ressemblance. Mais c’est simple de manquer de sérieux. Comme c’est plus facile de se déshabiller devant la caméra plutôt que de serrer fort le corps de l’autre.

Je m’émerveille vite tu sais. Je ne contrôle pas cette fougue d’enfant sage. Souvent, elle persiste. Cette espèce de fascination qui se pose sur un bout de sourire de l’autre bout du monde. Mais je peux être si vite déçue. Pour un rien. Pour un geste de travers. Pour une façon de regarder le ciel en me serrant fermement la main. Pour quelques pas dans la rue. Sans qu’on comprenne pourquoi. Comment pourrait-on me suivre ? S’accorder à tout ça, à ma vie à 100 à l’heure ? Il ne m’est permis que quelques routes de nuit et j’atterri souvent dans le décor. Mais, je déploie de plus en plus mes doigts froids. J’essaie, tu sais, de les tendre. Doucement, je regarde autour de moi, j’ouvre les yeux sur l’asphalte et je commence à fixer le bleu du ciel. Je parle un peu de ma vie, de ces choses sans importance et d’eux. Même si ça reste fortuit pour moi la confiance dans un regard de travers, et les baisers des fins de semaines. Ca me semble loin. En plus, je ne suis plus une écorchée vive. Comment pourrais-tu [me] suivre ? J’ai du mal à croire qu’on est un peu pareil. Je marche sur un fil, et tu as peut-être raison au fond. J’ai peur de me casser la gueule. J’ai autant peur de toi que de moi. Peur de ne pas avoir le cœur si intrépide que ça et de jolis cheveux jaunes le long des épaules. Mes pas sont aventureux, l’air téméraire et mes gestes hasardés. Mais sous la peau claire, les yeux sont fragiles. Ta voix est impassible, tes rires s’encensent dans ta gorge et j’ai parfois l’impression que tes souffles glissent sous mes tympans. Tu murmures un « c’est vrai ». Et mon ventre se tord de loin. Parce que. Je me protège de deux trois aménités, cinq ou six respirations électriques et d'un tas de mots qui s’échappent dans le noir. Ne t'endors pas trop tôt.

Ecrit par lilou, le Samedi 29 Décembre 2007, 21:59 dans la rubrique Au jour le jour.