Comme quand les cours d'Allemand défilaient au ralenti, quand il était en face de moi, que cette vieille prof nous disait "Schweigen", ou quelque chose comme ça. Ma main noircit une feuille blanche. On squatte  le canapé noir des tournages, à plus de cinq dessus, je suis sur le dossier, les pieds sur les accoudoirs, et mon dos posé contre les feuilles de décors. Dans le studio, on répète pour la première fois sur le plateau. En attendant jeudi prochain. Et on revoit cette scène pour la cinquantième fois au moins et mes yeux en sont fatigués. Cette putain d'impression que le travail n'a pas été assez conséquent tout au long de l’année. Peut-être de ma faute, mais pas complètement. Et ça m'obnubile, je ne pense qu'à ça. Cette école qui m'empêche de sourire comme mon naturel le voudrait. La petite capricieuse a sorti ses larmes et sa colère.

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Les kilomètres de métro dans mes jambes, et mon souffle se fait très court. Je tente une fois de plus de ne pas passer à côté des horaires des bureaux administratifs. Plusieurs facs se suivent devant mes yeux de renouveau. Et sans que je ne comprenne rien, je me retrouve assise sur un siège de restaurant. Je sens les pinceaux qui pâlissent un peu le bleu sous mes yeux. Le miroir renvoie une image mate, unie. Je me trouverai presque jolie avec ses couleurs sur le visage. Et puis ce rôle de figuration dans un tournage improvisé. J'espère juste que ça ne sera pas le dernier avec ce p'ti belge au cadre, J.E. en chef déco qui critique toutes les trente secondes les méthodes du Réal, B. qui tient la gélatine d'une manda., ne plus entendre ces voix-là dire "Action" . Parce que tout ça, ça me donne une sorte d'énergie dans le ventre. J'aime l'ambiance des tournages. Réellement.

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Juste arrêter. S'étendre, se confondre au sommeil. Et oublier tout ce qu'il se passe ici. Cette fin d'année scolaire sur les chapeaux de roue. Et prendre enfin mon été en main. Le sourire fondu dans ces studios, l'ambiance qui se désintègre comme une pastille effervescente qui me donnerait mal au crâne. Les mains qui effacent le rouge qui coule des yeux. Et le reste. Parce que j'ai tellement envie que le temps se barre plus vite jusqu'au premier juin. Jusqu'au spectacle/examen de fin d'année. Et que tout soit terminé pour de vrai. Que je respire un grand coup, que je ne me remette plus en question toutes les trois minutes.