Je n’entends presque plus leurs voix qui tiraillent déjà. Il n’y a plus que celles des enfants dans les paumes de mes mains. Et ce soir ma tête est lourde, explosée dans tous les coins du monde. J’ai mal comme si les yeux fermés me rattrapaient à la renverse. J’ai beau essayé de sourire, de ne pas faire semblant, d’aimer la peinture orange sur mon jean troué, rien ne me rassure. L’animation me file en quelque sorte entre les doigts. J’ai envie que le temps tape un sprint durant ces deux semaines, que je retrouve l’autre centre pour de vrai. Qu’on laisse les improvisations juste un peu de côté. Prendre les rênes, du moins essayer. Cette chaleur me tape sur le dos et dans la gorge. Mes cordes vocales sont nouées depuis les vocalises de la semaine dernière. Je sens près des poumons qu’elles sont serrées. Antoine me charrie, on s’endort près des bus, on se plaint, parfois même il me ramène un verre de grenadine bien rose. Je sens sa main sur la boîte de vitesse à côté de mes cuisses qui frôlent le siège passager. Je me demande quand est-ce qu’il va passer la quatrième. Et je trouve qu’on sonnait bien ensemble. Mon pantalon me colle à la peau, l’eau fraîche brise le fond de la bouche et les rangs par deux s'apparentent à des essaims. Peut-être simplement que c’est ma vie tout court qui, en ce moment, ressemble à un vrai bordel.

[Seamless, Archive]