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Que sous ton souffle le temps s’allonge

* avril 2005, série avec Amel, myself.

On s'est assis doucement dans le fond. Sans faire trop de bruit. On avait réuni le quatuor de nos 15 ans pour Amel. Hugues était à ma droite, Thomas à côté de lui. J'étais mal à l'aise. Et quand elle a pris la parole, devant toutes ses personnes rassemblées pour lui, j’ai pleuré bien sûr. Hugues m'a demandé si j'étais triste. Encore une fois, les souvenirs passaient devant mes yeux comme un vieux film. Ca m'a rappelé quand j'arrivais aux grands jardins avec ma Mamie - il y avait chaque fois de nouveaux petits chats dans les allées et je crois même qu'il leur donnait des noms, quand le grand-père d'Amel nous poussait à la balançoire et qu'on avait l'impression de voler - il y avait son cousin aussi, il pleurait cet après-midi, comme le frère d'Amel, ses cheveux étaient plus courts qu'avant, et puis les lapins qu'il me montrait, les gros lapins gris. Je me revois caresser les petits chats avec mes mains de petite fille de deux, trois ans maximum. Il y avait de petites tasses de lait devant les escaliers des maisons. Ils font partie de mes plus anciens souvenirs et Amel est une de mes plus anciennes, si ce n'est la plus ancienne, amie. J'ai eu tendance à penser qu'il n'y avait plus que ce passé qui nous unissait à présent. Mais ce passé il était si doux et si innocent. Si tendre si opalin. Et bien sûr la voix de l'Italie dans les bouches de nos grands-parents. Aujourd'hui je me sentais dépassée par le temps. Amel était belle, toute en blanc et courageuse. Elle ne réalise pas encore. Ca arrivera quand elle ressentira le vide. Un grand vide. En arrivant au milieu du marbre, j'ai dit à Hugues que je lui avais menti. Il ne comprenait pas pourquoi je disais maintenant que je ne le pensais pas, je ne pense pas que nous deux on ne soit plus rien. Il savait, bien sûr qu'il savait. Et même si je fais semblant de ne pas comprendre pourquoi nous deux c'est intemporel, je sais que tu vois ce que je veux dire - il m'a dit.

[AaRON, Le tunnel de l'or ]

Ecrit par lilou, le Lundi 15 Septembre 2008, 22:56 dans la rubrique Quand il fait nuit.

Commentaires :

Phiphine
19-09-08 à 16:12

Je viens de lire tout le mois de septembre à la fois et, à nouveau, je suis renversée par la justesse de tes mots, les sensations me sautent au visage, elles sont presque physiques.

Il faut dire qu'il y a des sensations dans lesquelles je me reconnais. Klapisch évidemment! Et les films adolescents. A 25 ans, j'ai du mal à dénicher des gens à traîner devant "nos 18 ans" (c'est pas si loin, pourtant... Mais ça semble loin à certains), et aller au cinéma toute seule, j'ai l'impression de ne plus en avoir le temps. Avant je le faisais... Mais je suis devenue utilitariste (c'est triste) et préfère partager mes émotions cinéma avec des gens. A défaut, j'ai rattrapé "La naissance des pieuvres", au mois d'août. C'était pas mal non plus.

Sinon, comme j'ai un peu usé mes semelles sur les pavés parisiens, à une époque, fréquentant une fac en dilettante (sympa, gauchiste à souhait mais loin de chez moi, et qui me laissait trop de liberté pour que je m'y intéresse vraiment), je ne peux m'empêcher d'essayer de deviner. De quelles fac tu parles... (question sans réponse: je ne les connais pas assez, les autres).

Je terminerai ce commentaire, qui n'a pas grand chose à voir avec ton dernier post et j'en suis désolée, en te disant courage. On a tous peur de la banalité mais pas toi. Tu ne risques rien. Tes mots t'en préservent, c'est clair. Et je dirai comme les autres: que de "passionné" on ne devient pas "fade", du jour au lendemain. Ne t'inquiète pas. Mais fais gaffe quand même à ne pas te surcharger pour oublier ou combler les vides. Ca ne marche pas, généralement. Ca fatigue, ça stresse, ça rend triste et les vides subsistent parce qu'on n'a plus le temps de chercher à les remplir. Sois à l'écoute de toi-même, donc, même si c'est flou. Tu finiras par savoir ce que tu as à faire...

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
30-09-08 à 16:26

Re:

Merci beaucoup. Tu sais, je n'ai pas su comment m'y prendre pour te répondre correctement. Aujourd'hui je tente mais je ne suis sûre de rien. 
Klapish oui bien sûr. Traîner seule devant un écran de cinéma, ça peut-être si incroyable. Une espèce de relation particulière avec le film. C'est autre chose que se dire "on se fait une sortie ciné!" (même si je ne vois plus le cinéma comme ça maintenant, soit). J'ai pensé à toi l'autre jour parce que tu m'avais parlé de Nos 18 ans. Je me ballladais avec un ami dans Paris, et sur le même trottoir, arrivait une fille. moi j'ai pensé "tiens on dirait..." et mon ami a dit "ah ben tiens... ! Salut ça va?". Elle est passée et je lui ai dit "on dirait ValentineCatzéflis". Et il m'a dit que c'était elle. il était au collège avec elle. j'ai trouvé ça surprenant, et puis non, parce que c'était simplement et banalement Paris!! Magique!
"La naissance des pieuvres", il faut absolument que le voie, vraiment.
Alors quelle fac à ton avis? Elle ne laisse pas tant de liberté la mienne. A vrai dire, aucune fac, si tu sais que tu dois travailler par toi même si tu veux réussir. Mais les profs sont tellement bons que  l'on se doit d'être à la hauteur. On parle peut-être de la même. En dilettante. J'ai fait mes deux premières années ainsi.
Et puis merci, énormément pour ce dernier paragraphe en particulier. "Mais fais gaffe quand même à ne pas te surcharger pour oublier ou combler les vides. Ca ne marche pas, généralement. Ca fatigue, ça stresse, ça rend triste et les vides subsistent parce qu'on n'a plus le temps de chercher à les remplir". En effet c'est le risque que je prends. J'ai toujours fonctionné comme ça et je ne pense pas que ça m'ait beaucoup réussi à vrai dire. Mais je me sens incorrigible et têtue. Je ne sais plus ce qui serait bon pour moi, je n'arrive pas à m'écouter (comme si j'avais déjà su!). C'est difficile vraiment. Disons que je pousse des portes, beaucoup, et je me donne le droit d'arrêter l'une d'elles si je ne m'en sors pas.

Merci encore pour ce commentaire, en espèrant qu'octobre soit plus joyeux.