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Prévoir les mots

Mercredi 24/02/10 - Jeudi 25/02/10.

Il n'y a aucune musique. Je suis là, dans un état binaire, emplie d'impatience et retenant aussi fort la sentence. Le week-end passé fut intolérable. Entre elle, ces mots crus, ce lieu d'institution et cette envie de dormir en continu. Et lui.
Je ne crois pas mériter ça tu sais. Gabriel, je ne crois pas. Pourquoi tu n'as pas laissé le temps, juste le temps de tout te dire. De tout rassurer. Pourquoi je suis là, à attendre que tu veuilles bien clôturer ce mois. Dis-moi? Pourquoi j'ai 17 ans pour la énième fois?

Lundi, la question était : avec laquelle de mes autres vies ai-je rendez-vous maintenant? Il était 16H30, le week-end fut l'un des plus horribles de mes années post-Bac. Et le terme d'échéance" prenait une fois de plus toute sa splendeur. Et je n’avais plus envie de tout ça. Il me restait à faire mes valises vers l’Australie, ou ailleurs peu importe. Mais quitter le pays.

J'ai toujours et encore 17ans. Et j'attends dans cette nouvelle robe pour l'occasion. Antov m'avait dit d'être craquante. Oui Antov est venu mardi. Il regardait dans les yeux à présent. Il me prenait dans ses bras quand il sentait que. Et je sentais son odeur dans le creux de son cou. La même qu’en août. Les conversations étaient encore plus libres qu'avant. Plus que cet été même. On sait tous les deux qu’il faudra bien la boucler un jour notre histoire. Et puis je crois qu'on en a envie, lui comme moi.

L'échéance oui. La fin des partiels, et peut-être qu'après ça j'aurais pu dire librement "c'est mon mec". Bien sûr, j'ai lancé le débat qu'on n'a même pas tenu. Mais laisser des portes ouvertes, des possibilités. Ne pas faire autant semblant, je ne sais pas Gabriel, mais t’aurais pu te montrer un peu plus courageux. Je me sens blessée, c’est vrai t’as pas assuré mec. T’as pas été rassurant et même t’as flippé. Je te soupçonne d’aucune spoliation en plus. Mais avoue que tu as joué au lâche. Sur le Post-it tu aurais pu écrire « Lucie, 21H30, prévoir les mots ». Je ne pars jamais fâchée. D’habitude. Aujourd’hui je ne sais pas. Je ne sais pas quelles priorités je vais apporter dans une de ces brasseries parisiennes qui  fait toute ta réputation de jeune parisien bobo du 15e. Je ne sais pas quel angle je vais choisir pour cette conversation. Aujourd'hui je crains la suite. Parce que c’est elle, c’est lui qui me poussent dans une colère résistante. Je commence à me connaître un peu. Et je sais qu’après ça, après ce dernier rendez-vous près d’Odéon ce soir, je serai dure, et intransigeante. Mais tu auras gagné, parce que ce sera avec les autres. Toi, tu ne seras plus là.

Ecrit par lilou, le Jeudi 25 Février 2010, 20:47 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

envole-moi
envole-moi
28-02-10 à 21:42

Texte très fort. Tristement beau.
J'espère que ça va.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
03-03-10 à 01:12

Re:

Merci beaucoup.
Pour le reste, je suis très fatiguée de beaucoup de choses. Mais je constate que je tiens encore debout, je peux forcer un peu plus encore...