Jeudi 1er octobre 09.
Aujourd'hui c'est octobre et septembre n'a pas encore eu lieu je crois. J’écrivais des neufs sur les chèques ce matin et j'essayais de ne pas compter jusqu'à huit ce soir. Juste écouter la musique. Balanchine disait Voir la musique et écouter la Danse. Je ne sais pas bien quelle place j'occupe dans la Danse, dans le milieu aujourd’hui, mais je sais davantage celle que j'occuperai demain. Mais la place que je voudrais vraiment occuper, je l’ignore. Ca fait un bien fou de sentir son estomac vide mais son ventre rempli de Danse jazz, de plié, d'after beat, de patting, de double tour et d'espace. Oui le prendre jusqu'à en bouffer celui de l'autre qui n'avance pas devant.
Septembre n'a pas eu lieu. Un mois pendant lequel je me suis sentie là. Dans l'absence. Ce n'est même pas l'attente non. Quand je réponds aux messages qu’on m’envoie, je ne sais pas bien ce que j'écris. Ma concentration est ailleurs. Quelques secondes après avoir appuyé sur ‘Envoyer’ j'ai déjà oublié, les destinataires, les mots écorchés. L'absence, inactive et fiévreuse. Les seuls sentiments que j'ai pu, que j'ai réussi à ressentir ont été la déception. C'est assez affreux de se sentir un organisme juste poser là, dans un silence inconfortable. Poser là comme en pleine jungle mais être résolument transparente et ne même pas se faire bouffer par les autres. Le seul prédateur, le seul vrai prédateur, ça a été moi-même. Et l'attachement insondable que j'ai dans les gens.
Tout est une affaire d'évidence. On ne s'en rend jamais bien compte mais les réponses sont là. A l'intérieur de nous, dans ce qui se dégage de nos peaux, dans les relations intermédiaires. Tout pourrait nous sourire. C'est une question de référentiel merde. Je ne sais plus qui me disait l'autre jour que c'était ça le bonheur, la facilité des choses simples. Mais non putain. A moi ça ne suffit pas. Déjà parce que le bonheur est inatteignable, au mieux on l'effleure. Ensuite parce que ce n'est pas ça mes rêves : passer de bons moments en déjeunant auprès des gens avec qui je me sens bien. Ca ce sont des petits contentements, à prendre bien sûr. Mais non ce n'est pas suffisant. Juste la douce efficacité des choses simples, il paraît que c’est ça la vie. Je finis par croire du reste que je suis mégalomane. Et alors ? Et enfin, même quand j'aurai frôlé le bonheur, ça ne me suffira plus. Parce qu'en plus d'être perfectionniste, je suis une éternelle insatisfaite. Et après ça, on se dira que la seule évidence dans tout ça, c'est qu'on a bien sauté un mois de vie. De v-i-e.
Je pousse mon corps à bout mais je ne sais pas ce que j'en fais. Je dois me lever tôt mais je ne me rappelle pas de ce que je fais de mes journées. Il y a quand même la fatigue et les yeux noirs d'insoumission. J'étais posée là devant les grilles du Luxembourg. Et la situation était l'exacte métaphore de ma vie en ce moment. J'avais donné rendez-vous à quelqu'un qui n'est jamais venu, qui ne viendra jamais. Qu'est-ce que ça va donner? Je m'en fous de savoir ce que nous on va donner. Je veux savoir ce que moi, ce que cette putain de différence vont donner. Je pose des mots dessus aujourd'hui, sur ma différence. Ce n'est pas la Danse, ce n'est pas l'Art. C'est bien ailleurs. Mon caractère, être, ce que je suis, la vision du monde, des gens, des objets. Le doute et l'incertitude ne sont qu'un couple pour les fillettes blondes aux yeux bleus qui se cherchent dans le regard des autres, de l'autre qui s'en fout total, de celui qui ne la regardera jamais aussi bien qu'il se trompe de moi.
Les temps sont durs pour elles, les fillettes. Elles résistent tu sais. Encore un peu m'ont-elles dit. Et je ne sais pas comment elles font.
Commentaires :
Re:
Tu sais il y a des choses très jolies dans ce que tu as écrit. Il y a cette phrase de Durringer, très, enfin très juste quoi.
Et puis c'est vrai, les insatisfaits ne contentent personne, ni les autres, ni celui qu'il l'est parce que ce n'est pas agréable, c'est dérangeant de l'être. Pour tout un tas de choses.
Ne pas se contenter de se contenter. Oui c'est exactement ça tu vois, c'est ce genre de choses qui motivent mais faits et gestes, du moins pour les cours...
Bise
Eternelle insatisfaction
Moi je comprends. Je suis pareil. J'ai 35 ans et je pense que c'est très dur à vivre pour ceux qui en sont atteints. On recherche toujours autre chose, de mieux, de plus beau, de plus grand, de plus plus.... et on n'atteint jamais la sérénité. Sauf sur de relatives courtes périodes (dans l'excès bien entendu).
J'ai le sentiment d'avoir sans cesse recommencé, comme Sisyphe, et que je ne toucherai jamais au but. J'espère que je me trompe. Mais quel but?
J'aime beaucoup ce que tu écris, comme tu écris. C'est brut et très touchant.
Prends soin de toi.
Re: Eternelle insatisfaction
Merci mille fois.
Tu vois entendre que je ne suis pas la seule, en même temps je n'avais pas cette prétention, ça a quelque chose de rassurant. Dans la normalité des gens insatisfaits.
C'est bien ça, une victoire, je la savoure 5min puis après c'est fini. C'est toujours comme ça, ne jamais en avoir trop, mais toujours pas assez.
Dans quel but? Je ne sais pas. Sans doute y'a t-il un peu le fait de se prouver sans cesse qu'on peut y arriver, à atteindre cet impossible. Sans doute que ça va beaucoup avec le manque de confiance aussi...
Pour le reste, je te remercie. Vraiment.
Le bonheur, on ne l'atteint jamais vraiment, je crois. Moi, à chaque fois que j'ai cru l'atteindre, je suis tombé de haut. Mais ça ne m'empêche pas d'être à sa recherche. Je me laisse guider par mes envies, mes sentiments, un peu au hasard. Et des fois, je vis de belles choses. J'en voudrais toujours plus, je ne le nie pas, mais je ne me bats plus pour ça. Parce qu'à chercher le bonheur absolu, on s'épuise, on se pourrit la vie.
Et si tu veux y répondre, j'ai une question pour toi : Au final, c'est quoi le vrai bonheur pour toi, puisque ce n'est pas une somme de petits contentements ? Tu sais le définir avec précision ou tu penses que quand tu le vivras, tu sauras que c'est ça, et pas avant ?
(Ca me rappelle un sujet de dissertation : Le bonheur nous manque parce que nous le désirons, qu'en pensez-vous ? "Vous avez 4 heures...^^")
Re:
Je ne t'ai pas répondu tout de suite à ce commentaire parce que je ne savais pas bien comment te dire merci.
Je pourrais approuver le premier paragraphe, te dire que je pense aussi que le bonehru est inateignable.
Mais non, ce n'est pas ça.
C'est cette question, elle est simple mais je crois qu'il fallait que quelqu'un me la pose aussi clairement, aussi simplement. Et je devais partir à un concert après avoir lu ton commentaire, mais ds le métro chez chopé un 20 minutes et il y a avit plein de phrases qui me venaient pour répondre à ta question. (j'ai pris la page la plus blanche possible, c'était une pub bref). Et mon spectacle, celui que j'écris avançait... enfin. Mais je t'en parlerai à l'occasion.
Aujourd'hui, je ne retrouve pas le 20minutes. Mais la question est là, soulevée. Et c'est essentiel.
Alors voilà pourquoi merci.
Re:
Et le spectacle dont tu parles m'intrigue, mais ça, ce sont d'autres questions en perspective...
Re:
Ah ah et oui je l'ai retrouvé il y a deux jours : énorme soulagement!
Oui d'autres questions, on les posera au sud de nulle part non?
Re:
Pour le sud de nulle part, il faut juste qu'on arrive à se trouver une date. Mais siii, on va finir par y arriver, faut pas désespérer ! ^^
Pour info :
Je ne travaille pas demain
Je bosse de 7h30 à 20h vendredi, samedi, dimanche (et oui, la vie est cruelle... :s)
Je ne fais rien lundi,
Je bosse mardi et mercredi de 19h45 à 7h45, mais suis relativement disponible en journée.
Y a-t-il là-dedans quelque chose qui puisse te convenir ? (T'as le droit de dire que j'ai vraiment un emploi du temps de merde, hein, j'le prendrai même pas mal ^^). Tu me dis ?
Re:
(Je bosse à 19h45, mais ça laisse quand même un peu de temps. Qu'en penses-tu ?)
(sur cette jolie rime je clôt ^^)
Bonne soirée.
Re:
Je ne sais pas si c'est tant la recherche du bonheur que celle de la perfection à laquelle je m'attache un peu trop sans doute d'ailleurs.Et tu as raison, après avoir atteint ce semblant de bonheur, que fait-on? Puisqu'on ne se contentra de toute façon pas de l'apprécier quand on cherche toujours à aller plus loin.
L'idée du pingouin me plaît bien, outre le fait que je déteste la neige.
Mais croire en l'inattendu c'est quelque part se risquer à l'attendre. Ce qui par définition vient à l'encontre de ce qu'est réellement l'inattendu non?
Où peut-on te lire?
Re:
Oui voilà, tu as mis le doigt sur le souci de l'inattendue s'est que on l'attend.. Et quand il arrive, on attend encore, et quand il s'officialise, on n'attend plus ... Et quand on attend plus et bien on s'égare d'avoir trop rêver et d'obtenir ses rêves . C'est le plus grand problème de la satisfaction de ses désirs je penses, la peur qu'il y a quand il sont enfin réalisée ... Je dois dévier mais je nage en ce moment en pleins dedans ^^ qu'est ce qu'il y a donc après. Et comment fait on quand ce que l'on croyait nous rendre la plus heureuse ne nous fait ni chaud ni froid. Bref c'est un autres sujets et ma tête bourdonne.
Ton avis sur mes bafouilles d'antan m'intéresse si tu as le temps de passer y jeter un coup d'œil :)
Bonne fin de journée.
LiliLou
ça doit être frustrant de toujours vouloir plus, plus, toujours insatisfaite.
Je ne sais pas si je suis comme ça peut-être un peu.
Que te dire fais au mieux, ne te contentes pas de te contenter, vois plus loin, bouffe la vie plus plus plus !