Lundi 15 Décembre 2008 – 19H53
Aujourd’hui j’ai compris. Aujourd’hui tout s’éclaire. Pourquoi tout avait changé à ce point depuis Juin. Aujourd’hui, à 19h15 moins quelques secondes, je me suis pris la beauté des choses dans la gueule, et Julien avait raison, ça fait du bien putain. Un bien qui sort des entrailles. Je n’ai pas envie d’écouter les Beatles pour Clément, ou les Hoo. pour Jude qui me manque, non. Saint Germain. Voilà. Tout n’est pas clair mais je t’assure que ça s’éclaire. Je ne sais pas lequel des deux à commencé à regarder l’autre, et du reste, ça n’a aucune importance. J’écris vite parce qu’il est là encore, bientôt il ne tardera plus à n’être qu’un souvenir. Un genre de souvenir qui depuis des mois ne piquait plus mon ventre. Des mois entiers, des mois longs et amers à ne rien ressentir. Ne rien ressentir d’autre que le vide, un vide immanent, en suspens, un vide lourd et froid. Des regards entre les gens, entre un coude, entre une anse de sac à main. Mon regard qui se baisse après avoir soutenu le sien. J’ai eu le temps de voir son piercing à l’oreille gauche. J’ai eu le temps de voir son écharpe sombre cachée sous son manteau. J’ai eu le temps de lui donner 18 ou 19 ans. J’ai même eu le temps de l’imaginer déshabillé. Il n’était pas fin, allongé comme tous les autres non. Il n’était pas comme ça. Il y avait ses épaules surtout, larges et musclées. Et c’était bon putain. J’ai ressenti ce resserrement juste là sous les côtes. J’ai ressenti que ça prenait tout mon ventre jusqu’à la gorge. Cette sensation qui n’existait plus depuis des mois de ça. J’ai sentis que mon corps recommençait à être prêt. Il doit aimer la bière, les samedis soirs avec ses amis, batterie sous les pieds, les fins de répétitions dans un garage désaffecté. Il doit aimer l’amour doux et vigoureux. Il doit aimer ne pas montrer qu’il aime les cris de sa copine sous son corps. Il doit aimer.
J’espérais qu’on descende à Bastille tous les deux, ou qu’il descende plus tôt avec moi. Mais il s’est tenu là, devant la porte, devant la poignée qu’il était prêt à pousser. En me regardant encore, il a ouvert doucement. Je crois que Julien lui, ce serait levé de cette foutue banquette et l’aurait abordé. Moi non : je suis restée comme clouée. A ne pas bouger, à le voir partir derrière la vitre sale du métro, en direction des trains de banlieues. A ne pas bouger, à seulement tourner la tête vers la gauche et le voir partir. Il a tourné la tête lui aussi en partant comme pour me dire de venir. On voulait tous les deux que je sorte à Gare d’Austerlitz. On s’est regardé une dernière fois avant qu’il ne s’enfuît en dévalant les marches.
Depuis des mois, j’ai eu l’impression de vivre au présent pour la première fois. Juste le temps de quelques minutes, mais vraiment. C’est chaque fois comme ça, c’est quand ils partent que je me rend compte de ce que je perds, que je réagis – trop tard. J’ai failli faire demi-tour à la station suivante, j’ai failli mais ça ne valait pas la peine de se perdre dans les longs couloirs. Je suis rentrée, sourire aux lèvres, envie de Musique et de Danser sur scène, envie de transcendance, envie d'un autre, de retrouver ce que j’avais pu être.
Commentaires :
Re:
Oui à l'intérieur. Juste la vie à soit, celle qui n'appartient qu'à nous-même. Et à lui aussi un peu. Quand même. Il était très beau en effet ce moment, et peut-être que j'en ai trop fait, mais c'était une vraie "étape" pour moi. Sans même que je m'y attende. C'est sans doute ça le plus beau.
Re:
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Je ne sais pas. Mais il avait raison à propos de ça en tout cas.
Il faudrait qu'il me touche deux mots à propos de la psycologie masculine maintenant...
envole-moi
Cet instant là devait être très beau. Et c'est si bien écrit.
C'est sûr que ça fait du bien de ressentir la vie à l'intérieur.