J'écris avec l'impulsion sous la tempe. Je suis assommée par le froid ce soir. Je reste bouche bée comme à huit ans. Quelque chose dans l'air d'assez irréel. Je tirais mes jambes à la sortie d'un métro parisien. Comme une silhouette qu'on avait tracée au fusain et qu'on dissimulait avec les doigts. Le frère de Marich était à côté de lui. Impressionnée. Et mes questions assommantes sur l'Australie, sur la musique, sur sa vie. Pourquoi ce prénom doit-il constamment revenir à mes lèvres. Un sourire que je rencontrais pour la première fois ce soir. Et des yeux bleus qui ne s'arrêtent jamais. On n'a rien trouvé à redire. Je m'équilibre pour ne pas tomber de trop haut. J'ai l'impression que ma vie est sur pause quand mes actes ne sont ni en rapport avec la Danse, ni avec la Fac. Je me suis enfuie au fond d'un siège dans une salle obscure. Depuis très longtemps, mes yeux n'avaient pas regardé en grand. Cashback, comme un retour sur moi, sur mes 17 ans rompus avec Antoine. Et la beauté des corps dans un temps que le héros du film suspend. Des dialogues que je retiens le plus possible. Je suis concentrée. Je Danse au plus précis. J'essaie de capter le moindre détail pour améliorer mon mouvement. J'apprends, je prends la parole. Et le soir, je n'écris pas de longs commentaires. Parce que je rentre tard de ma Fac parisienne qui fait vraiment partie de ma vie maintenant. J'ai la sensation de vivre à cent à l'heure, et pas le temps de faire moins vite. Et pourtant. Il pouvait tellement raconter. Sydney, Melbourne, la plage, le soleil qui tape contre les fenêtres et l'impression d'être tout le temps en vacances. Dans cet autre bout du monde. Je me sentais si petite. Si inexpérimentée. Mes yeux brillaient je le sais, et je buvais ces paroles sereines. J'avais froid dans l'hiver, et leurs joues ont tapé les notres devant une prépa parisienne. Aucun mot.