Je ne me rappelais plus. De l'effet du café sur mes nuits blanches. Vers trois heure cette nuit, je venais de terminer de tout relire - tenter d'apprendre. Mais les examens me le prouvent chaque jour : j'ai la mémoire de l'instant, d'un instant. Je retiens des détails insignifiants, bordés de futilités. Je ne marque pas les grandes lignes dans mon cerveau. J'ai la mémoire des détails dont personne ne se souvient. Depuis toujours. Et puis je me suis retournée cent fois. Cent fois j'ai cherché le sommeil qui s'était emprisonné dans la caféine, oublié dans le cachet effervescent pris en plein nuit. Sur la table de nuit, il y a bien les Guronzan et un reste de café épais au fond d'une tasse. J'ai tout refait dans ma tête - je n'avais rien d'autre à faire, les notions à connaître par cœur, Hugues, Pablo et, la nouvelle variation d'examen, même Clément qui s'efface de jour en jour - on dirait. J'ai attendu la sonnerie du réveil, le coup de fil de maman, j'ai traîné un peu au lit tu sais même si je n'ai absolument pas dormi un instant. Juste parce qu'un matin sans traîner, ce n'est pas mes matins. A six heures quarante cinq peut-être cinquante - c'est important tu sais les minutes quand les pages à revoir se comptent par dizaine, c'est important (j'ai toujours cette impression là, que ma vie se joue en minutes, cruciales) - j'ai repris Depuis dimanche j'y pensais, cette idée, lâche sans doute. Alors quand je me suis avancée près de mon bureau pour aller chercher la convocation, j'ai vu : Mardi 10/02/2008 - 09h30 - Salle Londres - Jury 3. J'ai baissé les yeux et j'ai regardé à nouveau. J'ai attrapé la feuille, je l'ai déchirée en deux, juste en deux, fait tomber, voler à mes pieds. J'ai chaussé des baskets, enfilé la veste brune. Et je ne sais pas par quoi mais j'étais attirée. Ce n'était pas par le destin non, je n'y crois toujours pas, du reste. Et c'était bien plus fort que le hasard. Un sentiment d'appartenance. A ma vraie vie. Pour la première fois depuis longtemps je me suis écoutée et j'ai marché vers le métro. J'ai pris la ligne 1 sans savoir où j'allais. Se laisser guider par soi-même. T'as déjà essayé? C'était la première fois pour moi. Alors oui les premières fois sont toujours un peu bancales. Elle était fracassante. Je me suis arrêtée : Tuilerie. Je me suis allongée dans l'herbe rafraîchit par la rosée et j'ai attendu. Que ça vienne. Je n'avais pas peur. Je n'étais pas impatiente pour une fois. Que ça vienne oui. Paisiblement. Que ça vienne. Et c'est arrivé d'un coup je me suis levée et j'ai commencé par le poignet puis le coude puis l'épaule puis le corps tout entier.
Sans cesse, je recherche le point de déséquilibre. Dans les graviers beiges, au bord des mouvements je l'ai trouvé.
Commentaires :
Re:
C'est vrai que pour le coup, j'vaias beau ne pas aller dormir, plus rien en rentrait. La période partiel a été bien trop longue ce semestre. Et puis comme tu dis, la mémoire n'en faisait qu'à sa tête!
"La dernière fois que je me suis laissé guider par moi-même, ça a duré un mois, et j'ai traversé l'Europe d'Ouest en Est..." J'aime bien ça. Je trouve ça très difficile de s'écouter tu sais (tiens je n'ai aps fait exprès pour ce tu sais!), j'évite souvent le sujet avec moi-même. JE ne sais plus quand c'était la dernière fois, parce que bien sûr, tout ça, tout cet article, je crois qu'ile st faux, je crois qu'il n'a jamais existé.
Re:
Savoir s'écouter, oh que oui, c'est dur. Dur de faire la différence entre ce qu'on pense vraiment, et ce qu'on veut nous faire penser. Et puis savoir s'écouter, des fois, c'est pas très réjouissant. Mais ça m'a permis d'avancer (dans le bon sens, ça, je l'ignore, mais il vaut mieux ne pas le savoir)
"tout cet article, je crois qu'ile st faux, je crois qu'il n'a jamais existé" -> Je dois être trop naïf, pour avoir cru le contraire, faut croire. (On ne se refait pas, hein... ^^)
Re:
Savoir s'écouter demande d'être très l'aise avec les autres et soi-même... Disons qu'il faut faire du mieux qu'on peut...
Oui, tout n'était pas vrai encore une fois... C'est mignon d'être naïf ;)
Et puis, ce texte donne envie de d'écouter son coeur et de croquer la vie à pleine dent, de profiter. Vraiment.
Et puis, et puis... je n'ai pas de mémoire pour certaines choses qui ne m'intéressent pas. J'ai une mémoire comme toi très très très sélective et qui n'a fait qu'à sa tête, qu'à son coeur. Je me souviens de conversation, des mots, des phrases exactes mais apprendre une liste de vocabulaire: je pourrais y passer des journées, je n'y arriverai pas. Parfois, c'est très handicapant.
Et parfois à l'inverse, quand une matière, un professeur me "plait": je n'ai pas besoin de relire mon cours, j'ai tout retenu en l'écoutant.
Il y a des bons et des mauvais cotés. Et lors des partiels, j'ai toujours des supers notes aux choses où il faut le plus réfléchir et avoir une mémoire "intellective", mais là où cela demande juste une mémoire mécanique ( ancien français, latin ... ), je me prends des gros GROS cartons.
Alors qu'en général, les "autres", c'est l'inverse.
Enfin, on a pas le choix. Alors, cultivons notre mémoire. :)
Re:
e suis d'accord, quand le prof a cette capacité de nous captiver, c'est tout de même plus facile de s'intéresser à la matière. Le problème avec ces listes de vocabulaire à apprendre bêtement, ou les partiels d'ancien fr, c'est que je n'ai jms vraiment le temps. Du coup, moi non plus je ne suis aps vraiement au point!
Quand aux cours à recracher, je trouve cela simplement inutil, je n'adhère pas à cette pédagogie, et donc e suis réfractaire, inconsciemment certes, mais je n'apprends pas comme il faut!!
Cultivons notre mémoire oui!!!
Ou peut-être alors, est-ce le contenu, qui m'a plu. L'impression de déjà vécu, les nuits blanches, à me tourner et me retourner dans mon lit, tandis que des tas de questions faisaient de même dans mon petit cerveau. Le même petit cerveau têtu qui cultive l'art de la mémoire sélective, refusant obstinément de mémoriser la moindre donnée s'il la juge inintéressante.
"Se laisser guider par soi-même". La dernière fois que ça m'est arrivé, j'avais grandement besoin de faire le point, je crois. J'avais besoin d'être sûr de faire les bons choix. La dernière fois que je me suis laissé guider par moi-même, ça a duré un mois, et j'ai traversé l'Europe d'Ouest en Est... (moi, fou ? Noooon, si peu...)