Il a toujours cette arrogance. Maintenant ça ne me plaît plus, ça m'ennuie, ça m'agace. Oui quand j'y repense je ne ressens pas de tendresse, ni d'affection pour notre passé. Peut-être que plus tard. On est assuré pour des tonnes de choses, on est assuré physiquement. Mais pas moralement. En arrivant, personne ne m'avait jamais dit que c’était comme ça. Qu'on se prenait des coups dans la gueule et que ça faisait mal en plus. Personne ne m'avait dit qu'il ne fallait jamais se donner toute entière, qu'il fallait se protéger. Des garçons, des hommes. Des femmes aussi. Des amis. Il y a des fois où je retournerais bien quelques secondes dans mon petit monde de vie tout en Rose avec les ballerines et les rêves au dessus des nuages. Sauf qu'il faut bien se résigner à vieillir. Et j'ai de la rancoeur, des souvenirs plutôt dégueulasses de nous. Autour de moi ça semble simple. Beaucoup d'entre eux se trouvent, s'installent ensemble. Et pas tant que ça finalement. D'autres se déchirent. D'autres qu'on ne voit plus, et puis ceux qu'on évite. J'imagine M. de retour chez ses parents, une parenthèse de sa vie maintenant. Je ne la vois plus. Je ne pense plus que rarement à elle. Le temps file. Il faut suivre sa course. Ne pas se retourner vers l'arrière, ni le lâcher des yeux quelques secondes, sinon on s'aperçoit qu'on l'a perdu en route. Le temps. Vieillir, ce n'est pas ne plus rêver. C'est peut-être ne plus refaire les mêmes conneries. Rien de tout ça ne serait arrivé si j'avais su. Mais voilà où j'en suis, quelque part sur ma route. Et où il en est lui, dans son confort dont il se contente. Et qui par ailleurs m'insupporte. Comme tous ces futurs petits couples Ikea avec trois gosses à l'arrière d'un scénique [Scénic]. Je suis amère et tiède. Je n'en veux même pas à la terre entière. J'ai juste besoin de gagner la partie. Mais pour ça, j'ai besoin de Xavier. - T'en parles comme si tu étais amoureuse. - Je ne le suis pas. - Pourquoi tu n'veux pas l'être, c'est une tare c'est ça, c'est pas bien? Je ne le suis pas. Et je ne l'ai jamais autant dit. Plus d'une semaine, et il n'avait pas le droit de boucler cette nuit comme ça. Je suis fatiguée, je ne tiens plus debout. Quand je pose le pied droit au sol en premier le matin en me levant, je sens la douleur sur les pieds. Les contractures dans le dos. Ne le dis à personne que souvent je flippe de préférer la Danse au chiffre deux. Ne dis rien à personne quand parfois j'ai peur de tomber et pas savoir me relever, quand je suis forte devant les autres alors qu'au fond je déconne à plein tube. En fait j'ai peur de ne pas trouver quelqu'un qui saura s'adapter à mon mode de vie, à mes dispositions de nuit, à moi. J'peux pas me forcer à être quelqu'un d'autre. Ne le dis à personne, mais je crois que j'ai vraiment envie de te revoir dans mes nuits. Je n'y peux rien moi si ma peau était faite pour la tienne.
Commentaires :
Re:
Merci, de ne le répéter à personne alors.
Il ne faut pas se forcer à mettre un masque, c'est vrai. Mais parfois, pour faire comprendre à "l'autre" qu'on est bien fait pour être/pleurer/rire/aimer/ ou n'importe quoi d'autre, ensemble, il faut peut-être s'efforcer. Je ne sais plus trop.
aubes
Il ne faut jamais se forcer à être quelqu'un d'autre.
Il y a des mots ici qui me paraissent forts et qui m'ont touchée.
"Je n'y peux rien moi si ma peau était faite pour la tienne."
Cette phrase aussi.