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Mes mains quittent le gouvernail

Mercredi 16/07/2008.

Je suis déguisée en cow-boy aujourd'hui et je chante en ayant un lasso imaginaire. La peinture brune est collée à mes ongles et ne part pas. J'avais le regard ailleurs et la tête troublée par quelques larmes qui allaient bientôt tomber par terre, se fracasser contre le carrelage froid. Les retenir, les retenir. J'essaie de ne pas y penser. A lui, à Clément. Je me suis inventée de nouveaux baisers avec d'autres bouches. Mais rien ne comble. Je n'ai pas envie. Comme prévu, j’étais en retard. D’un quart d’heure. Pablo aussi. Je lisais Delerm, adossée à la bouche de métro en l’attendant. Métro Etoile il avait dit, comme la dernière fois. J’avais enroulé un pull bleu clair autour des épaules et courbé les cils. Resto, champagne, salades, une bouteille de vin blanc pour deux. Un désert qu’on partagera. Il portera la petite cuillère à ma bouche. Une dizaine de billets de 10 étalés sur la table. Et puis. Boulevard de Courcelles, il m’a plaqué contre une vitrine et à poser ses lèvres. J’ai failli le repousser : l’image de Clément qui tournait en boucle. L’impression de trahir cet amour pour lui. Et puis se laisser faire après tout, tout le monde me dit de me laisser-aller. Il m’a souri en faisant demi tour. Il m‘a tenu la main dans la nuit de ce Paris qui scintillait sous les néons de la Tour Eiffel. On est passé devant chez lui. Et, avenue de Wagram. Je l’ai regardé en souriant, il a compris. Stop. Longs baisers de Juin qui sentaient l’alcool, qui n’aimaient pas mais qui témoignaient d’un réel respect néanmoins. Et la bouche de métro, ce banc juste à côté. On était indécent. Il me touchait, m'embrassait très près. Devant ces inconnus qui nous dévisageaient, je le sentais, lui aussi, mais on s’en foutait complètement. Juste pour le plaisir d’être jeune. De se sentir jeune, profondément. Il me serrait et on s’est demandé si on allait rentrer chez lui. On se l’est demandé. * * Quelques jours plus tard, il y a eu le spectacle. Il s’est passé, ni bien ni mal. Et puis la soirée chez le Cid. Je me sentais étrangère dans un Paris apprivoisé par ces nationalités. Je l’ai remarqué tout de suite. Le polonais, Vlad. Un sourire juste ravageur, une folle envie de séduire et un accent bordel un accent. Une soirée improbable. Un Allemand qui me fait Danser une Danse traditionnelle mexicaine en me parlant français. Et le Cid qui crie : « Hey ! C’est la première étrangère à y arriver du premier coup ! ». Nuit de blanche folie et rentrer dévastée à 7h00 du mat’. Sentir mes environs 20 ans sous l’épiderme qui ne tiennent plus route. A 17 ans, je les tenais les trois nuits blanches d’affilées. * J’étais un cow-boy et mes yeux ne répondaient plus aux enfants. Je repensais à cette dernière soirée avant de quitter Paris. Le pique-nique au canal de l'Asenal et Alizée qui trouvait ça très parisien. Elle s'y fera. Elle y prendra goût à Paris. Vlad nous avait rejoins un peu plus tard. Alizée et son Cid nous ont laissé zoner dans Bastille. Et c'est ce qu'on a fait. Il y a eu tous ces moments de suspension. Ces moments de trouble, mais de ce trouble agréable. Quand quatre yeux se rencontrent et se gênent. Mais je les ai fabriqué - tous. Ou alors mon coeur venait me redonner raison. A chaque fois que le moment était celui de lui prendre la main, de l'embrasser, je passais dans et devant tous ces endroits qui rappelaient Clément, qui me rappelait comme j'aimais bien notre histoire. La place des Vosges, cette vitrine où les pianos se mettent à jouer secrètement la nuit quand on passe devant avec quelques grammes dans le sang, ce restaurant Chez Clément. Je n'ai jamais autant écouté les Beatles. Je n'ai jamais autant aimé les Beatles. Je déserte ma vie pour quelques heures. Je voudrais déserter. Je voudrais croire encore au cauchemar. Que ça n'était ni plus ni moins un mauvais rêve, rien que pour me faire comprendre que j'étais attachée, qu'il comptait. Un mois et demi putain, un mois et demi à ne plus dormir le long de son corps. J'ai l'impression que ce printemps est un autre monde. Une partie de moi-même a pris le large avec Clément, comme si on m'arrachait à ma propre peau. Je respirais si vite avec lui. Le feu d'artifice du 13 était un désastre. Des musiques ringardes, trop populaires pour moi. Je me sens au-dessus de ça, au-dessus de ces gens. A chaque coup de pétard, mon corps sursautait. Une envie de pleurer à chaque fois. Un coup vaut un heurt. Le manque de lui, l'été au quart consommé, les enfants qui me sautent pourtant dans les bras le matin, n'y rien comprendre et lutter contre sa propre vie. Son propre destin. Je n'crois pas au destin de toute façon.

Parfois j'ai l'impression de ne plus me souvenir, que c'est trop loin. La chaleur de sa peau et de ses délicatesses sous les draps. Ces grands sourires, cette joie d'être en vie. Ce contentement permanent. Et plus les jours passent, plus les souvenirs se dissimulent, plus ils s'estompent et se flouent. Pourtant j'essaie encore, de fermer les yeux et de redessiner son visage avec mes doigts. J'ai l'impression de le toucher, de lui caresser la joue. J'ai l'impression que c'était lui. * Un mois et demi et même s'il y'a cette boule dans la gorge qui me donne souvent l'envie de vomir, on apprend à vivre sans. On n'a pas le choix et on en crève mais tant pis. Certaines décisions ne nous appartiennent décidément pas. Certaines décisions ne sont pas les bonnes et pourtant pas de retour en arrière possible. Putain de concert, putain de réaction que j'ai eu, putain de mec impulsif.

Demain Paris, jusqu'à mardi. Il y aura normalement Pablo, et après? Paris se fume et part en fumée des Malboros de Clément qui s’amoncellent vers le ciel. Pablo me dit de sauter dans le premier train pour Paris. Ca me fait sourire. Juste ça. Pas beaucoup plus. Faire des choses imprévisibles, faire des choses déraisonnables. En avançant vers le bus, je me rappelais de cette fougue à mes 17 ans. Ces risques que je pouvais prendre et que je ne prends plus vraiment. Il n’y en a peut-être eu qu’un seul cette année. Faire dormir chez moi un garçon que je n'avais jamais vu. Que quelques mots qui avaient coulé. Ca c'était déraisonnable, non?

C'est l'anniversaire de cette fille qui était presque tout le temps à côté de moi en première et en terminale. Plus aucune nouvelle. Les amies qui vont qui viennent, c’est une autre histoire. Moi aussi je voudrais pouvoir dire que j'aime les 15 juillet et que tout va bien.

Je me suis inventée de nouveaux baisers avec d'autres bouches. Mais rien ne comble. Je n'ai pas envie. Et plus les jours passent, plus les souvenirs se dissimulent, plus ils s'estompent et se flouent. On apprend à vivre sans. On n'a pas le choix et on en crève mais tant pis.  Faire des choses imprévisibles. J'ai l'impression que c'était lui.

Ecrit par lilou, le Vendredi 18 Juillet 2008, 01:30 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

exvag
exvag
18-07-08 à 01:52

Il ne faut plus avoir l'impression que c'était lui ...
Il te faut trouver du encore plus merveilleux,
Avancer, profiter, vivre.

Tu pourras aimer les 15 juillets et le reste du calendrier aussi.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
18-07-08 à 23:00

Re:

Mais il faut. Mais où je le trouve moi ce plus merveilleux? Je suis essoufflée pour les chasses au trésor...

J'aimerais pouvoir les aimer et les vivre, toutes ces dates qui défilent. mais je suis encore dans ce temps ou non vraiment, c'est encore trop dur.

Merci, d'être là.


 
m'aime que
27-07-08 à 12:17

    J'aime ces mots là. Peut-être parce qu'ils résonnent, peut-être parce que je m'y retrouve parfois. Je les aime.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
01-08-08 à 19:14

Re:

S'ils résonnent, même du bruit, c'est toujours ça. Merci de t'y retrouver quelque fois, merci de les aimer.

 
aubes
aubes
04-08-08 à 21:31

On apprend à vivre sans. Voilà, c'est ça. Avant d'apprendre à vivre tout court. Enfn avant de, vivre, uniquement.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 21:55

Re:

Les choses qu'on apprend ont généralement un mode d'emploi non? J'ai peur de perdre du temps à force de le chercher. Perdre le temps de vivre.

En fait, 'on apprend', c'est plutôt qu'on n'a pas le choix, c'est qu'il faut bien.


 
aubes
aubes
04-08-08 à 22:04

Re:

Oui, justement, tu ne l'as pas mis au conditionnel.

De lire ces mots m'a fait ressentir quelque chose de semblable à la fierté, fierté de toi. Enfin ce n'est pas du tout le bon mot mais. On apprend. C'est le début.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
04-08-08 à 22:19

Re:

Alors is c'est le début, même s'il n'est pas très bon, un peu abncal et que de temps en temps, on recule encore de trois pas pour avancer de quatre, je dirai que ça a du bon.