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Meme si l'on vit cet amour comme un art

Samedi 06/03/2010 et suite.

J'ai voulu monter à l'avant et j'ai dit "Je la connais pas moi cette voiture". Comme s'il y avait des raisons pour que je la connaisse.
Il y avait beaucoup plus de consistance dans nos silences avec Antoine que dans ces allusions constantes avec Hugues. Tout ça c'est du flan. Je me raccrochais à ce qu'on avait créé avec Hugues durant tout ce temps pendant lequel Antoine construisait une petite vie bien rangée, qui doit lui plaire, sous certains angles. Je m'agrippais à chacun des sourires d’Hugues, chaque blague, chaque curiosité, chaque désir qui transparaissait, chaque fuite, chaque fois qu'on parlait du futur, du mariage, de notre vie dans un pavillon de banlieue sud, de l'Australie en demi-teinte. Et Antoine était là, tantôt dans le fauteuil une bière à la main, sourire narquois au bord des lèvres, tantôt contre le mur, sur le lit d'Hugues (qui va à la chasse), à nous écouter être deux amis qui se connaissent - plutôt très bien. Je mettais mes jambes sous la couverture. Je laissais passer des messages à Antoine en parlant à Hugues, j'avais envie de circonstances atténuantes pour comprendre pourquoi, pourquoi je lui aurais donné ma peau à ce mec qui, cinq ans plus tôt, avait réduit mon corps en miette de tristesse et de douleur accrue.

Ce n'est pas tant ce qu'on était, c'est ce qu'on aurait pu être qui me manque. J’ai conclu ça comme un passage au lisible. Antoine me manque. On se contrôle, on tient la distance, parce qu’on sait qu’on n’a pas le droit. Engagé dans cette vie d’adulte, engagée dans un Paris trop profond pour s’y résoudre. On se jauge. Mais tout est dans ce qui ne se voit pas et se sent au temporel. Evidemment, si les circonstances étaient propices : appart, vin, souvenirs, Saez ou Rock adolescent. Mais. Il faut sûrement accepter connement de passer à côté de certaines personnes.

A chaque fois qu'Hugues s'absentait, Antoine devenait plus libre. Il reprenait son sourire d'avant et des bribes de notre complicité adolescente. Comme quand il m’a ramené devant chez moi. Et il y a eu ces quelques mots, ses lèvres qui s’entrouvraient, et l’envie de le serrer dans mes bras – une fois de plus dans la soirée. La chair, la chair de nos deux dernières années de lycée. La barrière n'était pas à rompre avec moi, comme si cette année et demi à ne pas l'avoir vu, à avoir repris contact, à s'être envoyé des sms, comme si ce n'était pas infranchissable. Je l’ai aimé jusqu’au-dehors, je l’ai aimé et pourtant la destruction transperçait pour la première fois avec lui, dans ses bras, et ses poings qui serraient trop forts. 

Il y avait bien trop de flottements pour que ce soit vrai. Je ne voudrais ressentir que de la nostalgie par moment. J'me dis ça fait cinq Lucie, cinq ans et tu n'as pas complètement tiré un trait, et cette histoire t'affecte encore, et elle t'enlise dans tes relations présentes. Aujourd’hui tu as 22 ans et tu vis toujours dans- avec - ce passé mi- mal, mi-teinte. Je suis sinueuse et je m'en veux de ne pas avoir su passer à autre chose plus tôt. Je lui ai tout donné de moi, même le plus inaccessible des travers. Les blousons d'automne finiront par tomber, j'espère.
Je n'ai jamais à tord, attendu la fin de notre histoire. Elle perdure comme ça, dans des airs silencieux et nomades. Et lorsqu'on se revoie, je crois que tout explose en nous dans une lenteur et un silence vide.
Je ne pourrais jamais l'oublier parce que cette histoire ne s'oublie pas. Je n'en suis pas revenue et je n'en reviendrais que quand. Stop. Pas ici.
Aujourd’hui, une partie d’avant le ‘Stop ‘ est tombée. Et pourtant, je n’en reviens toujours pas. Parce qu’il n’y a pas eu d’amour depuis, ce doit-être ça. Malgré ce qu’il s’est passé ces derniers temps, ça n’aura pas suffit. Il y a cette impression que plus rien ne compte autour lorsqu'on a quelqu'un à qui penser. Et il a été quasiment le seul. Alors non cette histoire n'a pas existé dans la réalité, elle s'est imaginée au creux de paradis perdus, elle s'est épuisée lentement dans nos rêves adolescents, dans des chemins de traverses.

 Ils étaient là, tous les deux, ce vendredi là. Mes 15 ans avec Hugues, mes 17 ans avec Antoine, mon présent avec Hugues, mon futur avec Hugues, et je mourrais de mon premier chagrin d’amour. Comme tout le monde.

 

Ecrit par lilou, le Mercredi 24 Mars 2010, 22:42 dans la rubrique Au jour le jour.