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Manque à gagner

Sans arrêt je pensais à mes cheveux et mes yeux ce soir. Si les premiers étaient encore brillants, et si les deuxièmes n'avaient toujours pas coulés. Je suis arrivée quelques portes plus loin à mon étage en déclarant que les garçons étaient méchants en ce moment. 'Méchant' ça fait petite fille, je m’en rend compte. Mais quoi d'autre ? Tout est trop décevant pour le décrire correctement. Il y a ce garçon qui est arrivé un peu plus tard, après ses cours de tennis. J'ai aimé sa chemise rouge à carreaux, ses cheveux en pagaille et son sourire putain son sourire, ses dents bien alignées et son corps sec. Ni trop grand ni trop petit. Son colloc avait prévenu 'Juste bien'. Oui juste bien. Il a tous mes clichés. Et il est journaliste aussi. En partant il 'ma dit 'à bientôt' mais je sais que ça ne veut plus rien dire. J'ai déjà dû le croiser dans l'ascenseur et me dire qu'un type comme ça, c'est inaccessible pour une fille comme moi. A cause de ces stéréotypes sociétaux. Je m'accrochais quand même. De temps en temps il parlait électro avec la fille du 2e. Et je me rends compte que j’ai une peur bleue de la concurrence féminine. De plus en plus, elle me noie dans l’indolence.

Je sens que j'ai du plomb dans l'aile. Et ça pèse, ça me pèse. Devant Alix toujours. Parfois j'ai envie de tout foutre en l'air et lui demander son numéro, s'il a une copine et l'inviter à boire un verre. En un temps court et sec. Arrêter de penser à le travailler au corps. Je me demande si finalement je n’ai pas bouffé le temps dont j'avais tellement besoin avec lui. Le premier semestre se termine sur fond de copies à imprimer et cours à ficher – en principe. Et je n’ai même pas eu le courage de lui demander un des trois. Le cours se finissent vendredi, et je n’ai fais qu’installer quelques rumeurs à propos de nous. C’était involontaire et imprévu. Si les autres l’ont vu, il doit s’en douter. S’éloigner, revenir, séduire. Je ne sais plus comment faire. Ca ne me semble plus dingue mais une idylle qui restera indicible et sans attente de rêves aux couleurs immobiles.

J'ai revu Ju. en fin d'après-midi. Après ces tonnes de rendez-vous manqués. On a une vie de dingue cette année, c'est vrai. Il fallait résumer ses vies le plus vite possible. J’ai retrouvé mes vies parallèles d'il y a trois ans, quand je commençais les Lettres. Et cette Fac. On en parlait en se disant que ça nous manque, ces intimités, ces profs brillants, cette sensation d'y appartenir quand on passe la cours. On a toujours l'idée d'y revenir. Et pourtant je sais que la Littérature est bornée pour moi. Je suis allée au bout de ce qu'aujourd'hui me permettait. La fille du 2e disait que nos activités l'impressionnaient. En fait, je veux bien la croire. C'est vrai, tu verrais la tonne de choses qui m'habitent. Je suis partout et ailleurs à la fois et je trouve même le temps de  trouver les garçons méchants. Et puis je n'ai plus envie de la justifier leur méchanceté. Mais il y a trois ans, je les aimais. Ces multiples vies aux couleurs savoureuses. Aujourd'hui elles m'enchainent. Tout devient compliqué parce que ce n'est plus possible de faire à moitié ou en pointillé ou en dent de scie, l'investissement est primordial maintenant.

Je ne fais même plus de tentatives de bien écrire. J'ai passé le cap d'y penser, d'y plancher. Tu vois là j’aurais voulu tout retravailler, dire que je n’ai pas vu Ju. en fin d’après-midi mais que le café, à cette heure, étaient remplis d’une moitié de parisiens en train de dîner, une autre moitié en train de prendre l’apéro. Me dire que lorsque le garçon à la chemise à carreaux rouges, Gaëtan, était debout devant la chaise, que les premiers mots que j’ai dû lui lancer étaient « Ben reste pas planter là, assis-toi ! » et qu’il a trouvé ça inattendu, peut-être brutal, mais putain son sourire toujours là, même pas figé. Ecrire que je ne savais pas comment redescendre ma robe sur les cuisses au moment où il s’est assis. Et que son sourire.

 

Ecrit par lilou, le Mercredi 13 Janvier 2010, 02:08 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
13-01-10 à 14:46

C'est morose, cette période. Les examens, les examens, les examens. Et l'envie de faire tout autre chose. Et le manque d'affection, de garçons.
Vivement février...

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
20-01-10 à 15:46

Re:

Oui c'est exactement ça. En effet, mi-février me presse. J'ai tellement hate d'en finir, de boucler ces premiers mois, ces premiers relevés de note, ces premières conneries aussi. Avec ces garçons qui. Bref.
A bientôt, néanmoins ;)

 
LiliLou
LiliLou
21-01-10 à 23:39

Les garçons sont méchants. On le dit parce qu'on a besoin d'un calin, et de tout plein d'amour, comme une gamine, comme les enfants qui cherchent tendresse et reconnaissance. Y'a besoin parfois.


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
15-02-10 à 19:27

Re:

Ouai mais besoin de calin, d'amour, ça vaut aussi pour les plus grands non? il n'y a pas que les gamines, que les petites filles qui en ont besoin. Je crois.