* dans les rues de Paris, trottoirs du 11ème

Les enfants sont durs et dissipés. Ca crie dans tous les sens et je n'ai pas très envie de hausser la voix. Crier je ne sais plus trop faire je crois. Ma voix porte, au théâtre, dans les salles de spectacle, mais comme ça, plus vraiment. Je sens que ma patience est étriquée. Je sens que je n'ai plus ce sourire et cette envie de courir avec eux. Je sens que mon rythme durant l'année scolaire me fatigue - m'a fatigué - et que ces deux mois d'été dans les rondes enfantines sont de trop. Pour moi, pour mes muscles. Pour le faire bien. Et pourtant il faudra. Les contrats sont quasiment, si ce n'est déjà signés. Les grilles des planings se remplissent au fil des jours et les réunions durent tard le soir. Je vagabonde jusqu'en début de nuit dans les alentours de ma chambre parce que je veux vivre un peu. Pour autre chose, pour moi. Les journées dans ce château en haut de la ville s'étirent, s'étirent, le temps s'arrête presque. Les animateurs ont déjà les yeux cernés les voix résistent encore un peu. Je porte un foulard marocain autour du cou dont on se sert pour jouer au béret ou au photographe. Dans mon sac à dos, j'entasse les dessins d'enfant. On m'écrit de jolis mots et ils assemblent des couleurs improbables. Ce midi, j'ai reçu un arbre à coeur. ... et des triangles à cinq côtés.