Lundi 15 octobre 12.
La recherche de l'Autre, d'un autre, apparaît comme un besoin imminent. Il y a des foutues choses que je ne comprends décidément pas. Les garçons vont et viennent comme les vagues de la mer repartent et puis reviennent - oui je dis qu'elles repartent avant de revenir, comme s'il subsistait une appétence indescriptible, comme si je prenais ma peau et mon être entier pour un aimant irrésistible qui fait qu'on y revient forcément. Et en général, c'est vrai, ils reviennent. Je ne suis pas de ces gens qui finissent par laisser. Tomber.
M. me fait rire, mourir de rire, je me tords souvent et il m'arrive de lui demander de s'arrêter d'être si drôle - une histoire de culotte. Parfois, il me caricature : 'Cher journal'... et là encore, je me mets à rire. Il croyait que je jouais la comédie ou la tragédie plutôt : 'Lucie, acte IV scène 2...'. Je crois aujourd'hui qu'il a compris puisque devant la mer, il m'a dit : ' Au début tu me parlais d'autres garçons, tu me parlais sans cesse de Gyl, un peu de B., du collègue de bureau ; aujourd'hui, tu ne me parles plus que de moi'. On sait le chemin qui s'est déroulé sous mes pieds pour Gyl, je sais que B. était un prétexte et que le collègue de bureau est parti en vacances quand M. rentrait bronzé et se perdait dans de nouvelles arguties avec sa copine, celle qui a partagé un tiers de sa vie. Moi j'ai partagé la moitié d'un été ; et déjà, tout a changé pour moi. Je n'imagine pas ma vie sans lui, je veux dire, je n'imagine pas que nous fassions comme si rien n'avait existé ; pour ça, sur le chemin du retour, je nous ai souhaité le meilleur à tous les deux, et qu'il soit présent le jour où je me marierai - à quelle table? Celle des invités ou celle des mariés? La question reste.
Mercredi 17 octobre 12.
Il devient mon miroir, son chagrin devient le mien, sa peine n'est pas la mienne mais je suis aussi perdue que lui. Nos raisons diffèrent, parfois, pas toujours. Mais il m'apaise, il est le seul à m'apaiser en ce moment, il n'y a rien d'autre qui sait me sortir de cette fatigue omniprésente. Je ne suis pas satisfaite, lui non plus. Son histoire d'amour est en sursis, je voudrais qu'elle se termine. Qu'elle le rende libre. Que cette femme lui rende sa vie pour qu'enfin, il vive complètement. Il trouve que je suis une fille vivante et je lui offre des oursons guimauve emballés dans du Sopalin pour un peu de douceur. On oublie tout avec les oursons guimauve, tout va bien quand on les mange je lui explique. Moi, je lui dis que je suis une tête brûlée des sentiments et il approuve.
Cet après-midi encore, quand sur l'écran de mon portable, il imitait en boucle un danseur contemporain, je riais autant que l'on m'entendait pouffer derrière la caméra. Il me fait écouter des chansons de 1968, et chacun de nos goûts s'accordent à ceux de l'autre : la polenta, Delerm ou celui pour la Nocturne n°2 de Chopin. Au début, ça l'excitait d'être un personnage principal, d'être M. Aujourd'hui, il est beaucoup moins à l'aise avec l'idée d'être le héros de l'histoire. Pourtant, la nuit dernière jusqu'à ce matin 09h07, il était le maître de nos deux corps. Nous avons été parfaits, trois fois, nous avons été parfaits.
Aujourd'hui, chaque jour, chaque moment que nous passons ensemble et qui assurent qu'il y en ait d'autres est une victoire. Aujourd'hui, l'idée d'arrêter de le voir me compresse le coeur et m'empêche de faire quoi que ce soit de mes journées. Peut-être que dans un an, la vie sera ailleurs et ce ne sera pas plus mal, en attendant, j'ai toujours un mal de chien à vivre mes histoires impossibles et à panser mes amours imaginaires. Il dit que je dis des choses fortes et percutantes. Lorsqu'il dit que son coeur est vide, je n'aspire qu'à une chose, le remplir avec le mien qui déborde.
(Aujourd'hui, Hugues a eu 25 ans et je ne me souviens plus très bien quels gentils mots je lui ai envoyé. Je parlais de ballons de baudruche multicolores, de fête surprise et de belle et grande choses je crois. De ne pas devenir sage trop vite peut-être bien aussi. Je ne sais plus comment faire pour éviter que l'on devienne des étrangers).
Commentaires :
Re: vague...
Je ne sais pas si on peut en faire une forme de généralité mais je crois profondément que quand il y a "une difficulté", les femmes aiment bien en parler et les hommes aiment bien s'isoler...
Autre chose, les hommes n'aiment pas trop prendre la décision "d'arrêter", ce sont plutôt les femmes qui, lasses, finissent par les quitter... ou la décision "de choisir entre deux", c'est difficile pour eux...
Merci de votre message en retour, vraiment je me suis dit que l'ensemble de mes commentaires vous avait un peu "étouffé" !
Au plaisir de partager d'autres réflexions si vous le souhaitez...
Re: vague...
je crois au final que chaque histoire est différente et que chaque personne s'y adapte, du mieux qu'il peut. Et selon où il en est.
concernant les autres messages, je ne peux pour l'instant y répondre.
mais merci de votre passage...
Re: vague...
Je suis d'accord "chaque personne s'adapte selon où il en est"...
Je suis aussi d'accord sur le fait que vous ne prendrez pas la décision d'arrêter... pas aujourd'hui... "je ne te lâcherai pas"...parce que c'est comme si "je décidais de lâcher ce que j'ai commencé..."
Re: vague...
Pourquoi "qu'elle le rende libre" ? Pourquoi n'est ce pas à lui de prendre ses responsabilités et d'aller naturellement "là où il pense aimer et être aimé" ??
Je trouve qu'il y a beaucoup de facilité à "ne pas choisir" surtout si personne vient nous le demander...
eveildessens
vague...
Belle image, la vague...
Oui les hommes ont généralement besoin de respirer, ils n'aiment pas se sentir attachés et lorsqu'ils sont apaisés, ils reviennent là où "on" leur a montré qu'ils avaient compté...