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Lâche moi ta fin de jour

[ Sur les marches de Montmartre, les doigts glacés. Paris en suspension.Profonde respiration entre les côtes,quelques moments évanescents qui me bercent de vie].

Le mardi 26 février 2008, 17H24.

Ligne 5.

Paris est gris, gris comme l’eau de pluie, comme la douleur qu’il y a dans mon corps. Elle nous l’a rappelé l’autre jour. "Vous avez choisi un métier où vous aurez mal en vous réveillant chaque matin." Il suffirait peut-être de vivre en décalé. De vivre à l’inverse du jour qui vient d’éclore. Les douleurs en continu, Danser dessus, ne pas s’arrêter, surtout pas. Avec Luc, on regarde les jolis garçons dans les rues de Paris ou dans les couloirs de la Fac. Comme le blond du cours de latin. Il a l’air timide. Je me suis assise discrètement à côté de lui. Oui, et après. Après, je n’sais pas. Après on a dû se dire 8 mots, 26 syllabes, 42 phonèmes, 11 expirations et basta. J’ai pensé à écrire mon numéro sur ces cours pendant la pause. Pas pour lui vraiment. Juste pour me mettre en danger, pour me prouver qu’il y a encore un peu de cette audace dans mon sang. Je voudrais faire des choses imprévisibles et dépasser le spontané. A 16 ans je savais. J’ai envie d’assembler des images en ce moment. Alors je ne sais pas trop si c’est en Dansant, en photo, ou bien en film. J’ai envie de filmer Paris au printemps, d’écrire ce scénario à 4, 6, 7, 8 mains, avec eux. On parle de collocation, d’un loft immense où il y aurait une baignoire en plein milieu. Luc me lance dans des concours d’écriture. Ecrire une lettre d’amour. Oui mais à qui, pour qui, comment ? Je ne suis sûrement pas très douée pour ça. J’ai peut-être un peu oublié.

[*] Notre cinéma. J'enfile une robe voilée de bleu pour faire comme si. Comme si j'y étais aussi. Allonger dans des canapés, à faire nos pronostics. Je croisais les doigts pour les Chansons d'amour. Je lui tends une main pour qu'il me glisse une fin de cigarette entre les doigts. Et mes yeux coulent un peu pour le César de Marion Cotillard. Ca pique en frottant à cause du noir. Paris s'endort à la fenêtre du 12ème. Et la pellicule continue de tourner en rond.

Ecrit par lilou, le Dimanche 9 Mars 2008, 18:19 dans la rubrique Au jour le jour.