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Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit

Je suis restée des secondes entières assises sur mon lit, portable à la main. Je suis restée des secondes entières à me demander coment on faisait. Comment j'allais faire pour rappeler Clément. En passant devant le miroir de la salle de bain, j'ai entendu l'échéance que je m'étais fixée. Avant les vacances de Noël. C'est la seule chose qui fonctionne quand j'ai peur, les échéances.

C'était le 30 avril la dernière fois. Qu’on s’est vu. Le lendemain de mes 22 ans. J'avais passé du temps devant le miroir après le cours d'anglais pour tout revérifier. Les yeux, la bouche, le teint, les cheveux, les bijoux, le foulard bleu noué au cou. La petite pince, les boucles d'oreille, les bottes beiges. Les lèvres. Pour qu'il en est envie. Il m'attendait sur les marches de l'Opéra, comme souvent avant. On était passé devant le café des Anges où tout s'était terminé pour une histoire, une excuse inventée. On avait marché jusqu'à Nation je crois. Non, Nation c'était en septembre, il y a plus d'un an. C'était aussi l'été avec la jupe noire de Marich, les petites spartiates, les Lucky Strike de Clément, les photos de lui que je prenais encore. La sueur dans le dos à cause de la chaleur, sur les cuisses qui se frottaient. Il y avait eu l'envie de l'embrasser si fort cet après-midi là. Et la voix d’Hugues complètement paumée que je n’avais eu envie d’aider. Et je me rappelle que le soir, le flirt polonais ne signifiait rien que du préfabriqué. En septembre, à Nation, je me rappelle avoir eu froid parce qu'il voulait fumer en terrasse, malgré le pull violet d’Alizée. Elle était à Paris à ce moment-là et il y avait eu notre colloc'. Je me rappelle que je n'avais pas eu latin juste avant. Et que j'avais pleuré dans les draps durant la nuit. Il avait eu une relation sporadique qu'il disait, avec une fille, l'été, rencontrée sur la plage. Il l'avait ramené dans sa chambre. Et j'avais eu le sentiment qu'elle avait désossé le reste de pureté qu'on se fabriquait encore à nous deux.
Le 30 avril, à Voltaire, nous avions fumé plusieurs cigarettes après être passés acheter des Marlboro rouge dans le tabac de la rue Daval. Je me souviens qu'avant de payer, il avait fait une réflexion sur ma tenue, chemise blanche et large dans le pantalon, et surtout à propos du foulard. Je me rappelle qu'on essayait encore de craquer des allumettes d'ne seule main à la terrasse, comme avant, quand les nuits du 11e arrondissement nous appartenaient encore. J'avais eu envie qu'il vienne le soir à mon anniversaire et il n'était pas venu bien sûr. Je ne me souviens plus de la raison, sans doute ces amis - qui me manquaient. Il m'avait semblé sale, avec ces cheveux pas coupés, les trous dans son pull et ces doigts froids qui restent à l'air pour le tabac. Je l'avais trouvé impure. Il ne me plaisait plus – du moins je crevais d’envie de le faire croire et c’était déjà ça de perdu. Il m'avait parlé de Sade et de son excitation pendant les lectures avec une pudeur enfantine que je retrouvais et qui me rappelait ce qui m'avait plus, entre autres choses, quand je l'avais découvert dans les nuits de concerts des Naz. Je me rappelle avoir agi comme une conne le soir, quand tout le monde était réuni dans mes 22m² pour mes 22 ans. Je me rappelle avoir subi l'alcool très tôt dans la soirée, être tombée sur les genoux de Ju., m'être enfermée dans la salle de bain avec Stan qui démaquillait les traces noires des pleurs assises contre le mur. Je me rappelle que C. avait enlevé son T-shirt, Ju. aussi, qu'elle avait retiré mon haut et m'avait embrassé. Je me rappelle, avant de m'endormir à quatre dans ce canapé déplié, avoir embrassé Ju. des dizaines de fois et m'être penché sur Stan avant de l'embrasser lui aussi. Devant les autres. Je me rappelle qu'au réveil, la situation ne m'avait pas fait rire. Que je l'avais trouvé malsaine et inconsistante. Qu'il n'y avait  rien de constructif là-dedans. Pas même un plaisir suspendu, celui d'avoir enlacé des bouches aux tonalités tantôt majeure, tantôt mineure. Je me rappelle comme j'avais eu envie d'écrire tout cela.
Je vais mieux c'est indéniable. Je ne me farde plus pour me cacher de cette absence de lui. Je ne camouffle plus cette colère que j'ignorais. Existe-t-elle encore? Sans doute, mais c'est à travers eux. Ces garçons qui ne détiennent pas la vérité et qui pourtant imposent leurs ressorts.

Hier soir, quand Julien me parlait de pureté, qu'il disait toi, t'es pure, je me suis sentie rassurée. Parce que mon esprit tend à partir dans des débauches d'énergie que mon corps ne suit pas, dont mon corps a peur et qui ne lui conviennent pas. C'est cette histoire de plan à trois, c’est Justin qui me donne envie de lui en massant mon dos avec ses mains sûres, en me déshabillant dans le lit blanc, en étant fort et détaché, c'est ma théorie de l'échec quand je passe la nuit avec le meilleur ami d'Hugues plutôt qu'avec lui, quand je le stoppe bien sûr, parce qu'Hugues résonne bien trop fort pour qu'il me foute la paix, c’est le film de cet été au cinéma avec Antov qui m'avait donné envie de lui toute la séance, qui m'avait catharsisé par tout ce sexe envolé et cette autodestruction évidente que je n'avais dès lors pas vu. C'est surtout ce spectacle, cette Marilou de qui je suis tombée amoureuse et qui m'obsède aujourd'hui, bien plus que ce que j'ai pu en dire à Alix. Alix. Il me ramène à ce que je suis je le sens. Comme Antoine m'avait dévoilé, Alix m'y ramène sans qu'il s'en aperçoive. Il est là sans l'être. Il est beau et grand et ce n'est tellement pas ce qui m'a plu. J'avais trouvé ça énorme, cette appartenance future. Comme celle avec Antoine. Aujourd'hui j'ai retrouvé cet être binaire, tantôt angélique, tantôt diabolique. Alix aura la tendresse et la blancheur dans ses sourires et dans la vie. Dans la noirceur du lit, il saura saisir chaque parcelle de ma peau découverte. Chaque montré du doigt aura son importance. Tout transparaîtra comme un lendemain de disconvenu.

Je suis restée des secondes entières assise sur mon lit, portable à la main. Je suis restée des secondes entières à me demander comment on faisait. Comment j'allais faire pour rappeler Clément. C'est la seule chose qui fonctionne quand j'ai peur, les échéances. J'ai fini par appeler, par entendre sa voix préfabriquée du répondeur. Par tombée à la renverse sur le lit. Le souvenir de cette voix était tranchant d'une sensation qui me semblait familière, connue et presque habituelle. Par entendre sa voix plus mûre. Par entendre cette espèce d'emballement modéré qu'il fait si bien croire et transparaître.
C’était un pas. Peut-être un pas qui avançait, peut-être un pas qui reculait. Mais j’avais fini par bouleverser cette position stationnaire. Avec Clément.

Ecrit par lilou, le Mercredi 30 Décembre 2009, 02:11 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

ninoutita
ninoutita
02-01-10 à 00:19

C'est un peu compliqué à suivre mais comme j'aime, je continue.
Ca m'a fait tellement penser à moi, ces retouches maquillage, vérification de la tenue etc avant de retrouver un garçon. Comme quoi, le pique d'adrénaline va de paire avec le pique de superficialité :)
Si j'ai bien compris, Clément t'obsède, Alix est apaisant et joli à regarder, Hugues est inaccessible et Julien a les bras ouverts ?



 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
02-01-10 à 00:32

Re:

Oui oui j'avoue que c'est très compliqué de suivre sur ce coup là. Mais... Et encore la suite du dernier appel n'est pas encre écrite. En même temps, tout était brouillé. Tout se mêle.
Oui vrai pour le duo adrénaline/superficialité. Enfin je dirai plutôt 'image'. Et puis je crois qu'ils ne se rendent pas compte que c'est quand même parce qu'ils nous attirent qu'on fait tout cela.

Clément, non, il ne m'obsède plus. Je crois. Il a beaucoup compté, vraiment, j'ai été forcée de le zapper, comme un coup du sort. Et aujourd'hui j'essaie de recréer une relation entre nous, parce que des personnes aussi brillantes que lui qui t'élèvent, c'est rare d'en croiser j'ai remarqué. Tu vois?
Alix, il est. Le moment présent. Il est celui que je voudrais aujourd'hui. Oui il est beau, du moins je le trouve de plus en plus beau. Hugues, c'est... celui en qui je crois pour l'avenir, pour la vie, pour la vieillesse à deux. C'est le meilleur ami aimé en secret. (Sauf que je me suis la réalité en pleine gueule la nuit dernière). Julien, non, pas les bras ouverts, il est clairvoyant, il me recadre, dans tout ça. C'est encore autre chose.
J'espère que ça t'a un peu éclairé.


 
ninoutita
ninoutita
02-01-10 à 01:05

Re:

Donc, il faudrait se focaliser sur Alix. J'aime bien ce prénom d'ailleurs, j'ai toujours aimé les prénoms qui peuvent être portés par les deux sexes.
Enfin, se focaliser... je me focalise souvent sans m'en rendre compte, alors je ne sais pas si ça peut considéré comme un "il faut".

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
02-01-10 à 14:33

Re:

Alix ne s'appelle pas vraiment Alix, mais il pourrait porter ce prénom cela dit. Je ne l'ai aps choisi par hasard. Il y a beaucoup de douceur dans ce prénom mais il faut une sacré carapace pour la contenir. C'est qu'il est une main de velours dans un gant de fer. Enfin je crois.
Et oui se focaliser. Disons qu'en rélaité, c'est lui que je veux aujourd'hui. Mais je ne sais pas m'y prendre. Il faut, il faudrait, je devrais... oui peu importe. Quoiqu'il en soit, j'aimerais savoir y faire avec lui.