* [Opéra Garnier, 30 juin 2006]
Sur les marches de l’école de Danse, on s’est jeté quelques regards entre stagiaires que nous allions devenir. Et puis j’ai enfilé un justaucorps dans le même vestiaire que quinze jours auparavant. Et.
Pendant trois jours on a fait comme si. Comme si on jouait à l’année prochaine. On a entendu les heures de cours sonner, les profs nous corriger. On était huit à vider des bouteilles d’eau chaude dans les studios. En théâtre je me sentais à l’aise. Comme si cette année m’avait réellement apporté dans ce travail. J’avais la sensation d’être dans l’énergie souhaitée. Je sais qu’il faut s’autoriser une parfaite transparence, se laisser aller. Ils attendaient, soufflaient, avaient peur que le jeune prof ne les désigne. Moi je me suis lancée, j’ai fait mes impros, et puis je suis retournée m’asseoir dans l’arc de cercle. J’ai commenté et écouté les réactions. La prof de chant a pris place au piano. Les dos collé au sol et la main droite posée sur le ventre. Les vocalises ont laissé place à des « mimosaaa » et des « Mississippi » dans les aigus. Le lendemain la respiration qui tire, et j’avais besoin des pastilles au miel de Fred. Le seul garçon et chanteur du stage. Celui qui m’a aidé a posé France Gall et Michel Berger sur mes cordes vocales. Dans le studio du dernier étage, nos respirations se sont mêlées aux comptes de la musique, et notre transpiration aux mouvements de la chorée pour l’évaluation. Cette prof, jolie, dynamique, nous poussait chacun vers notre objectif. Elle me collait devant pour les échauffements et me bousculait pour que j’interprète les mouvements, les Danser, faire sourire ma Danse. Le lendemain, la barre au sol nous a valu un Danseur étoile debout devant nous. Et beaucoup d’entre elles soufflaient devant la difficulté physique. Je trouvais ça tellement agréable de sentir son corps dès 9h30 du matin, sentir ses muscles travaillés sans limites. Et puis les journées ont suivi. Ce prof difficile m’a collé devant les autres, il a fait de mes jambes le modèle de ses exercices. Et je me suis rendue compte que ça me motivait aussi de me sentir devant les autres, avoir l’impression que dans les yeux du prof il y a cette mansuétude. Mercredi 14h. A la chaîne, comme dans ces émissions de télé réalités. Dans la salle de Danse de l’audition du 26. Je me suis rappelée Cloé et moi à deux doigts du malaise, le souffle manquant et l’énergie au bord du gouffre. On a chanté nos chansons par deux. J’ai commencé la voix tremblante, et la prof me faisait signe de me tenir bien droite. Elle a oublié ses paroles, elle avait un sourire paniqué, et moi je ne pouvais rien faire d’autre que bouger dans le rythme du piano debout. Et puis mon corps et ma voix ont essayé de se lâcher dans le refrain. C’était paniquant, mais amusant quelque part. Parce que ça me plaît. De monter haut. Le prof de classique avait un regard de soutien je crois. En théâtre je suis sortie déçue d’avoir été trop vive et moins inspirée que le matin. Et puis j’ai dévalé les comptes dans la chorée, alors elles m’ont fait recommencer en me rassurant.
Et puis on s’est échangé quelques numéros devant une glace. Juste avant de plonger avec Marc Lévy dans un train étouffant. Deux jours après, il y avait cette lettre sur la table de la cuisine. Sourire.
[10, 11, 12 juillet 2006]
Commentaires :
ciorale
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!
Jle savais çà? Jle savais?
Non... jle savais pas! J'aurais retenu... jle savais?
C'est trop coool! Même si je le savais... c'est pas grave!! je suis encore... toujours... trop contente... Et...
Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah!
:D
Jte laisse...
Faut que j'aille me sécher les cheveux qui dégoulinent parce qu'on m'a jetée toute habillée dans la piscine! ;)
C'est rafraîchissant...
BzOo tOo dOo.
Et...
AAAAAAaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaAAAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaaaah