Le mardi 8 décembre 2008.
Il y a un torse nu. Je me rappelle le sien. La sensation exsudait sous mes doigts. De sa peau qui glisse contre la mienne. Le souvenir de sa bouche contre la nuque. Le savait-il ? Que j’aimais qu’on me prenne le visage en m’embrassant. Le savait-il lorsqu’il m’a attrapé par les lèvres pour la première fois. Lorsque sa main a glissé le long de ma joue. Je ne sais plus. Je n’y comprends rien et je le déplore. J’avais ton corps dans mes bras et ta voix au creux du silence. Je voulais juste un peu de ton temps. Un peu de ce qui aurait pu devenir heureux. Tu ne le sauras jamais. Parce que je ne sais pas le dire. Parce que je manque d’audace. Je manque de toi. Je ne sais pas profiter de ton absence. Tout ce qui me touche ne dure pas. Comme si j’étais électrique. Trop saumâtre. Peut-être que j’aurais pu l’aimer. Peut-être que je ne saurais jamais. L’essence même d’un geste de toi. L’esquisse d’un sourire. J’entends encore mon souffle s’oxygéner dans ton cou. Et même que je ne pensais sûrement plus à rien à ce moment. Tout semble s’appesantir et l’odeur du jour m’envolait dans l’éminence.
Le jeudi 10 janvier 2008. 21h07.
Je regarde les beaux garçons dans la rue et j’envie la beauté des jeunes filles blondes aux visages carrés. Je vague dans Paris. Je pense à toi pour un rien. Pour un tout. Pour l’image de ce corps qui me revient. Pour un mot que tes lèvres auraient pu sortir. Cette voix dont j’aimerais me souvenir les consonances. L’écho de ces quelques respirations raisonne dans ma mémoire comme un passé un peu trouble. Peut-être que je les aime ces mecs un peu paumés, déclassés, qu’on ne sait pas rentrer dans des cases. Peut-être que je les aime ces sourires écorchés, ces rires volés. Ces bohèmes en marge de la société. Sans doute parce que j’aimerais aussi savoir me laisser aller, à l’ivresse des jours heureux. A tirer de jolies toiles de ma nostalgie. A Danser autour de ma mélancolie. Avoir les yeux lassés pour une couleur qui ne se nuance pas dans une autre. Juste lire sur mon visage que je suis une aArtiste. Mon père le dit que je suis une rêveuse, et « heureusement ! ». Mais en ce moment, ça me file des doigts. Comme toi. Toi que j’ai l’impression d’avoir rêvé. J’aurais voulu un peu de toi pour m’accorder au bonheur d’être jeune encore. Tu sais, parfois l’air léger, à peine froid de Janvier me suffit. Lorsque les gants ne sont presque plus nécessaires. Je marche, je respire à plein poumon sous mon écharpe rouge et je me sens en vie. Et puis d’autres fois, il me pèse. Janvier, Paris, cette solitude qui ne l’est pas vraiment. En réalité, elle n’est vraie qu’en moi. Au fond de tout ce qui ne me retient plus de pleurer.
Tout fini par passer. Comme s’est venu. Je m’emballe, je dévale de sentiments que je cache le plus souvent. Qu’un peu au mieux. J’aimerais savoir remplir tes silences. Je ne peux rien voir et c’est ce qui me fait le plus mal je crois. Tracer d’un trait ces quelques heures enfuies dans ce qui n'existe plus. Je ne me souviens pas de l’image, de son visage. Seulement des contours que j’ai caressés trop sagement du bout des doigts. Sans doute comme à chaque fois.
Mes muscles me tirent. La rentrée est difficile pour mon corps. Tenir le choc des performances. J’essaie de ne pas trembler, d’être ancrée dans le sol. Et de monter le plus haut possible les jambes. Mes paupières tombent contre mes joues. Et moi je suis les trains. J’attends les métros. Je me place correctement devant les portes. Parfois les gens me bousculent et je ne daigne jamais laisser ma place. Il reste les crocodiles jaunes dans le paquet de bonbon. Je les laisse parce que je ne les aime pas.
*
Aujourd'hui, lui me semble loin. Comme si tout ça n'était pas arrivé. Parce que le temps passe, il continue sa course démente et je crois que j'ai loupé le relais.
Juste là [Ces Idées-Là, Louis Bertignac]
Commentaires :
Re:
Merci! Même si je ne partage pas ton avis. On est parfois content de ce qu'on écrit, et d'autres fois, l'écriture était juste nécessaire. Et le rendu n'est pas forcément exceptionnel.
Je joue du temps... j'ai le droit, non?!
J'ai du retard dans mes lectures de passionnée.
Re:
Merci ;) Dans la vie de tous les jours, on les entend ces mots, et puis il suffit qu'ils ne nous échappent pas.
J'en ai aussi dans les tiennes du retard, ce week end, j'essairai de le combler.
Merci de ton passage.
anarph
A part peut-être qu'il n'y avait pas de mardi 8 en décembre et ce même en 2008.