[Samedi 18/04/2009]
Le petit cousin est en plein dans ses 16 ans, il se rapproche dangereusement de ses 17. Et j'ai l'impression de m'y revoir, en plein feu sur les bandes d'arrêt d'urgence. Les sentiments à cent à l'heure, les sms a toutes heures, à pas d'heure. Il est amoureux comme je l'étais d'Antoine. Il est amoureux mais je connais la fin de l'histoire. Je ne veux rien lui gâcher et il a raison, au fond de s’y accrocher. Cette première vraie histoire d’amour c'est de celle-là qu'on meurt je crois.
Il y a quelques mois, dans l’été, Antoine s'est excusé de toutes les façons qu'il pouvait. Il disait qu'il avait été un beau salaud. Et après il a voulu créer la distance, qu'on s'évite, qu'il n'y ait plus aucun mot entre nous. Parce que ces mots-là n'étaient que du passé il a raison. Tout tournait autour de ce qu’on avait été constamment. De nos jolis souvenirs d'adolescence, de la découverte de nos deux corps, parce que c'est avec lui que, de nos sons Rock, des après-midi au barrage, il rappelait souvent comme c'était bien, comme c'était bon, comme il n'y avait pas de barrière entre nous. Parce que c'est avec lui que je me suis sentie le mieux, mais aussi avec lui qu'il y a eu la pire des souillures qu'un corps peut connaître lorsqu'il se jette à peine dans ses 17 ans. Non on n'était pas très sérieux, mais à la fois tellement frais. La fraîcheur de deux lycéens qui avaient encore la Liberté. Je rêvais pour nous deux c'est vrai, pour ma Danse et pour son dessin et ses voitures, mais il me laissait faire. Même si lui n'y croyait pas. Il a eu raison de ne pas y croire parce que quand je vois ce qu'il est devenu. Non ça n'aurait pas pu continuer s'il voulait de cette vie. L'autre l'appelle mon chéri. Alors oui forcément. Et bien sûr elle travaille dans le social comme la majorité des filles ordinaires et simples d’aujourd’hui. Forcément, nous deux, ça n’aurait pas pris cette tournure.
Je n'en ai pas retrouvé. Un homme comme lui. Les hommes diaboliques me donnent un plaisir charnel rien qu'en m'effleurant la peau. Les âmes pures elles, comme l'était Clément, oui comme il l'était cent fois mille fois, me comblent intellectuellement de tout ce qu'ils ont. Ce que les autres non pas. Cette préciosité de l’âme sensible, débraillée, arrachée même parfois. Mais elles ne savent pas toucher le corps et me saisir. Pour nos âges, Antoine avait les deux, l'impureté du sexe et les discussions conceptuelles sur nos vies que je voyais en marge. Non ça n’aurait pas pu continuer s’il voulait réellement de cette vie de couple ordinaire et sans se bousculer un peu les joues de temps en temps. Mais je sais qu’il y reviendra à la liberté. Je sais qu’il veut voir aussi tout ce que les premières années d’indépendance loin des parents amènent à empoigner. Je le sais. Parce que nos grains de peau se sont mêlés une fois déjà. Et parce que oui bien sûr, je le connais mieux qu’il ne le croit. Il y reviendra à ce que nos mots créent de nouveaux souvenirs. Nos mots et nos armes.
- Coeur de pirate, Corbeau -
Commentaires :
Re:
Lequel? Lequel de très long article tu venais de lire, si tu l'avais publié?
C'est bien qu'il y ait eu cet écho particulier, c'est.. enfin merci.
Je trouve cette phrase et tout le passage qui suit si triste. Tu sais, j'aimerai que tu trompes. Peut-être que son histoire ne finira pas, peut-être. Et, peut-être que oui, ton histoire reprendra naissance dans quelques mois, ou années aussi fraiche et pure que lorsque tu avais 17 ans.
Re:
J'ai l'impression que mes mots ne te font pas beaucoup de bien en ce moment quand il t'arrive de les lire.
Je me trompe peut-être, je l'espère pour lui. Je l'espère parce que je le disais encore à cette vieille amie lundi, j'aurais tellement voulu que mon amoureux du lycée soit celui de toute ma vie. Qu'il n'y ait eu que lui.
Je ne pense pas qu'elle reprendrait comme ça notre histoire tu sais. Parce qu'on a évolué malgré tout. Et puis je ne sais pas si j'en aurais encore envie. Pure elle l'était oui, jusqu'à ce qu'elle se termine (un peu) salement. C'est notre liberté que je vais sans doute aimer retrouver.
Je suis désolée, d'avoir cette impression si elle est juste.
Re:
Tu sais, tout à l'heure, quand je te lisais, je pensais que la première fois où j'étais venue ici, j'avais trouvé tes mots sublimes. C'était peut-être l'été dernier, je ne sais pas. Cela date un peu. Puis, je t'ai lu. J'ai lu les anciens articles durant un certains temps même. Puis, je ne sais pas, j'ai oublié de venir ici. Enfin, quand j'ai ouvert ma maison de mots en septembre. J'ai atterri à nouveau sur ton blog.
Et tout à l'heure, en te lisant, je me disais que je ne m'étais pas trompée, que tes mots, je les trouvais toujours toujours aussi justes, aussi beaux. Puis, je ne l'ai pas écrit, parce que je ne voulais pas en faire trop. Les commentaires trop gentils fleurissent parfois trop facilement sur les blogs, alors j'ai préféré me taire.
( Puis bon, en fait, je te le dis quand même. )Tu as une sensibilité qui m'accroche.
Alors non, non, tes mots ne me font pas du mal. Ils m'émerveillent.
Re:
Enfin, la réponse. J'ai réfléchi, vraiment, à comment la tourner. Mais je crois qu'elle ne sera pas à la hauteur.
"Tes mots sont empreints d'une simplicité évidente que j'affectionne particulièrement". Tu sais ça c'est très bizarre parce que tout est tellement compliqué chez moi, le choix d'un café, les grandes décisions. Alors juste c'est bizarre, caucace.
Tu sais sublime, juste, beau, tout ça c'est très touchant, c'est très génant aussi, tu sais.
Et puis, juste merci, mille fois. Parce que pour le reste, c'est surprenant mais ça fait tellement de bien de se dire que tout ça, alors que ce ne sont que deux écrans interposés
.
Re:
Re:
Re:
Bonne lecture.
Re:
Enfin a chaque fois que je commence à le lire, je m'endors. Pas parce que cela ne me plait pas, enfin je crois, juste la petite fatigue qui reprend le dessus.
Donc, je te dirais mais cela sera peut-être dans un petit moment.
Re:
Ah le premier je l'ai reçu à Noël, mais pas le temps de lire les livres que j'ai envie 'à cause' de la Fac, c'est un peu triste. Et Ormesson, ça se lit toujours aussi sereinement!
De rien pour au-dessus.
Et pour le reste, il me faut un peu de temps tu sais, parce que des commentaires comme celui-là, il n'en fleurit pas tous les jours non. Alors en attendant.
Merci,
comme ça j'ai l'impression qu'il dure un peu plus longtemps, (en attendant de vraiment y répondre).
Re:
Cours bien ;) (mais moi j'veux savoir ce que tu y disais)
Tu n'as pas répondu au mien de commentaire..
Re:
Re:
Je me souviens de mes 16 ans, à moi. L'âge de ma première vraie histoire d'amour, je crois. De ma première déception aussi, ça j'en suis sûr. Je crois qu'en fait, cette histoire m'a définitivement marqué. Que je ne serai plus vraiment le même, désormais. "Que je ne me ferai plus avoir", si je puis dire. A cette époque (il y a presque dix ans, quand même), j'étais probablement trop naïf, trop utopiste, et me plaisais à m'imaginer dans ses bras pour toujours, sans que rien ni personne n'y puisse changer quelque chose. Etre avec elle, c'était le plus important. Oui, j'ai été sur mon petit nuage quelques mois. A partager tous les instants de liberté, dès qu'ils se présentaient à nous. On a été heureux. Je ne sais pas si j'ai déjà été aussi heureux, depuis. C'était un de ces amours qu'on jugeait fort, indestructible, et qui, au final, s'est écroulé facilement, comme un château de cartes soufflé par le vent. Je suis tombé de haut, très haut, quand j'ai appris "ce qu'il ne fallait pas que je sache". Un peu comme si tous les repères s'étaient envolés. Déboussolé, complètement à la masse, à ne plus trop savoir à quoi se raccrocher, pour ne pas s'enfoncer encore plus bas. C'est triste à dire, mais trop souvent, le premier amour finit par la première rupture, celle dont on se relève trop difficilement. Enfin ça a été mon cas...
Depuis ce jour là, mon attitude a radicalement changé, tu sais, comme un dispositif de protection, pour ne pas revivre ça. Dès que je me sens véritablement enfermé dans une relation, je fuis, vraiment. Par "enfermé", il faut comprendre "passer tout mon temps libre avec l'Autre, sans possibilité de m'isoler". J'ai juste besoin d'avoir des repères autres qu'une vie de couple. Histoire de ne pas être perdu, en cas de nouveau souci. Et j'en ai connu, des demoiselles, qui ne supportaient pas que je puisse partir une demie-journée, seul, pour une randonnée, ou que des fois, j'aie besoin de tranquilité, de moments à moi, pour du piano, de l'écriture, ou d'autres choses. Je crois que depuis ce jour de février 2000, j'ai besoin de me sentir vivant en tant que personne, avant de m'imaginer en tant que "faisant partie d'un couple". Comme ça, ça peut sembler radical, comme attitude. Mais non. Les gens qui me connaissent savent que je m'attache énormément, très (trop ?) vite, que je m'investis dans tout ce que je veux, à fond, sans demie-mesure. Mais que des moments de solitudes, si courts soient-ils, c'est vital pour moi.
Ca ne plaît pas à tout le monde. Ca tombe bien, je ne veux pas plaire à tout le monde...
(et désolé, pour ce post qui vient un peu plus tard que prévu...)
Re:
"C'est triste à dire, mais trop souvent, le premier amour finit par la première rupture, celle dont on se relève trop difficilement."
Oui ça c'est vrai, mais tout ce bonheur utopiste je crois qu'il est dû au fait qu'on ne sache pas, qu'on ne sache rien à l'amour encore. Et qu'on imagine que c'est un joli sentiment et rien que ça. Et puis les ruptures on croit qu'après cette 1ère, on tiendra, on sera indestructible, mais non en fait. Ons e casse toujours la gueule de toute façon. Cela dit, je crois qu'avoir connu vraiment la liberté, et l'insoucience c'est WOW, parce que moi elles ont toujours été bloquées par qqch. Qui m'empêchaient de m'y jeter jusqu'au bout. Et je crois que la cause c'est justement ce refus d'être tout dans l'autre, de n'avoir rien d'autre autour. Alors quand tu dis que tu ne peux plus vraiment t'enfermer dans une relation, moi ça a tjs été comme ça. Cette protection elle est de plus en plus épaisse. Le jour où, vraiment, les baricade s'effondreront, je crois j'aurais tout gagné moi. Je dis ça aprce que je pense qu'on fonctionne en sens inverse quelque part. Me donner complètement à l'autre, ça me semble juste impossible, pas constructif ni utile!
Merci, d'avoir tout retapé ;)
bises
Re:
Mais de rien voyons, c'était demandé gentiment ^^
(Mini commentaire, mais bon, je viens d'écrire un article complet, ça compense. Je reviendrai ici un peu plus tard. Il fait beau, j'ai besoin de prendre l'air, plus que jamais. A très vite... Bises)
envole-moi
C'est beau.
C'est drôle je viens de relire un très long article de mes 17 ans. L'époque Nicolas. L'avant Mathieu. Et de lire ton article à toi sur tes 17 ans juste après ça a fait un écho particulier.