# Didier Wampas - Juillet 2007
Juillet. J’ai pleuré. Juste avant de présenter la création. Pendant aussi. A cause de cet été en devenir. Le centre aéré avait des allures d’obligation, les sourires des enfants m’atteignaient à peine. Pas comme d’habitude. Le stage que je ne fais même pas à moitié. Et Hugues qui. J’ai pleuré parce qu’il arrive toujours un moment où je n’arrive plus à contrôler. Où la fatigue m’effondre. Où je sens que mon corps lâche, qu’il l’est, lâche, qu’il tombe en fragments de larmes froides. 14 juillet et la ville est éclairée bien plus que d’habitude. Je ne pose pas de question, je ne souris pas. Je n’ai même pas envie de desserrer mon ventre. J’avale le diabolo le plus vite possible. Je te reproche deux trois mots. Et je me suis tirée. Forte et fière. Les lumières s'essoufflaient dans le ciel et des larmes coulaient sur mes joues jusqu'au sol. Le regard en coin de mon père. Et mes yeux restent fixes, droits devant la nuit, tout là-haut. Bord de l’eau. Puisqu’il faut parler. " - Tu gardes le chien? - Je ne veux plus rien qui vienne de toi! " Faux sérieux. Puisque c'était la seule solution. M'éloigner de ses sentiments qui m'empêchaient d'avancer. Tu n'en sauras rien. Ou peut-être un jour. Peut-être que je prendrai mon courage à deux mains et je te dirai ton odeur sur mes draps, tes musiques dans le poste, tes sourires en demi-teinte. Je ne t'ai rien reproché, je suis simplement déçue. Etre amoureuse ne me réussit pas je crois. J'ai toujours été convaincue que certaines personnes étaient douées pour le bonheur à deux. D'autres moins. Concert. Je ne l'ai plus revu depuis. J'étais calme. Un sourire, mais pas trop. Ca n'était pas prévu qu'on soit cinq. Je n'ai rien dit, pas crier, rien pour cette fois. Hugues m'a demandé comment j'allais. Bien. Sans toi je vais bien quand même. Je prends sur moi. Mais. Tu vois, on y arrive à jouer les hypocrites toutes les deux. Elle me demande même de venir sur la photo. La fête nationale c'est derrière nous. On est tous étalé sur ton lit et on va bientôt s’endormir, bière à la main. C'était donc le seul moyen. Le seul que j'ai trouvé en tout cas après tout ce temps. Alors ne plus t'appeler, ne plus pouvoir te sourire. Tout ça. En me séparant de toi, j’ai du me séparer d'eux. Je ne l'imaginais pas comme ça ce putain d'été. Sans vous. Avec d'autres. J'espérais qu'il passe le plus vite possible, c'est vrai. Vous n'avez rien compris. J'ai une longueur d'avance sur vous. Et je n'ai plus envie de m'arrêter pour vous, de vous attendre sur le trottoir. Amel me demande pourquoi on n'a pas passé l'été qui était prévu. Je suis sereine, elle s'énerve. Thomas comprend maintenant. Et toi tu restes là, tu fais comme si de rien était. En fait je ne sais pas, mais j'imagine. Peut-être qu'on n'a pas les mêmes ambitions dans la vie. Peut-être que tu en manques, que vous en manquez. Et que je m'accroche à ça pour m'éloigner. Quand les amis ne nous portent plus, il faut prendre le large. Ca me réussit je crois. Je vous aime [encore] bien sûr. J’étais amoureuse de toi. Trop longtemps. Tu m'as presque empêché de vivre le reste. Alors maintenant j'essaie de tourner la page, même si ça souffle. Mais au fond de moi, je sais à bientôt.
Souvent les soirs d'été je m'assoie dans les champs de blé
Je ferme doucement les yeux et j'écoute les pommiers chanter
[ Les Wampas - Manu Chao ]