Le ciel commence à montrer le bleu de son humeur, les gens sourient un peu plus, j'essaie de laisser mes gants arc en ciel dans mon sac à dos. Je sors mes petites vestes et me prend la pluie fine et vive sur les épaules. Il y a ces grèves générales qui servent d'alibi à nos retards, il y a ces manifestations de loin. Et le mois d'avril. Parce c'est le mien. Il y a quelques jours, je disais que j'avais 17 ans et 23 mois. Aujourd'hui mon frère n'a même pas soufflé ces bougies. Il n'a pas arraché le papier cadeau. Il le fera. Plus tard. J'ai le goût du champagne dans le creux de la gorge. Les yeux irrités par les lingettes démaquillantes. J'ai gardé ma tenue de chauffe et mon chignon bien serré. Ma prof de classique m'a réappelé "chérie" et cette année je n'ai pas eu droit à ma grande sucette de toutes les couleurs. Comme elle avait l'habitude d'offrir à « ces grandes » lors du gala. C'est encore trop tôt dans ma tête pour tirer des conclusions sur ces deux représentations. C'est encore trop tôt dans mes yeux pour pleurer la fin et pour envoyer valser les pinces à chignon qui sont tombées sur la scène pendant l'afro. Je ne sais pas à quelle heure j'entendrai la sonnerie désobligeante du train qui me ramènera là-bas. Loin de tout ça, loin de ma vie d'avant. Et cette putain de nostalgie qui prend les larmes au fond du coeur et qui les laisse couler. Comme vendredi soir. Après que ce train si lent m'aie déposé à la dernière répète. Celle où j'ai vu tout ce que j'avais manqué. Comme si on m'avait arraché tous ces mercredis après-midi. Tous ces cours de fin de semaine qui m'ont fait passer des week-ends inénarrables. Et maintenant je suis là à pleurer devant les filles qui Dansent ces ballets. Qui soufflent fort. Qui ne respirent plus le temps de quelques fois huit temps. Et puis la répète sur scène. Prendre des réflexions en plein dans le ventre dont on se serait bien passé. Parce que oui je n'étais pas dedans, parce que c'est dur à encaisser de n'être là que pour quelques morceaux. Parce que c'est lourd de porter le poids de Paris sur mon corps. Parce que j'ai fait une dernière fois la chorée avant le grand saut les larmes aux yeux. J’ai [presque] reniflé dans mon tissu. Pauvre petite conne. Je n'ai pas contrôlé mes états d'âmes et au lieu de ça, j'avais le regard dans le vide. Les yeux entre parenthèse. Et le sourire retourné. La scène s'est accordée au danger de la Passion. Le soir, les lumières nous on éblouit. J'ai pris mon temps comme jamais dans les coulisses. L'échauffement sur scène, le rideau ouvert et on voit le premier public arriver pendant qu'on étire nos corps crispés. C'était deux jours comme un cerf-volant. Je me suis envolée vite fait. J'ai savouré. Je me suis trompée dans les pas ou pas. Je n'ai pas forcément eu la place de faire mes grands jetés. J'ai eu du maquillage plein les mains. J'ai enfilé des vielles chaussettes dessus mes chaussons pour ne pas trop les salir avec la poussière des coulisses. Et aussi pour tenir mes chevilles chaudes. Y'a celle à qui il fallait recoudre les élastiques des chaussons roses. Y'a celle à qui j'ai prêté une paire de demi pointe. Parce qu'il faut toujours en prévoir une en plus. Y'a les cheveux qu'on arrache dans les coulisses quand la musique défile et qu'on a peur de louper sa troisième entrée. Y'a les verres d'eau qui nous engloutissent et les petits beurre écrasés. Y'a les costumes qu'on enlève des cintres. Les justaucorps chairs qu'on détache. Et puis samedi soir on a squatté la scène, avec des verres de champagne à la main. On a simulé une remise des oscars pour les Danseurs. Et puis j’ai joué la comédie. La musique s’est animée de nouveau cet après-midi. Le stress était un peu moins présent dans mon esprit. Je ne me suis pas déconnectée sur scène. Mais j’ai fais plus d’erreurs. Je suis partie la dernière des loges. J’ai tiré quelques photos dans le vide. J'ai fait des films à l'envers. Et puis le Rideau est tombé. Une année de plus. Le cerf-volant se suspend encore quelques temps dans les airs. Avant de disparaître pour toujours et laisser des souvenirs éminents.
Commentaires :
Re:
Re: Re:
Mais, des fois elle s'envole... comme le gris des nuages...
BzOo.
Et profite de ton printemps.
Re: Re: Re: Re:
C'est marrant. J'y ai pensé à cette chanson. Y a pas longtemps. Le printemps et l'humeut qui va avec. Assise dos à la fenêtre et le soleil qui réchauffe les mailles de mon pull... Ca fait plaisir... :D
Je retourne travailler... un peu. Quand même... Les oiseaux cuicuitent près de mon toit... J'aiiiiiiiiiiiiiiime
Re: Re: Re: Re: Re:
Si tu écris aussi bien que tu danses alors... pfou. :)
Mais t'as l'air pas complétement heureuse. Complémement nostalgique. Ca fait longtemps qu'un de tes textes n'a pas pétiller. Je ne te le reproche pas mais j'aimerai bien te lire plus heureuse.
Ou alors je me goure complétement ? Bizarrement, j'en doute.
J'aimerai bien un jour te voir danser.
Re:
Merci pour la première phrase de ton commentaire, et puis pour les autres ausis. Parce que vraiment :)
Tu ne te trompes pas, ou si peu. C'est vrai quheureuse est un mot que j'espère encore, bien parfois je le suis. COmblée et heureuse, c'est un peu trop pour l'instant. Et puis c'est surtout que lesaprès spectacles j'ai toujours du mal, je passe forcément quelques jours en dilétante...
J'aimerai bien un jour Danser avec toi...
Re: Re:
Je danse plus moi. Enfin si mais plus devant un miroir avec rita qui montre les pas devant.
Mais si ça se trouve on dansera ensemble en boite dans... pas mal d'années quand meme ;)
Re: Re: Re:
En boîte... mouai, j'appelle pas ça Danser, même si je m'y éclate bien, parce que généralement moi, en boîte, je suis plutôt du genre à oublier la technique, paraître sexy... mais plutôt à m'éclater... mais pourquoi pas ;) bientôt !!
ciorale
Comme un cerf-volant. Si personne ne te retient, tu te laisses porter... et pfft... Comme un air d'Anna Gavalda... ;)
Et... encore une année de plus. Oui.
BzOo tOo dOo et bon courage!