Voilà. Je clique une dernière fois sur "Ecrire un article". Et je passe au centième...

En bruit de fond il y a cette musique, celle qui m'a fait imaginer plein de films, la réussite à l'audition, lui, nous, mes amis, les sourires. Celle qui est sans cesse dans ma tête depuis des mois. Sans les paroles. Découverte par hasard. Et c'est avec cette mélodie qui fait des boucles dans mes yeux que je ne retourne pas le passé ce soir. Et ce sous l'impulsion de la fin d'une série. Mes soirées d'étudiante [presque] parisienne n'auront plus le goût de Sex and the City le vendredi soir.

Je serai peut-être devenue la Lucie épanouie. J'aurai certainement toujours le teint pâle, mes joues de petite fille, mes yeux qui en disent trop long sur mes illusions, mes cheveux longs blonds comme la soie et organsins, qui glissent dans les mains, qui sentent bon la camomille, un coup de pied absolument pas développé. Je mesurerai certainement toujours 1m69, j'aimerai insatiablement autant le chocolat au lait. Je serai sans doute toujours rêveuse, excessive, râleuse, impulsive, vive, caractérielle, douce et pusillanime. J'espère vivre toujours en couleur et en noir et blanc dans l'écriture. De temps à autre. J'aurai interminablement des tas d'ambitions et des rêves. Comme savoir parler anglais et italien couramment, jouer de la guitare jusqu'au bout des doigts, appris à chanter juste, me remettre au piano, rêver encore les yeux ouverts, ne pas grandir. J'aurai sans doute profité du sexe pour le sexe, perdu mes kilos en trop, vécu une belle histoire d'amour qui se sera déchirée en poussière, revécu dans les bras d'Antoine, peut-être qu'il me fera l'amour, rencontré quelques personnes intéressantes pour ma carrière et pas seulement, peut-être aussi que Rémy n'aura rien été de plus qu'un joli rêve.

Je me vois souriante, des lunettes de soleil sur la tête, de fines perles blanches aux oreilles, sur le chemin vers l'Opéra. Passant devant un café parisien. Je recevrai certainement un message du garçon que j'aime dans quelques minutes. Celui qui aura les larmes aux yeux dès que je tomberai. Il me souhaitera simplement une belle après-midi. Je prendrai la ligne 3, la verte, parce que c'est comme mes espérances. Ou la 7, la rose, parce que je veux d'une vie en rose. Comme les sucettes à la fraise. Dans mon sac, il y aura [incontestablement] des chaussons de Danse usés par les répétitions de ma compagnie. Je ne sais pas où je voudrais vivre, ni réellement comment. Juste heureuse. Et j'espère avoir le même émerveillement dans le creux des pupilles. Comme la série s'est terminée par le mot "merveilleux". Et j'espère pouvoir m'émerveillée encore de l'insensé, et crier en tournant vite. Sentir la pluie estivale sur mon visage. Et mettre gracieusement les bras à la seconde. Et compter jusqu’à 8.

Souvent j'ai l'impression qu'ici je n'avance pas. Je recule, je tourne la tête d'un demi-tour et je revois le début de ma vie. Mais au fond, c'est que la nostalgie fait partie de mon ventre, que la mélancolie s'accorde  exactement à mes souvenirs. Eternelle compliquée. J'écris ici depuis le mercredi 6 juillet 2005. Et depuis. J'étais nouvelle bachelière. Et pas seulement. Maintenant je suis une étudiante, toujours aussi survoltée, qui a dans la tête ces 17 ans. Mais ce soir, j'ai l'envie d'avancer. De continuer. De me laisser porter par la Danse. Et pourquoi pas par la mienne. Ne rien dire, agir en soufflant fort comme quand on fait un voeu. Ne pas tirer les ficelles, ne pas jouer la partie de la dernière chance. Il paraît aussi que je vis entre les nuages et les étoiles. Alors laissez-moi m'envoler. Juste pour ma vie.

                                            Accompagnée par [The day you went away, M2M]

*Et puis Joyeux anniversaire.