Le lundi 19 octobre 2009.
'Elle m'a regardé avec des yeux comme elle ne l'avait jamais fait avant.' J'ai trouvé qu'il y avait quelque chose d'irrémédiable dans cette phrase, quelque chose de fatal et j'ai aimé cette fatalité. J’avais peut-être tord. Mais j'avais toujours eu une relation assez fine avec la fatalité et je mettais mise à y penser comme dans un film pour filles qui sort à l'automne.
J'étais une fille suspendue au-dessus de la Seine. Je regardais par la vitre salle du métro aérien et je devais sembler pensive.
J'ai passé la journée dans ces cours d'amphis comme si c'était totalement normal. Alors qu'en fait non ça ne l'était pas. C'était même totalement improbable que cette année encore je passe toute la journée du lundi à entendre s'épuiser le sujet des médias. Je m'étais inscrite pour une année de plus dans une vie qui n'était pas la mienne et je subissais à grandes eaux, ou c'était peut-être à grands bols d'air froid, les mentions du dernier usage de mes probables mauvais choix.
En ce moment je teste, je frappe dans des murs en béton, j'essaie de pousser des portes qui sont fermées à double tour. C'est comme dans l'écriture, c'est comme avec eux les garçons, c'est comme dans tout. Ca ne sert à rien de faire du style de pleureuses, de fille blasée, ça ne sert à rien de dire que je suis fatiguée de tout, de tout ça. Que je n'en peux plus d'être forte et d'encaisser. Que je lâche prise et que je tire des traits sur des gens, sur des raisonnements et sur des ambitions. Ca ne sert à rien de le dire parce que je sais que je ne le ferai pas de toute façon. Parce que tout comme j'avais l'intuition, et ça bien avant la fin du week-end, qu'il allait oublier son livre, j'ai la sensation que ce n'est pas la solution, qu'il faut creuser encore. Je ne sais pas rendre les armes avant l'épuisement, l'absence totale de retour. Je vais au bout du rien.
J'ai passé une bonne partie de la journée assise à côté de ce garçon cynique et qui porte un prénom que j'aime. On avait tous les deux très froid et on parlait de la vie sexuelle sans doute inexistante de cette prof "qui se raccroche". Et quand je lui ai dit que je ne faisais pas le dernier cours, j'ai aimé qu'il me demande doucement avec sa voix grave 'Tu vas Danser?'.
J'aurais pu la mettre au feu ma main pour cette histoire de livre oublié. Mais je ne suis pas là, alors mes intuitions ne servent à rien. A part quand je pressens exactement ce qu'il va se passer.
Commentaires :
Re:
Détrompe toi. C'est toujours agréable de lire ça "je crois pouvoir croire en toi". Alors d'accord. Sans doute,tu as raison, je l'espère en tout cas.
A bientôt.
J'aime beaucoup l'irrémédiable et la tragique (on non!) fatalité. Heureusement que la vie n'est pas comme dans les films qui sortent pour filles en automne, ça serait trop rose gluant. Enfin, j'adore le rose, mais pas celui qui colle à la peau avec un parfum entêtant et dont tu ne peux pas te dépêtrer. C'est pas si con d'avoir des doutes, pas si con d'avoir peur. Dans la vie y'a des cons qui ne doutent jamais, ne doutent jamais de leur connerie. Ils vont tout devant sans se poser de question et patatras. Des fois il ne se rendent même pas compte qu'ils ont ratés leur vie, si on peut juger d'une vie.
Une fille suspendue. Au dessus de la Seine. ça touche ma sensibilité à la con cette phrase.
Tant que tu restes accrochée, bien accrochée à tes rêves. Moi, ça m'va.
Faut arrêter de douter pourtant des fois. Sinon t'avances vraiment pas. Et maintenant que c'est fait arrête de te triturer torturer, avances, à pas de loups, mesurés, incertains, mais avances. Et tu ne peux pas aller au bout de rien, tu vas forcément quelque part. Seulement, tu sais pas encore trop où.
Il a raison, arrête de te poser milles et une questions et va danser. Vider la tête. Les yeux fermés jusqu'aux étoiles.
Re:
Oui c'est vrai, je devrais peut-être faire comme ça. Maintenant qu eles choix sont faits alors les assumer, et ne pas revenir dessus, et ne même plus penser qu'il y avait d'autres solutions. Oui ce serait ce qu'il y a de mieux à faire sans doute; Mais j'ai toujorus été comme ça : ressasser, remettre en question, faire marche arrière, rejouer les dés. Pour que tout soit au plus juste. Même si c'est loin de l'être toujours.
Je sais où je vais avec ce truc de médias, ou plutôt, je sais pourquoi je le fais. Pour assurer le reste.
J'aime bien ton idée de rose gluant. C'est très réaliste, pour nos âges je trouve. La vie en rose gluant.
Merci pour ces mots, qui à chaque fois, piquent un peu comme il est bon qu'ils le fassent.