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Dans nos bras scellés

Un moment donné, l'esprit sature. Les devoirs à rendre, à envoyer en pièce jointe, à déposer dans les boîtes aux lettres des bureaux déjà fermés. Tout se jouait au quart d'heure prêt ces dernières semaines. Je bousculais les gens dans le métro sans même demander pardon. Je travaillais jusqu'à tôt dans la nuit. Mercredi dernier, j’avais prévu du café chez le gardien, dit que je rentrerais à 00h30, que je travaillerais après.

Et puis non. Il y a avait de l'alcool et des bonbons sur la table. J'ai fait attention de ne pas avoir mal à la tête. On chantait sur des musiques de nos pré-adolescences. Il y a avait le billard et cette fille que j'ai revue après des années. Il y avait le son de la guitare. Axel qui jouait, suspendu dans son monde, ces notes qui attiraient tous les regards. Il y avait son gilet blanc, et puis cette envie de le séduire aussi. Mais je ne savais pas par où commencer. - La semaine précédente, on avait fait équipe au billard, et on avait perdu. Il avait corrigé mon anglais. Les garçons nous avaient laissé seuls aussi. - C'est ce genre de soirée. Trois copains, trois filles.  Le premier en a raccompagné une. En partant, deux heures du mat', j'ai demandé à Ju. si elle restait avec le couz Arno. Elle est restée. En fermant la porte, Axel et moi avons explosé de rire. Nous n'avions sans doute pas tout vu. Phares jaune allumés, il a voulu remonter les Champs. Il était un peu déçu : que quelques guirlandes de Noël scintillaient. On est passé par la place de la Concorde, on a fait tout le tour. Il me parlait de lui, de sa vie. C'est ce genre de mec qui est distant quand il ne connaît pas. Paris étouffait de douceur. Mes doigts sentait le tabac froid. La musique était nulle mais au fond, on s'en foutait. On s’est trompé de chemin, on a retrouvé, il s'est garé. Et bien sûr, ces bises en partant que j'ai rattrapé au vol, que j'ai dévié sur mes lèvres. Et puis. Tout était clair. A me parler de ses amis que je serai amenée à voir très vite, de ce week-end à Deauville et il reste une place dans la voiture,  et le nouvel an près de chez lui si je veux, au cas où ça ne nous plaisent pas, on pourrait rentrer j'ai lui. Comme ça, je verrai cet écran blanc dans le salon et l'autre dans sa chambre aussi. Parce que tu verras, c'est trop bien quand on regarde des films! Il était tendre, me tenait les mains, m'embrassait, me disait qu’il aurait dû le faire dès la semaine précédente, il caressait doucement ma joue, a guidé ma tête contre son épaule. Pour une fois, j'ai fait simple ; pour une fois je n'ai pas demandé ce qu'il attendait de moi. Ce n'était pas nécessaire, son corps, ses gestes, ses mots, tout était clair. Je me suis laissée portée doucement, même avec cette foutue disserte qui pesait. Mon numéro était déjà enregistré dans son portable – j’ai fait comme si je ne savais pas. On s'est donné jusqu'à 4h pour se dire à demain, peut-être, au cinéma. Ca dépendait de moi. Quand j'ai claqué la portière, j'ai ressenti un profond respect. Un de ceux qui n'arrive plus si souvent. Un de ceux qui donne envie de resserrer l'étreinte.

Au réveil, il y avait six sourires sur nos lèvres. Et puis on a tout foutu en l'air. Surtout lui. Il m'a fait croire que, même si bien sûr son monde n’est pas le mien, on pouvait essayer, essayer et même arriver à se plaire, à construire. J’ai réussi à me convaincre que je pouvais désirer les bras d’un autre, que Clément n’était plus aussi débordant dans ma vie. Il a dit qu'il valait mieux avant que le mal ne soit fait, mais il n'a rien compris aux filles. Bien sûr qu'il a mal fait. Quand on balance du futur à une fille, elle y croit, elle s'emballe. Entre la guitare et le bleu nuit de Paris en voiture. Bien sûr, il n'était pas l'homme inscrit sur les lignes de ma main, je le sais. Mais à 21 ans, doit-on construire uniquement avec le garçon qui.? Jeudi soir, je n’étais pas triste non, j’étais en colère après mon incompréhension. Une chose est sûre, il est imprévisible et mon acte manqué la nuit suivante ne l’était pas vraiment. Manqué.

Ecrit par lilou, le Vendredi 26 Décembre 2008, 20:09 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

MangakaDine
MangakaDine
28-12-08 à 22:25

Oh c'est beau. J'aime bien la dernière phrase.
Bien sur qu'il faut pas balancer du futur à une fille! Quel con. Moi je me dis toujours, à quoi ça leur sert de parler sur du long terme ou juste du bientot si on le pense pas vraiment? Ou si c'était juste une pensée comme ça, furtive. Quoi, on a besoin de sortir toutes nos pensées furtives à l'oral? Mais t'imagines si nous on faisait ça? Nous, on se retient, tout le temps, parce que si on avait le malheur de le faire, c'est sur, ils partiraient en courant. Seulement, quand c'est eux, on part pas en courant, nous. On tombe amoureuse.

Néanmoins, elle est vraiment jolie ton histoire. Pleine de petites fantaisies du quotidien. Et puis j'aime cette notion de respect. Surement parce qu'elle est importante pour moi aujourd'hui.
"Mais à 21 ans, doit-on construire uniquement avec le garçon qui.?" Tiens, j'ai écrit tout un truc sur ça il y a pas très longtemps. Le 22 décembre pour être exacte. Dans un mois tu pourras le lire, alors! (je sais pas s'il faut en rire....)

Bisous et bonnes fêtes. :)

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
30-12-08 à 00:18

Re:

Merci! La dernière phrase mériterait une explication en réalité. C'est une hitsoire de sms envoyé à Axel alors qu'il ne lui était pas destiné, parlant de lui. Mais ce n'était pas réellement un acte manqué au sens psychanalytique du terme puisque son numéro est arrivé là par transfert de message. Bref, tu n'as rien compris? Et moi je n'ai pas fait beaucoup d'effort pour!

Quel con. En réalité, je lui accorde encore le bénéfice du doute (là tu pense que je suis encore plus gentille que tu ne le savais déjà?!). Je me dis que peut-être à ce moment-là il était sincère, peut-être qu'il agit tout le temps comme ça, en pensant que chaque fois ça va durer et que après 2h de sommeil, il se rend compte qu'il s'est planté. C'est un peu gros, mais sinon en effet je te suis 'quel con!'. Et si nous on balançait toutes nos pensées furtives! Tu peux pas t'imaginer combien j'en ai bloqué dans la gorge cette nuit-là pour faire simple, le plus simple et le plus rassurant possible!

Je suis d'accord avec toi, la soirée, l'histoire étaient jolies. Et puis, tous les six au réveil. Sauf que quelques heures plus tard, plus rien n'était beau! Le respect, c'est incroyable. Je ne l'avais pas ressenti depuis longtemps. Sans doute ces gestes qui ont fait ça. Ceux qui l'a fait et surtout, surtout, ceux qu'il n'a pas fait. Je lirai (attends je l'écris dans mon agenda ;) mais n'hésite pas à me le rappeler!!).

Bonne fête à toi aussi, j'espère que le réveillon s'annonce bien cette année...