Mardi 13 avril 10
Ce matin je me suis réveillée avec l'envie de lui. Par dessus le corps. Envie de sa peau sèche, de son odeur, de ses respirations, de ses cigarettes dans mon lit et dans le sien, de ses yeux bleus translucides qui me dévastent à chaque fois, de sa mollesse, de ses sourires en coin, du son de sa guitare que je n'ai jamais entendu, de son droit, de ses photographies sur lesquelles il n'apparait jamais, de lui de lui et encore lui. Tout me revient depuis quelques jours. Sans doute parce que le terrain est vide, ou vidé plutôt. Parce que j'ai épuisé le stock, et que ça fera sans doute du bien de se concentrer sur lui, et uniquement lui. Tout me revient parce que les jeudis, on en parle avec les filles. Elles analysent, elles regardent, elles observent/ L'une attend qu'il sorte de cours pour aller fumer dehors, à côté. Pour le prétexte. Jeudi dernier il m'a dit "Tu n'dis plus bonjour" en posant comme à son habitude la main sur mon bras. J'aime ce côté éméché et sa barbe de deux jours et demi. Tout me revient parce que vendredi soir, j'en parlais dans une rue de Bastille avec un garçon de l'école et le garçon du train pour G. Des ballades au dos du scooter, lui faire goûter mon nouveau thé à la fraise et lui amener du chocolat pour 10H. Tout me revient parce qu'il y a cette fille de l'école que je vais laisser entrer dans ma vie compliquée, lourde et continue. Un film de fille sur grand écran et j'y voyais Alix tout le long. En sortant du cinéma, nous nous sommes baladées dans la nuit fraîche et tombante, je lui confiais qu'il habitait par là. Et que je le sentais plus proche de moi du coup, et que ça me faisait quelque chose, là, à l'intérieur. Elle m'a dit que oui, j'étais assez jolie pour lui et qu'on se ressemblait. Blonds aux yeux bleus. Il n'est pas vraiment blond mais peu importe puisque.
Je sais bien que ça fait longtemps que ça dure. Depuis le 2e jour, grosso modo. Mais je ne veux pas tout faire foirer ; au fond, on a tout le temps. Ce n’est pas comme si la fin de cours allait sonner définitivement la fin de nous. Du moins, je crois.
En sortant des courses ce soir, je me suis dit que je le voudrais bien pour toute la vie. Effarant n'est-ce pas? J'assumerai presque. Il a tout. Il est très grand et sec. Je le trouve beau. Il est ancré dans l'actualité, dans ces problèmes politico-socio-histèrio-... . Il a tout. Beaucoup de ce qu'Antoine avait. Il a ce qu'il faut en plus pour notre âge.
L'autre jour, je ne sais plus qui me demandait 'où je voulais être et avec qui'. Et je ne savais pas quoi répondre. Il n'y avait pas vraiment d'envie. Et puis j'ai pensé Avec Alix, en Floride. Julien a dit Oui mais c'est éphémère, Alix tu t'en lasseras parce que ça ne bouge pas. Je ne crois pas, tant que je n'aurais pas couru dans le mur. Ca ne passera pas. Toute la vie je me suis dit.
Ce soir, sur puis dans le lit de Stan, j'avais la tête écrasée par ces dernières semaines. Il a mis son bras autour de moi jusqu'à ma hanche, l'expression "au creux de l'épaule" prenait tout son sens. Je lui ai demandé En quelle année on est?
Commentaires :
Re:
Merci beaucoup May.
Oui moi aussi j'espère, seulement pour ça, il faudrait que je me bouge, que je fasse, concrètement, quelque chose... Et ça. Je n'en suis pas capable!
Bise
J'aime bien le mot de la fin, ou plutôt la question de la fin, qui donne un goût d'irreel puisque tu n'arrives pas toi même a te poser dans le temps (pour la vie) au creux de ses bras.
Moi jdis souvent "jpeux venir dans ton ptit creux!" et peu importe qui j'aime en cet instant, quand on aime c'est le plus tendre endroit du monde.
Jte souhaite du temps, de la douceur et de l'amour, évidemment!
Re:
Le chocolat et les frutis rouges.. j'adopte! Merci.
Jolie analyse de ma temporalité. J'ai vraiment posé la question. Et lui, pour la vie, c'est assez fou d'avoir ressenti ça quand j'y pense. Mais le pire c'est que je voudrais encore.
Merci pour tout ce que tu souhaites, je t'envoie la même chose. Et espère que tu vas bien...
J'espère que ça marchera avec ce lui qui te ressemble plus ou moins, moins ou plus.
Je t'embrasse.