Le samedi 15 mars 2008, 22h26

Je suis à l’aurore de mes rêves et mon joli dormeur frappe trois coups irréguliers à la porte. Le matin s’est levé avant moi. Je ne sais pas si je dors encore éveillée. J’hésite à lui ouvrir parce que je rêve debout. J’hésite parce que je sais d’avance où ça me mènera de tourner la clé. Et je le fais pourtant. Il m’a poussé à la balançoire, m’a fait découvrir un peu de [la] vie, un peu de bleu au ciel. Pas assez. Il m’a enfuit dans des rêves incertains auxquels j’aurais presque voulu croire. Je paie les mascarades, je saute par-dessus les ponts pour retrouver l’eau glacée. Il m’a endormit avec des chansons douces et m’a bordé sous l’hypnose de sa voix. Je serais charmée et il ne faudrait pas. Sous mes paupières il y a encore le Rêve de l’Hippocampe. Et puis. Avec sa tronche de joli cœur, il a pris ma peau en otage. Prisonnière de trop de raison. Prisonnière d’une parfaite aphonie. J’ai bien essayé de suivre son rythme d’indolence. J’ai bien essayé mais je n’ai pas su. Je me suis laissée pleurer comme une amoureuse. Je n’ai presque pas pleuré. Pas réussi. J’aime et je déteste. Souvent les deux à la fois. Pas lui. Je ne l’aime pas, je ne le déteste pas non plus. Je n’sais pas. Je n’sais rien. Ou peut-être trop finalement. J’ai rempli toute seule cette page de lui. Il m’a juste donné le début. Et comme ce chanteur disait l'écriture est plutôt solitaire. Je crois que j’aurais dû être brusque. Brusquer les choses. Je me suis trompée. Complètement. Il n’était finalement que ce genre d’image parfaite, un peu trop parfaite, qui ne déborde pas. Le fruit de mon imaginaire pourtant réduit, impertinent et braqué en ce moment. Il n’était que ça. Beaucoup me disent d’être indifférente, c’est vulgaire et irrespectueux l’indifférence. Je ne suis ni l’un ni l’autre. J’aimerais être incendiaire pourtant, faire naître des phrases lapidaires. Sujet Verbe Complément. Mes idées sont fumeuses, mes envies bancales. Je m’effondre dans les draps qui ne seront plus jamais tendus. Je me rendors sans rêver.