Agir à distance et tenir les ficelles. Comme un pantin, une marionnette qui guide ses envies insouciantes. Parce que ce sont celles-ci qui dirigent la vie de la petite fille.

Déjà cette histoire de validation Bafa… Je m’étais pourtant prévenue, après les résultats du Bac, qui heureusement se révélèrent positifs, que j’appréhenderai la vie beaucoup plus sereinement. Alors voilà, je vais aller en perfectionnement, validé ou pas ! Tant pis, je ferai du forcing, mais il ne faut pas que je m’en fasse, pas pour ça ! J’ai l’impression d’être toute seule à surmonter ça. Mais ce ça, il n’est pas vital…

 J’ai ce sentiment de me laisser porter par la douceur des vacances… Il n’y avait que ça qui ne rimait pas avec le reste. Cet après-midi, j’ai revu par hasard ma Juliette. C’est une petite danseuse de 8 ou 9 ans qui danse dans la même école que moi. Je me rappelle quand je l’ai vu, la première fois. Mon regard s’est arrêté net sur elle. J’avais alors dit doucement à Amélie « T’as vu la p’tite blonde avec ses nattes au premier rang ? » Et elle m’avait répondu très naturellement «  Oui Lucie, on dirait toi quand t’étais petite »…

Alors une belle après-midi, je l’ai écouté me parler de ses chatons, des anniversaires qu’elle allait souhaité, de sa nouvelle maîtresse, … Et puis « tu veux un chocolat ?». Et un gros câlin spontané, parce que ça me réchauffe le cœur, tellement. Le monde des enfants est si sincère, si beau. Je ne veux pas en sortir. Ou alors je serai étrangère à l’autre. Le pragmatisme du monde adulte ne me convient décidément pas… Un pti tour sur soi-même et je rentre…

 Pas de nouvelles de Ben, alors pourquoi encore à moi de faire un premier geste ? En fait, ça me manque presque de rire avec lui. Il rentre demain. Et je sais que j’aurai le sourire, le revoir. Mais parce que je m’amuse avec lui, je découvre un autre quotidien, d’autres moments que je ne vis pas avec mes amis. Certes. Mais.

 Il y a Antonin. Lui et son charme qui transperce les pupilles. Qui donne envie de passer des après-midi hors du temps. A manger des glaces au cassis. A découvrir de nouveaux cinémas. S’en même regarder les images qui défilent sur l’écran, parce que trop de sourires à partager, trop d’histoires à raconter. A courir dans un grand champ, les herbes hautes qui piquent les mollets. Mais voilà. Pour l’instant, plus de relation en face à face. Juste des mots envoyés par écrans interposés. Ou les messages qui défilent sous les doigts. Très doux. S’en est presque beau. Et ça me donne des envies de filer les yeux fermés. Profiter de mes vacances. Celles qui vont suivre quand certains seront déjà rentrés. Et qu’il pourra sécher quelques cours non obligatoire (moi aussi je trouve ça étrange !).

Y’a aussi toutes ces nectarines que je mange. Le goût à peine sucré. Le jus qui coule un peu sur le T-shirt blanc. Que je savoure à pleine dent. Y’a l’air agréable qui caresse le coude. Le haut parleur qui traverse la fenêtre, mais je n’sais pas ce qu’il s’y dit. Les draps qu’il faudrait retendre. La nuit qui ne m’assomme pas vite.

Et Charles… Bientôt il sera là. A retrouver son enfance. Je sens déjà au loin les bières décapsuler avec sa ceinture, et son grand sourire… Je m'empresse de tout vivre.