[21 Juin 2009]

Jeudi 17 Juin 10.

Je vois défiler des  images de ports et de filets de pêche. Autant que je vois défiler des images d’Alix sur et sous mes yeux. Comme s’il innondait totalement ma vision du monde et des choses. Je commence à l’aimer je crois et je ne devrais pas dire ça parce que ça n’existe pas tant qu’on n’est pas deux. Je ne suis pas toute seule. Parce qu’au fond, ça doit être l’une des personnes que j’ai le plus souvent au téléphone. Ces temps-ci. J’ai envie de lui, de ses nuits, de ses jours. Du bois dormant aussi.
J’embrassais ce garçon hier –en réalité c’est lui qui m’embrassait- et juste après, oui juste, j’appelais Alix. Juste avant aussi d’ailleurs. Ce matin, c’était lui. Je ne sais pas comment je vais réussir à avoir sa vie, je ne sais pas. Mais j’aime quand il me parle de sa mère.

J’innondais ma voix de désirs. Tout semblait s’écrouler. En une fois. La vie n’a pas de prix il a dit et je me suis mise à tomber. Littéralement.

Oui ce garçon d’hier soir qui disait qu’il aimait ma longueur de cheveux. Oui c’était bien lui, le garçon d’hier soir, le mec gentil et sans attache. C’était lui, qui m’embrassait sur l’immense parvis de la gare de Lyon et qui cherchait indéfiniment à retenir le temps, je pensai à Alix. J’étais amoureuse d’Alix à ce moment-là. Aussi fort que la veille.

Lundi 21 juin 10.

J’ai passé tout mon vendredi à Yellowstone. Magique. Au final, ça ressemble bien à ma vie. Je rêve dans les images des autres. Non il n’y a rien d’ironique là-dedans. Je me dis juste que mes voyages à moi, les seuls, c’est quand je vois écrit “Admis” en bas de mes bulletins...

Hier soir quand il m’a dit « appelle quand tu veux si tu veux en parler » -lui sait de quoi je veux parler- je n’avais rien envie de dire en particulier. Simplement je pensai : voilà, on en est arrivé là, quand même. Et ça fait déjà sacrément du bien. Je ne veux pas de ce risque à la con, le risque qu’il m’échappe comme le fait ma vie en ce moment. Elle se tire parce que oui je ne suis pas centrée. Je réalise que je n’écris plus. Parce que je n’en ai pas le temps. Et pourtant, elle est bien là ma vie. Dans les assemblages de lettres un peu bancales. Je suis à côté. C’était très dur. Ces derniers temps étaient vraiment difficiles. Pourtant, deux fois la semaine dernière on a dit que j’avais de la répartie, que j’étais convaincante et même emmerdeuse. Et si tu savais qui l’a dit…  J’ai réussi à pousser, une fois de plus, cette personnalité révolutionnaire, vive, libertaire, naturelle ils ont dit. J’ai rendu ce premier mémoire. Avec beaucoup beaucoup de frustrations. La frustration d’avoir rendu un quart de ce qui était prévu. Un quart de ce que je pouvais faire. Un quart de ce que je devais faire. Et vraiment, ce prof, cette rencontre, qui croyait en moi et en mes mots. J’ai rendu, mon premier mémoire. Un mémoire anarchique, je le sais. Et ça harcèle encore l’illusion de liberté qui est censée émaner dans le ventre une fois cette période –à peu près- terminée. Et puis concrètement, s'il y a beaucoup de cette colère aujourd'hui, c'est aussi à cause des autres. Des rendez-vous fixés qui ne se font pas, de la désobligeance à cause du stress de certains. Je me rappelle mon intolérance il y a quelque mois de ça. Au moins, elle avait le mérite d'être juste et justifiée. Je n'arrive plus à respirer. Je trouve ça compliqué en ce moment. Oui. Je trouve ça compliqué de respirer. Le stress, les examens, les nuits trop courtes -certes la caféine persiste elle- mais tout ça, ça doit être un peu passé normalement. Mais j'ai toujours du mal. Je me force parfois à prendre de grandes inspirations. Parce que naturellement, ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne plus dans le corps. Histoire de ne pas y rester. Sur le carreau je veux dire.

Pourtant je sais aujourd’hui, vingt et un juin, où Alix est censé se trouver. Là, maintenant. Déictiques au bord de sensations closes.