Vendredi 7 août 2009
Se pousser vers le haut. C'est tout ce qu'on ne fait pas tous les trois. On s'engouffre, on s'appelle dix fois par jour, on s'aime trop à en crever. On se déchire d'être trop fusionnels. Vous avez l'impression d'avoir raté des années et des années de votre vie à travailler, à travailler et travailler encore. Si dur. Et vous me le dîtes. Tous les quatre matins, tous les deux vous me le rappelez. Ce soir Maman tu m'as dit avoir senti la colère dans mes mots, dans ma rage, dans ma gorge. Mais je n'en peux plus. Je n'en peux plus de l'entendre. Que vous travaillez, et notamment pour moi, pour les études. Et je n'en peux plus de me justifiez et de vous répétez et de vous montrez à quel point je fais le maximum. Avoir sacrifié ce qu'il y avait de plus cher pour moi. Ce n'est pas seulement avoir réduit la Danse pour des cursus plus "normaux" et attendus. C'est bien plus. C'est avoir égorger ce qu'il y avait de plus viscéral, de plus vital en moi. La Vie. Et je vis pour l'Art. Je suis désolée de ne pas avoir fait médecine ou une carrière sociale. Mais je le suis encore plus de me résigner aussi facilement. Tous les trois on se tire dans une tristesse qui me tient tellement à la gorge que je ne sais plus respirer normalement. J'ai les yeux gorgés d'eau. Je m'enfonce avec vous dans ces journées dures, éprouvantes, désagréables. Je ne suis plus le souffle d'oxygène que j'étais quand je rêvais à voix haute. Tout doucement, les rêves s'étouffent, une sorte de suffocation silencieuce qui refroidit la peau, les lèvres deviennent bleues et le corps lactescent. Papa aujourd'hui tu fêtes tes 55 ans et tu penses Encore 5 ans à tirer et tu as des rêves pour après je l'entends. Mais en attendant vous me désillusionnez complètement et vous ne vous en rendez pas compte. Ce n'est pas logique de ne pas ou plus rêver à 20 ans. Rendez moi mes rêves allez. Adrien a sûrement eu raison en prenant la distance. Aujourd'hui, vous êtes tellement fiers de lui et de sa stabilité. Tout autant que vous l'êtes de ma folie. Je le sais. Mais je vous aime d'une infinie démesure. Et on décide tout toujours tous ensembles. Maman, Papa, il faut couper un peu la corde de vie. Il faut que l'on respire tous les trois. J'ai besoin de positif, autant que vous en avez besoin. On a besoin de se tirer vers le haut, d'arrêter de porter la tristesse au fond du cœur. Elle transperce bien trop de nos veines pour qu'elle nous plaise. Allez essayez de comprendre que la vie n'est pas là. Je me sens partir sinon. Vous savez bien où ou comment. Allez on prend la tangente tous les trois pour les cinq ans qu'il nous reste à crever en silence et on ne dit rien aux autres. On s'enfuit de cette putain de vie et on ne revient pas. Et on n'en revient pas. Chiche? Inutile de dire que j'ai le corps lourd, la gorge serrée et les yeux gonflés. Ne me faites pas croire en l'inanité de cette conversation. Ne me faites pas croire qu'on ne peut plus rêver tous les trois. Les larmes n'avaient plus autant piqué. Il fallait que je l'admette. Aujourd'hui, ce soir, je le fais. Je suis triste et je suis triste avec vous. Je ne vous demande pas d'y coire. De croire en moi. Juste de m'encourager un peu à me dépasser. A pousser mon corps au-delà de ce qu'à la genèse il était prédisposé à faire. Me soutenir dans cette recherche perpétuelle de la perfection, dans l'Art, surtout dans la Danse. Le cœur est un muscle et on a le cœur musclé tous les trois pas vrai?
Commentaires :
touché...
Rien ne vous fera dévier de ce que vous avez décidé, au plus profond de la vie que vous souhaitez...Seul le chemin pourra être un peu différent de celui imaginé, s'aventurer dans ce qui n'a pas été tracé, défricher, et atteindre un jour sa vérité...
Je ne sais pas qui vous êtes mais vous êtes entrée sans demander... Il y a des moments où les mots viennent à manquer, le silence devient sans doute plus proche de la vérité...