Dimanche 25 janvier 2009.
En sortant de l'amphi - d’habitude je n'y vais jamais - notre club du mercredi a rejoint Mouffetard à pied. Le bar des Pink-Floyd était fermé. On a commencé la tournée des bars. Je tournais le dos au serveur mignon, ténébreux, du premier. Dans le suivant, on s’est acheté une bouteille de vin rouge amer. On a rejoint Bastille, et puis on s’est arrêté chez l’épicier. Chez moi, le garçon au visage fin a renversé du vin sur le canapé. Je parlais de Proust avec cette fille, grande, blonde, tandis que les autres refaisaient les médias. Je me suis rendue compte une fois de plus que nos discussions se heurtaient à des intérêts différents. Je voulais qu'ils partent, je voulais qu'il vienne. Pablo est arrivé et la nuit était déjà avancée. On a parlé de ma nouvelle future vie, de celle-ci un peu compliquée, de ses restaus hors de prix. Il était fringué comme un mec actif et sentait bon. Il roulait un joint et se servait de la Vodka - elle n'était pas très bonne. Il était 1H23 quand Clément a appelé, quand il a voulu venir. Je ne sais pas comment on aurait dormi. Je ne sais pas si on aurait dormi. Il aurait pu appeler quelqu'un d'autre aussi. J'ai été froide, grisante, lapidaire. Pourtant je voulais échanger, que ce soit lui qui fume ces clopes à la fenêtre comme avant. Les filles m'ont dit après qu'elles n’auraient pas réussi à refuser. Mais qu’est-ce que tu voulais que je fasse? Que je dise à Pablo?
Mes mains ont glissé dans son dos légèrement huilé, mon corps tremblait, de froid sûrement. Il a dû trouver ça touchant. Il ne s’y attendait pas. A ce que je fasse ce gage. C’était plus facile à 17 ans : on pariait contre des sucettes à la fraise avec Antoine. Ses yeux se fermaient contre l’oreiller. Il m’a laissé l’embrasser tout doucement. Je me suis recroquevillée sur le lit, on est resté quelques minutes comme ça. Sans mot. Juste quelques caresses qu'il glissait sur mon bras. * Il a enlevé mes vêtements - très vite. Son corps transpirait contre le mien - je le sentais dans mes mains. Mes souffles insatiables, brûlants s’épaississaient sous ses caresses. Il a pris mon corps entre ses doigts. Quand on a allumé un moment, il a soulevé le drap de mon corps et je me cachais les yeux. Le matin, il m’embrassait le visage. Il a recouvert mon corps lentement avant de me basculer dans la violence de l’excitation. Tout bas, au bord de l’oreille, il m’a soufflé de me laisser-aller pour une fois au moins dans ma vie. Mon ventre se frottait contre le sien. Il voulait saisir mes yeux dans le noir. Il voulait je crois. Alors j'ai plongé ma voix dans son cou. C'était tendre et sexuel. Violent et lent. Doux et ombrageux.*
Je crois que je l’ai cherché. Peut-être qu’il a raison au fond, on a atteint nos limites. J’en reviens à cette histoire de pureté. Longtemps, j’ai joué avec ce regard plein de désir. De désir de vie, d’amour, et puis le reste qui n’était pas dans mon âge. Ces années où, malgré cette désinvolture, la Danse passait au-dessus de tout. De l’avenir dans une jolie maison, du bonheur, des amoureux. Pablo a toujours fait ressortir ce côté sombre de moi. Celui que je m’entête à cacher, à enfuir depuis quelques années. Je ne sais pas bien pourquoi. Avec lui, je ne le contrôlais pas. Je restais sensible et charmeuse, mais il y avait ce côté malsain aussi. Peut-être qu’il a raison. Peut-être que c’est mieux comme ça. Je le sais au fond, je peux basculer d’un seul coup. Je pourrais. J’assumais avant. Plus jeune. Je savais les impacts de ce pouvoir. Je jouais avec. Tout le temps. Avec les garçons. En même temps j’étais à fleur de peau, écorchée vive. Je suis devenue froide, je me suis protégée par tous les moyens. Au dépend de l’âme d’artiste. * Ce qu’il s’est passé cette nuit-là n’était rien d’autre que la résultante de ma propre prise d’otage. Il a peut-être bien fait de se barrer. Pourquoi a-t-il oublié cette peau malsaine, ce masque sombre qu’il a fait tomber des draps pendant la nuit? Je me suis retrouvée seule, dans le lit encore chaud de son odeur, vêtue du nu de mon véritable costume. Je suscite mais je ne fais que ça. Je rends dingue. J'ai compris la frustration, la leur. *
Aujourd’hui je me rends compte que j’aurais préféré que cette nuit-là n’arrive jamais, qu’il continue d’être présent quand j’avais besoin de me rassurer, quand je voulais séduire, quand j’avais besoin de me sentir féminine, être là dans ces mots amusants avant les partiels. Etre là dans les ballades parisiennes. 3 ans et demi qui sont aujourd’hui partis en fumée, évaporés dans nos souffles d’hiver et dans les fomentations d’une nuit. La nuit s’est jouée provocante, évanescente, insensée. La nuit nous a cerné. C’était inévitable. 3 ans et demi bousillés en quelques heures avides. *
J’ai été inconsciente bien plus qu’indécente, bien plus qu’insouciante. Et ça je n'arrive pas à me le pardonner. Parce qu’il y a eu cet enfer angoissant pendant les deux jours suivants. Personne n’est infaillible, elle m’a dit. C'était la première fois que je jouais autant avec l'ardeur. Non. Parce que j’avais pensé à construire avec lui. J’avais commencé à vouloir de nous. J’avais commencé à désirer autre chose que ces jeunes rockeurs avec leurs blousons en cuir et leurs visages imberbes. On ne prend pas le problème dans le même sens.
J'aurais dû dire à Clément de venir. Même si, je le sens, il commence à se dissoudre de plus en plus dans mon corps, à s’effacer de plus en plus de mes larmes.
Commentaires :
Janvier est déjà trop loin. ;p
Re:
J'ai du mal à mettre un terme aux choses tu sais. Et au fond, je me dit que chacune de ces deux histoires que ce soit avec Clément ou Pablo ne sont vraiment finies. Une me manque plus que l'autre, et je ne crois pas à l'une des fins.
C'était marrant la fête de la musique et tout ça. Ca m'avait laissé des bons souvenirs.
Finalement, au moins une fois dans ta vie, est-ce que tu t'es laissée aller?
Re:
moi aussi j'en ai de bons souvenirs. Mais tu sais tu viens quand tu veux à Paris. Et puis la Musique, on pourra la faire quand on voudra ;)
Finalement... ça t'intéresse hein!
Je crois que la question n'est pas vraiment là. Enfin tout dépend ce que toi tu entends par "me laisser aller"? Et puis tu sais, juste après j'écris qu'au fond je frustre souvent. Est-ce que je l'ai fait cette fois-là...
Re:
Je passe peut-être voir un pote sur Paris bientôt (là aussi). Donc, ce n'est peut-être pas impossible qu'on puisse réaliser ça incessament sous peu. Ce serait cool!
Je t'en parle si j'ai des news.
Re:
Je suis vraiment désolée. Je viens seulement de voir ton message dans mes brouillons concernant la chaîne des livres. En fait je me suis retirée du projet. Je m'en excuse.
Très beau texte, au passage.
on a besoin de plaire, de séduire, pour noue rassurer. Mais c'est vrai, on peut faire des ravages dans les coeurs, et ça peut aller trop loin, sans que l'on le veuille vraiment. Au départ, ce n'était qu'un jeu, sans plus de conséquence. Courage pour la suite.. je sens que tu as de la force et des reves enfouis en toi.
Re:
Merci...
( wahou)