Je me suis englouties sous les draps froissés lundi dans la nuit, la musique en ceinture autour de la fatigue. Et pourtant je ne parviens pas à m'arrêter de penser à "Luis". Il y a comme un vide énorme dans ma poitrine et il est lourd à porter. Juste savoir ce qui ne va pas chez moi. Elles ont roulé sur mes joues, elles étaient toutes chaudes, elles étaient inattendues et en même temps si expliquées. Elles m'ont noyé, d'un coup. J'ai revu ses yeux noisettes qui tentaient d'être réconfortants. J'ai confondu ces genoux à mes cuisses. Et moi, petite conne, je n'ai pas cherché à me pendre à son cou. Lui raconter sans détail ce qui "me prend en bad" en ce moment. Mon poids, la Danse, je régresse, cette sensation de ne plus savoir tourner, ne plus savoir sauter. Ma vie tourne un peu trop rond pour moi. Quoique je devrai être satisfaite. Je ne suis plus en attente, j'ai une boule au ventre maintenant. Je suis tombée sur toi, sans sortir mes griffes, tu m'as dit tout ce que tu étais et que je n'imaginais pas. Il était là, il sortait les assiettes en forme de fleurs de mon placard, il mettait la paella dans les plats. En me racontant. Ces anciennes petites amies. Pas si nombreuses. Ces confidences qu'on se fait entre amis. Quand on sent la confiance dans les yeux de l'autre. Et moi, je buvais ses paroles, je l'écoutais parler, me rassurer. Avec ses phrases bateaux qu'on dit dans ses cas là. Pourquoi tu m'as emporté sur tes genoux? Pourquoi j'avais des larmes dans les pupilles et qu'elles osaient à peine tomber sur ton pantalon large? Tu es parti voir N., le nous n'existe pas. J'aurai voulu que ce soit dans mes draps que tu dormes, pas les siens. Et c'est cette rousse décolorée, sans classe, sans conversation. J’aurai voulu que ce soit nos deux corps fatigués qui se lèvent à cinq heures du matin pour aller chercher les places pour Placebo. J'aurai voulu qu'après ce match de foot fatiguant, ce soit moi qui enfile un pyjama sans forme et puisse dormir avec l'odeur du narguilé sur le bout des doigts. Et même ton odeur sur mon ventre. Je dérive dans le vide. Maintenant quand je me regarde dans un miroir je vois cette fille qui se demande ce qu’elle fout là, si elle a vraiment un peu avancé en  cinq mois. Si ce reflet n’est pas trop flou pour finir, si je ne devrai pas dessiner la suite avec la buée. Si je ne me cache pas derrière ce nouveau noir sur les yeux.

Si tu trouves une âme sœur
même du bout du corps
C'est qu'on n'était pas bien

Si tes jours sont mes nuits
Je dormirai là-bas
Tu rêveras d'ici

[Dans le silence de la nuit : Amélie les crayons, Fuseau horaire]