Les larmes aux yeux, l'air fatigué, le teint pâle. L'envie amère, le sourire inversé. Les coudes sur la table et la tête entre les mains. Je me vois défiler à l'écran du téléviseur de ma mamie. Sa douceur qui me manque. Les seuls mots que mon frère me lâche sont blessants, et les parents qui taisent ma voix trop forte. J'ai envie de m'envoler au dessus des maquis. Je ne veux pas continuer dans cette direction. Je cherche un ailleurs ce soir. Je dors. Appuyer sur Play et ça calmera mes envies de broyer les pages de ma pseudo existence patibulaire. J'ai la tête qui va exploser, j'ai les paupières alourdies par les mouvements de mon corps et le dos qui porte les sept heures de répète de cet après-midi. Encore une fois, je ne suis pas contente de moi. Ma cheville qui tirait. L'opération de lundi me donne déjà envie de vomir la colère que j'ai au fond du ventre. Je ne pourrais même pas courir à plein poumon dans l'air froid de l'hiver parce que rien ne suivrait. Ni mon corps, ni ma tête, ni mes envies. Ni la chance. Il n'y en a plus pour moi ce soir.

Plongez en moi, je m'ouvre une dernière fois
J'ai touché le fond, j'ai perdu ma voix
Plongez en moi, elle a défié les sons
J'ai tatoué mon âme
La chaleur d'une femme
J'ai appris à naître
Elle cogne dans ma tête

[Ce soir, Kyo]