Demain, M., nous irons voir une dernière fois la mer avant ton départ. J'ai peur de ne pas réussir à profiter, tu sais. Parce que depuis quelques heures, il y a en permanence une boule lourde dans mon ventre et dans ma gorge. Au fur et à mesure que l'heure tourne, elle grossit. Il y a quelques jours déjà, elle faisait apparition par moments inattendus.
J'appréhende, mon beau M., le vide, le très grand vide, que tu vas laisser en moi, dans ma vie et dans mon quotidien. Les matins de janvier à rester au lit comme des gens sans emploi, les soirées dans des espaces de ta culture que je n'aurais jamais franchi sans toi, les dîners à la maison à tenter de te faire correctement à manger, te servir, faire du thé à n'importe quelle heure de la journée, t'embrasser dans la rue et savoir que tu détestes, te regarder essayer tes nouveaux joggings pour là-bas, tes jeans trop grands achetés en soldes, tout cela va me manquer terriblement.
Au fur et à mesure que je relis ces lignes, les larmes me viennent. Je crois que je vais déjà arrêter là pour ce soir et aller dormir au plus vite. Demain, avant de prendre la route pour la N*rm*nd**, en bons petits parisiens bobo que j'aime à nous imaginer, il y aura tant de choses à faire. La valise, prévoir chaque petits accessoires qui pourrait te faire craquer davantage, rédiger 300 mots dans une langue scientifique, aller échanger cette chemise bleue à fleur, partir te retrouver au bout de la ligne une. J'ai un peu culpabilisé de te soutirer ces deux jours pour nous dans l'après-midi, c'est vrai, comme tu dis, tu passes 90% de ton temps avec moi et j'espère que les moments sont aussi bons pour toi. Je sais qu'il te reste mille tirets à rayer sur tes listes. Moi, j'ai mis ma vie en suspension jusqu'à ton départ. Cela fait des semaines que je ne vis plus que pour toi, pour nous. Je t'aime de tellement de choses mon bel amant de la Chine du Nord. De tellement d'évidences. J'espère que l'on se retournera dans 3 ans et que cette dure épreuve sera passée sur nos corps... J'espère que nous en serons là où nous le souhaitons, que nous serons apaisés et que nous n'aurons aucune amertume l'un envers l'autre. Aujourd'hui, j'espère, que dans trois ans, nous nous serrerons dans nos bras et nous nous embrasserons encore très fort. Que je t'aurais manqué durant ton voyage, que tu seras rentré. J'espère, c'est mon caractère.
Si seulement je pouvais te manquer.