Découper, ou plutôt déchirer. Parce que ça fera plus souillon. Ecrire au dos, devant, sur le côté sur l'épaule gauche. La commode de mon frère moins remplie. Un Tee-shirt de danseuse. Qui tombe sur l'épaule gauche. Léger, fluide, et ça me plaît. J'aime bien ce que l'image du mirroir me renvoie. Peut-être aussi les tresses que Sarah m'a faite... Et mes plier que je ressens dans le sol. Sentir le dos qui ne fait plus qu'un seul bloc. Le ventre noué à cause des médicaments, des anti-inflammatoires en surnombre. Et Danser, même si ça fait mal, même si quand on arrête le mouvement je m'écroule. Parce que. Presque 6h qui s'enchaînent, au goût de la Passion, au goût de l'effort, au goût du travail, et du plaisir aussi. Et voir toutes les filles qui réclament l'heure, celles qui sont assises à côté des bouteilles d'eau pour certaines à moitié vide, pour d'autres à moitié pleine, et des chaussons de Danse qui ont été bradé contre des chaussettes sales. Celles qui en ont marre. Et moi, moi qui réclame toujours plus, qui subit les moments de pause, où j'entre dans la choré un peu plus tard. Alors mon ventre tire, il est comme compréssé. Vite, la Danse, en moi. Parce que le corps en mouvement m'appaise. Et ce nouveau duo avec Amel, mon grand jeté à la seconde qui devient presque beau, et jappréhende le moment de le faire, parce que j'aime. Sauter haut, ouvrir les jambes en grand écart et m'envoler. Et qu'on m'a dit que j'y mettais une "bonne énergie", alors ça me donne un grand sourire sur le coin des lèvres.

Et je remonte le temps, avec des épingles.

Assise, les muscles contractés, les mains serrées et sur ma poitrine, et la piqure qu'il injecte doucement, longtemps. Je n'aime pas les dentistes. C'est tout. Cette sensation que la joue est lourde, que les dents font mal dès que la langue passe dessus. Ne manger que d'un seul côté, et attendre que ça se réveille. Je n'aime pas attendre.

Et je remonte le temps, avec des épingles.

Les traces de mon lycée, faire le chemin en accéléré, parce que le rythme parisien dans les jambes. Attendre un peu Hugues et faire semblant d'être occupé par un texto inexistant. En attendant. Je n'aime pas ne rien faire. Alors ça me rassure quelque part. Le revoir lui, et son charme qui opère sous mes yeux. Ecrire une lettre de motivation parce que "j'ai besoin d'une littéraire Lucie". S'allonger sur mon lit tous les deux comme avant. Comme pendant les vacances de février, celles d'avril, et aussi les révisions du Bac. Et "amène à manger, mais quelque chose que j'aime sinon...". Et se taquiner, lui dire de venir à Paris, et il viendra [peut-être]. Parce que c'est un ami que j'aimerai encore avoir dans mon quotidient.

Parce que le ventre me serre toujours. Qu'il y a ces millions de rancoeurs que je n'appaiserai pas à cause d'eux. Qui me privent de la Danse profonde. Et le reste. Sans un mot. Marcher sur le silence. Les yeux bandés. Et les souvenirs qui reviennent.

Et je remonte le temps, avec des épingles.

Ce garçon qui marche de l'autre côté du pont, un peu lentement. Ou peut-être que c'est moi qui accélère la vie. Et le même pull, ou presque, qu'Antoine. Et je me rappelle, quand il me serrait fort. Parce que l'hiver mes doigts étaient bleus, mes mains blanches, et les joues rouges. Quand je m'enlaçais autour de sa taille, et que ses bras me couvraient. Que son odeur me portait haut dans mes 17 ans...

Et je remonte le temps, avec des épingles, le temps indolent, et l'indolence dans le coeur, comme une épingle qui prend son temps et remonte le coeur [...]