Lundi 29 avril 13

Dans la rue, je cherche en vain les kippas sur la tête des hommes. Les mots orientaux de ces derniers jours résonnent dans ma tête comme si je n'étais toujours pas rentrée : choukran, toda rabba, slira, ... Les odeurs des épices et les farces des chats maigres me manquent déjà. Ta peau, n'en parlons pas. Je n'arrive pas à écouter celui qui fut mon rédac chef. Je n'arrive pas à me dire que tout cela a un intérêt. Ma vie parisienne me semble inconséquente, terriblement. Je ne comprends pas grand chose, tu sais. Mais depuis hier midi, heure du retour, je comprends pourquoi tu veux rester là-bas.

Ma tête et mon cœur y sont restés, je n'en suis pas revenue. Il fallait s'y attendre. Paris est gris et fade, je tombe dedans, tête baissée.

Je te détesterai d'imposer de fausses distances ; comment te rappeler d'enlever le pansement en douceur? La blessure, c'est celle de ton départ d'abord, puis du mien. Je ne voulais pas quitter cette terre, j'aurais aimé que les grèves des avions se poursuivent.

***

Ce jour est aussi celui de mon anniversaire et cela ne signifie rien du tout cette année. Aucune envie de fêter, de boire, de Danser. Aucune envie de discuter avec tout un tas de personne, plus ou moins proches. Vingt-six ans ne signifie rien non. J'ai juste l'impression de tomber dans le vide, de n'avoir aucune prise à laquelle m'accrocher au cas où je voudrais sauver encore quelque chose de moi. Et ça, je n'en suis même plus sûre.