Sur l'écran de mon portable, je passe une vidéo de nous à l'aube de l'étreinte. Je te vois t'approcher avec un caleçon clair, je te vois homme, sexuel, aimant, je te vois sur mon corps, m'embrasser, juste là au-dessus de la poitrine, je te vois m'englober de tes bras. Tu es l'amant idéal. Sur cette vidéo, tu es l'amant idéal. La fille donne l'impression d'être parfaitement emprise ; le garçon propose des gestes parfaits au corps d'hirondelle en-dessous du sien.
Sur l'écran de mon portable, tu n'es plus dans les favoris. Et je déteste ça. Que tu sois loin, ou plutôt que l'on soit loin. J'ai peur que le garçon des photos - celui qui est dans un cadre sur mon bureau -, ne meurt, qu'il m'échappe et que plus jamais personne ne puisse le retrouver. J'aimerais que dans le nouveau toi qui s'apprête à éclore, un petit moineau vienne y déposer une grain de moi. Je voudrais que tu retrouves la jeunesse de nos jours. Le jardin des Tuileries même s'il est désormais de l'autre côté de la Méditerranée. Tout m'y ramène, à ce pays, tout m'y ramène. Au moins une fois par jour, quelqu'un en parle autour de moi. Ca en devient troublant, tu sais. J'ai un pressentiment, je pense que je vais aimer. J'imagine une révélation.
En attendant, il reste deux jours sur les quarante à tenir le coup des tentations. Et je me sens terriblement seule quand il s'agit de parler de ma vie. Je ne rentrerai pas pour Pâques, mes parents n'iront pas au déjeuner. Je serai seule, autant que je me sens claustrée. Pourtant, cette semaine, un souffle m'a frôlée tranquillement : celui qui dit qu'on est sur la bonne voie. Je ne sais pas à qui parler, je ne sais pas à qui demander des éclaircissements sur mes projets d'été. Je ne sais pas quoi faire de ma vie ni de mes dix doigts - ce qui s'avère bien plus compliqué au final. Au pire, je prendrai ton corps en main et je m'amuserai à le filmer. Plus loin que l'échange d'un baiser. Jusque de nouveaux paysages. Je filmerai le ciel. De tes yeux bien sûr.