Samedi 05 janvier13

M.,

Je crève de froid et je sais que ce n'est pas ce qui t'importe le plus. Je me sens si seule avec ces foutus sentiments emmagasinés en moi, je n'arrive à rien. Je passe la moitié de la journée au lit pour ne rien avoir à faire, à voir, à parler, l'autre a cherché un refuge. Et certains soirs, comme ce soir, je me dis que ça ne sert à rien de répondre aux invitations puisque personne ne réalise dans quel désert je suis. Tout me submerge. Je ne comprends pas comment j'ai pu en arriver là avec toi ; ou plutôt si, quand je pense à nos étreintes, à notre entente, je comprends très bien. Je voudrais commencer à préparer ton cadeau de Noël pour quand tu rentreras mais ce soir, non, je n'en ai pas la force. Mes parents m'ont parlé de passeport à faire avant de partir te rejoindre mais s'ils savaient comme c'est très compliqué et que pour l'instant, le vent ne souffle pas dans mon sens. Tu sais, je crois que cette fois, je ne vais pas y arriver. Deux fins d'hiver à passer seule, c'est trop. Je ne vais pas réussir à remonter la pente de ton absence.

Je voudrais que tu réalises que des souvenirs, tu peux en créer avec une autre fille, moi, je voudrais que tu stoppes d'être si catégorique.

Dimanche 06 janvier 13

Je voudrais que tu ne nous tues pas avant d'avoir tout vécu. Il y a des choses que tu ne réalises pas - encore -, tant d'autres vies à vivre l'un dans l'autre. Si je te porte dans ton projet de quitter la France, ce n'est pas pour le plaisir de voir ton beau sourire me quitter, ce n'est pas parce que je me complais dans les histoires qui doivent se terminer ; si je te porte, ce n'est pas parce que je suis une passeuse qui est là pour t'emmener de l'autre côté du monde, là où tu penses pouvoir refaire ta vie (là où je pense en recommencer une avec toi), ce n'est pas parce que je suis une jolie petite infirmière disponible pour panser les maux de ton cœur, ce n'est pas parce que je ne suis rien qu'une petite conne d'éveilleuse là pour t'assurer une transition pas trop difficile. Et pourtant, lorsque tu me racontes tes souvenirs de là-bas avec elle, je me sens être ta confidente et je me demande si tu ne t'es pas trompé de destinataire. Et puis non, je réalise que c'est ma place aussi, que je suis comme ça, prête à écouter ton cœur serré. Je suis piégée et je ne peux pas t'en vouloir d'être bouleversé. Mais M., sache qu'au plus profond de mon ventre, ce que je ressens pour toi est. Je ne sais pas comment le dire. Limpide.
Il est l’heure de fêter les rois dans les familles endimanchées où tout se passe bien. Moi, j’invite mes amis pour le dîner parce que je voudrais me souvenir de ce qu’on m’a appris au catéchisme le mercredi matin en CE2. J’ai tourné les premières pages du calendrier des 3 religions que tu m’as offert le jour de la rentrée à Sc**c*s p*, ce jour qui selon toi devait être l’avant dernier de notre histoire. Tu vois, jusque là, on a su dépasser les limites que tu te fixais. Je nous souhaite tellement de moments ensemble pour cette nouvelle année, tellement de découvertes de l’autre, tellement d’étreintes, de désir et de beauté. Je nous souhaite le meilleur ensemble M. Je crois que toi et moi, on le se mérite.