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J'ai marché sur ta peau sur ton asphalte

De moins en moins je pense à ceux d'avant. Parfois, quand même, des images me reviennent, certains visages aussi, et alors je me dis qu'il n'y a plus que lui. Même si Gyl reste le seul fantôme, il n'y a plus que M. Même si les japonais avec Jan me manquent aussi, parfois, son petit sourire d'enfant et notre facilité à se rassurer, il n'y a plus que M.
Il y a en sa peau quelque chose d'évanescent, comme un fil d'ange qui se tisserait entre son épiderme et mes clavicules, un besoin d'appartenir à l'autre pendant l'amour. Il dit des mots qui me font vibrer sous ses doigts, comme s'il touchait là aux lettres les plus exquises qui existent dans notre langue. Parfois, le soir, en rentrant de la grande école, je tente de lui faire la cuisine. Et quand j'oublie des ingrédients, il ramène en plus des yaourts au caramel qui fondent sur la langue. Je me fais un plaisir de m'habiller ou me déshabiller pour lui plaire, pour qu'il aime me regarder, pour qu'il m'embrasse encore et encore. Le matin, il dit que je me clipse dans ses bras et Dieu que j'aime ça les petits réveils au goût de ses lèvres moustachues.
A la soirée du m*n*st*r* vendredi, il n'y était pas. Je buvais des vins de toutes les couleurs et goûtais à des fromages délicieux avec ceux qui le voient tous les jours, tous les jours pour encore moins d'un mois. L'une me disait comme elle le trouvait brillant, expert, comme son sens de l'humour étonnait. Et quand je lui dis que je le trouve percutant, il ne comprend toujours pas pourquoi. J'ai trouvé parfois difficile d'être la nouvelle petite amie qu'on amène déjeuner en banlieue le dimanche midi, à d'autres moments, je ressentais simplement un sentiment d'appartenance. Simplement oui. Hier soir, avant le dîner chez A., il y en avait essentiellement pour moi, mon corps, ma peau et mes cris. Je suis partie vidée du studio de la Bastille, il portait les macarons et, comme à mon habitude, je glissais ma main dans sa poche, dans sa main, dans ses doigts.
Je suis la fille de Saint-Germain-des-Prés. Ce midi, au comptoir, nous prenions un sandwich aux rillettes d'oie comme généralement les jeudis et j'ai entendu cette voix familière avec qui j'aurais dû échanger plus formellement samedi. Peut-être un coup du destin si je croyais au destin. Il payait deux couverts et je n'ai rien osé. Ni bouger, ni parler, ni l'aborder. F.Z. m'aurait sûrement reconnue, nous aurions peut-être parler de sa dernière pièce, de son dernier roman que M. avait terminé la veille dans mon lit pendant que je lisais un document sur les isotopies et autres définitions sémiotiques. Avant de m'endormir tout contre son torse, sa peau, son odeur, son sexe, ses paupières que j'embrasse le matin pour qu'elles s'ouvrent le plus délicatement possible sous la commissures de mes lèvres qui lui appartiennent. Comme le reste de mon corps semble-t-il. Et si encore il ne s'agissait que de corps.

Ecrit par lilou, le Mardi 4 Décembre 2012, 00:13 dans la rubrique Au jour le jour.

Commentaires :

eveildessens
eveildessens
08-12-12 à 17:17

amour

Très heureux de vous lire à nouveau !

Quand l'absence de l'être aimé amplifie la proximité, dans les paroles d'autres personnes...


 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
16-12-12 à 23:48

Re: amour

Merci.
C'est ça. Il est comme tatoué.