*°*Lundi*°*

On avait choisi de traîner la maladie piétonnaire.

J'ai vu plein de choses, étonnantes, surprenantes, que mes yeux ont regardé à deux fois. J'ai oublié mon appareil... mais c'est mieux comme ça. Paris ce n'est pas comme chez moi. On ne peut pas sortir son appareil numérique sans risquer de se le faire voler dans le métro, sans avoir peur qu'en changeant de station les épaules qui tapent la votre ne vous bousculent un peu trop fort... et BAM... par terre. J'ai vu ce banc place de la Nation, il y avait des chaussures trouées à ces pieds et un vieux manteau caki troué dessus. Y'avait ce marchand de bonbons hors de prix à la sortie du métro. Mais je n'ai pas pû résister. Entre gris et graffitis Où s'enferme le quotidien Et des murs tellement petits Qu'on entend tout des voisins Avec pour seul vis-à-vis Des montagnes de parpaings Où déambule l'ennui Et se traînent des destins Le samedi après-midi Prendre des souterrains Aller voir où ça vit De l'autre côté. Il y avait toute cette peur de perdre quoi que ce soit. Il y avait tous ces yeux qui n'étaient pas posés sur moi. Il y avait toute cette hâte, cette précipitation. A peine les portes ouvertes, ils courent vers d'autres portes, ou vers une sortie qu'on met trois heures à trouver. Et se reposer un peu dans le RER, en gardant toujours une main sur son sac en bandoulière. Il y avait toutes ces rues qui ressemblent à des maisons d'enfants trop étroites pour y passer les mains. Il y avait ces regards vides dans le métro. Ils n'ont pas l'air heureux les Parisiens. Châtelet Châtelet les Halles Station balnéaire Mais où y a pas la mer Comme de banlieue la plage Voir un peu de bleu Échouer sa galère Marquer son passage Quand y a plus de repères Châtelet la fin du voyage.

 Y'en à de ceux qui vous expliquent les panneaux d'indication, y'en à d'autres qui vous regardent sans même vous regarder. Il y a tout ce changement auquel je vais avoir du mal à m'acclimater. Il n'y a pas cette verdure qui vous fait respirer la paquerette qui naît chaque printemps. Il n'y a pas ce ciel bleu qui donne envie de regarder au-dessus des étoiles. C'est pas ici Tahiti Mais c'est toujours mieux que rien Les baskets sur le parvis Ne vont jamais très loin. Il y a tous ces styles qui se mélangent, toutes ces couleurs qui s'entremêlent, et personne ne les regarde. Personne ne se rend compte que Paris pourrait-être une mine d'or... La ville artistique, Paris un joyeaux de la France...? Mais la vie parisienne change tellement de la mienne. Nous on prend le temps de vivre, de pleurer, de Danser, de rire, de s'en foutre du temps qui passe. Les plans dans tous les sens et on les retourne pour voir si c'est mieux comme ça. C'est étouffant. On ne peut pas respirer autour de tout ce stress. Comment vais-je faire pour suffoquer si longtemps? Et quand on a tourné pour prendre l'escalier gare de Lyon ou gare du Nord, je n'sais plus, en bas des marches larges, tous ces pieds qui gigottent, tous ces yeux endormis par ce cirque, c'était pire qu'une fourmilière géante. On y piétine les débris Et les abris clandestins Éprouvant même du mépris A ceux qui tendent la main De Harlem à Paris S'engouffrer dans un train Puis un couloir qu'on suit Ne pas aller plus loin.

Métropolitain, j'aime bien ce mot. Ca me fait penser aux cafés littéraires, à Vincent Delerm, aux petits kiosques en sortant du métro pour aller plus vite, aux monuments dont tout le monde parle, à Montmartre, à Amélie Poulain, à la bonne course, à tout ce qu'on n'a pas en Povince.

Et Paris ça rimait avec les grands concerts de Muse et les comédies musicales qui passent forcément par là. L'Opéra, et cette scène dont je rêve depuis toujours. Les petits cinémas des petites salles parisiennes, où les images sortent en noir et blanc sur l'écran. La Joconde qui à ce qu'il paraît est toute petite. Alors c'est ça Paris? Manger comme un pigeon (qui par ailleurs sont les seuls animaux que j'ai vu...).

Souffler très fort et se dire qu'il ya le studio assez clair qui rattrape le tout. Le poster du film qui est passé dans le petit cinéma il y a 4 mois accroché au mur. Près du lit une place. Ca fait un peu penser à moi. A mon monde.

"Prenez le temps d'aller vite" (juste slogan pour le TGV...)

Comme si on me donnait des coups de pieds au ventre et qu'il fallait quand même avancer. En marche avant cette fois. Enfin je crois.

En soufflant des nuages en l'air pour faire semblant d'être en hiver.