Le Vendredi 11 mars, j'écrivais Donne-moi des nouvelles de Nous.
Je n'en ai aucune depuis le 7 mars. Je vis juste un peu par procuration en regardant toutes les heures si tu ne m'as pas supprimé de FB et en passant en revue toutes les photos de ta page que tu n'actualises quasiment jamais.
Troisième boîtes de thé à la bergamote que je teste, et rien qu'à l'odeur, je sens que cette fois, je ne me suis pas trompée. Je crois que c'est celui qui se rapproche le plus de celui du Café de Flore. Tu vois, comme je suis pathétique a toujours revenir à cet après-midi de novembre, revenir à la bergamote, à toi. Je suis à deux doigts de mettre des sachets de thé partout entre mes vêtements, dans mes livres, pour que l'odeur se diffuse. Une vague odeur de toi. Une vague odeur qui me rappellerait comme c'était bien avec toi. Du moins un souvenir qui devrait être déjà trop lointain, et pourtant si proche de moi. Je t'adorais, je crois que je t'aime maintenant. Pas d'un amour amoureux. Enfin, quoique. Peut-être faudrait-il arrêter de se mentir, ça suffit. Mais je t'aime à chaque fois que j'écoute Dans la Merco benz, et Dieu sait que je la passe des centaines de fois dans la journée. Tous les jours je porte ton saphir et c'est un supplice de devoir l'enlever avant de dormir. Hier, j'ai fait du rangement et c'est fou ce qu'il reste de toi chez moi. Les bières belges que je t'avais offertes à Noël dans le frigo, un test VIH négatif et de plein d'autres chiffres que je ne comprends pas, ta brosse à dent à côté de la mienne -symbolique la brosse à dent-, ton T-shirt que je porte toutes les nuits jusqu'à ce qu'il devienne immettable, le truc pour faire des massages - un cadeau pour toi, mais pour moi en fait - le cendrier que je t'ai offert et que tu n'as pas voulu ramené chez toi par peur que ta mère devine que tu fumes beaucoup trop, ton manga préféré que je voie comme un gage de ton retour obligatoire sur ces lieux - tu ne pourrais pas t'en séparer -, et d'autres trucs, que je ne voie plus comme étant les tiens parce qu'ils font désormais, et ce depuis le début de l'année d'octobre, partie du décor. Et aujourd'hui, j'ai presque l'impression que c'est moi, qui fait partie du décor tant l'atmosphère est lourde dans cette pièce sans toi, sans ta vivacité, sans ta vitesse dans les mots, sans la fraîcheur de tes 19 ans qui, eux non plus, n'existent déjà plus. Eux non plus, parce que j'ose à peine croire que l'hiver est fini. Et l'hiver de cette année, c'était dans tes longs bras fins mon amoureux. Je t'aime, en vie, je t'aime. Oui, c'est bien ce que tu m'as prouvé, que j'étais vivante de mon cœur jusqu'à mon corps.
J'ai vu sur les photos, que tes cheveux avaient poussé mon bel amour. Il y a quelques jours j'ai changé les draps. Et j'ai mis les draps tachés de nos sangs. En espérant que personne d'autre que toi et moi ne dorment dedans. Et tu vois, avec mon sens de l'hospitalité, c'est déjà foiré. Et ça m'a déchiré qu'un autre que toi dorme dedans. Rassure-toi, ça n'est qu'un copain. Mais en serrant la couverture tricotée par ma grand-mère lorsque je m'endormais, je sentais péniblement que quelqu'un s'imposait dans nos draps.

Je roule en Merco, continuellement, sans arrêter le moteur, depuis que tu m'as laissé avec mon petit haut à fleurs aux motifs liberty devant la porte de chez moi. Tu es parti avant que l'hiver se termine, et tu ne sais pas comme j'ai eu froid la nuit, à ton départ - et ce n'est pas qu'à cause de la bouillote électrique en panne. Et maintenant, les débuts de soirée de printemps recommencent, comme chaque année, et les terrasses des cafés noirs sans sucre sont vides de toi. Tu manques, petit con de mes nuits sans sommeil.